Vanden Broele, de l’édition de niche aux plateformes de services

Spécialisées dans les ouvrages juridiques destinés aux collectivités locales, les Éditions Vanden Broele ont entamé leur virage digital en 2010. Aujourd’hui, elles développent un modèle original d’édition numérique de proximité, notamment grâce à des plateformes de services en ligne.

En 1957, Jacques Vanden Broele fonde une imprimerie à Bruges. Celle-ci se spécialise dans le service aux administrations locales. Par la suite, l’entreprise diversifie ses activités : une maison d’édition est créée en 1993 pour répondre au besoin d’information et de formation des pouvoirs locaux. En 1999, Tom Vanden Broele succède à son père. Il poursuit le développement du groupe auquel se greffe une agence de communication en 2005. Plus tard, une société de développement de logiciels viendra compléter l’ensemble. Aujourd’hui, Vanden Broele constitue donc un groupe familial composé de quatre entités : les imprimeries Vanden Broele Productions, les Éditions Vanden Broele, l’agence de communication Cayman et la société de développement de logiciels Novado.

Au sein du groupe, la maison d’édition se spécialise dans la publication d’ouvrages juridiques destinés aux pouvoirs locaux, comme les communes, les centres publics d’action sociale (CPAS), les zones de police ou les fabriques d’église, ainsi qu’aux administrations des services publics fédéraux (SPF). Il s’agit d’une activité de niche : les ouvrages sont tirés à 250 ou 300 exemplaires et 90% de la production est écoulée auprès d’abonnés. Désormais implantée à Bruges et à Braine l’Alleud, la maison est active sur tout le territoire belge et se compose donc de deux branches : l’une néerlandophone et l’autre francophone. La société occupe 24 employés et publie des ouvrages reliés ainsi que des ouvrages à feuillets mobiles, pour la plupart dans le cadre de collections thématiques, telles que Finances communales ou la Collection Orange qui traite des services à la population. En outre, des formations continuent d’être proposées aux clients.

Mutation digitale : un double basculement

En 2010, lorsque les éditions Vanden Broele entament leur virage digital, elles mettent en œuvre une stratégie fondée sur un double basculement : du papier vers le digital et du métier d’éditeur vers celui d’éditeur de logiciels. « Cette stratégie refuse de se cantonner à la conversion du catalogue de publications au format ePub et s’inscrit dans la continuité d’une offre de services déjà ancienne », nous explique Mathieu Roger, éditeur chez Vanden Broele. En effet, des mises à jour sur CD-Rom étaient déjà distribuées aux abonnés dans les années 1990.

Pour rester fidèles à cette tradition du service de proximité, les éditions Vanden Broele décident donc de développer des plateformes de services en ligne destinées à leurs abonnés. Il s’agit ainsi de maintenir un contact direct avec les clients et de continuer de travailler sans distributeur. Très vite, un site internet thématique est mis en place qui permet d’accéder, en complément des publications papier, à la législation utile à chaque service administratif. Par la suite, de nouvelles plateformes sont développées qui intègrent le contenu des livres papier, les codes de loi, les commentaires et la jurisprudence. « Nous travaillons sans sous-traitant, main dans la main avec notre société sœur Novado qui développe pour nous des interfaces numériques sur mesure », s’enthousiasme Mathieu Roger. Les plateformes peuvent ainsi s’adapter aux besoins des clients et permettre une grande réactivité : un dialogue se noue entre les auteurs et les utilisateurs.

logo Vanden Broele 2

Pour commercialiser cette nouvelle offre de services, les éditions Vanden Broele ont également fait le choix d’un modèle innovant. Alors que les publications papier faisaient l’objet d’une formule d’abonnement par titre où un seul exemplaire était livré à chaque abonné, l’abonnement aux plateformes digitales fonctionne par organisation avec un nombre d’utilisateurs illimité à prix fixe. En effet, pour Mathieu Roger :  » Une licence par utilisateur, comme le font d’autres éditeurs, ne correspondait pas à notre philosophie ! » Avec cette formule inhabituelle, l’éditeur souhaite promouvoir une  organisation du travail collaborative où l’information circule et se partage beaucoup plus librement.

Pour l’éditeur, ce nouveau modèle implique un changement de la relation à l’auteur. En effet, le rythme des mises à jours et le type de contenus à publier sont modifiés en profondeur. « Des publications de dix pages, qui n’auraient jamais vu le jour en version papier, sont fréquemment mises en ligne », nous explique Mathieu Roger. Ces changements ont nécessité la mise en place d’un nouveau système de rémunération des auteurs qui ne se base plus uniquement sur le nombre d’exemplaires écoulés. Un autre défi est lié au maintien d’une offre papier en parallèle à l’offre digitale, spécialement dans un contexte d’édition de niche où une cinquantaine d’irréductibles encore attachés au papier constitue une importante part de marché.

Quant au second basculement, du métier d’éditeur vers celui d’éditeur de logiciels, il a déjà donné lieu à de belles réussites, comme le développement d’un logiciel de comptabilité à destination des fabriques d’église ou de guichets électroniques pour les communes.

Olivier Patris

— Rédaction

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