Les journaux interactifs d’Harry Potter, bientôt une réalité ?

Des chercheurs de l’université de Surrey, au Royaume-Uni, travaillent actuellement sur le développement d’un nouveau type d’imprimé connecté. Le but sera de permettre au lecteur d’interagir avec des supports papier, dans la même idée que les portraits magiques de l’univers d’Harry Potter. 

Qui n’a pas rêvé de parcourir un journal au contenu interactif, comme la célèbre Gazette du sorcier (quotidien magique issu de l’univers d’Harry Potter) ? C’est à peu de choses près le projet du professeur David Frohlich, de l’université du Surrey au Royaume-Uni. Il a récemment reçu un financement d’1,17 million de livres (1,3 million d’euros) de la part de l’Engineering and Physical Sciences Research Council (Conseil de recherche en sciences physiques et ingénierie) pour encourager le développement de son travail.

Une nouvelle forme de papier connecté

Appelé Next generation paper, le projet a l’ambition de développer une nouvelle forme de papier connecté. Les lecteurs pourront obtenir des informations connexes sur les appareils numériques proches, juste en tournant une page ou en touchant la surface des documents papier, des photographies, posters ou livres. Cela pourrait mener à des documents interagissant avec leurs lecteurs et communiquant des informations, comme les portraits imaginaires d’Harry Potter, qui sont capables de parler et de se déplacer.

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L’idée d’un imprimé connecté n’est pas neuve ; plusieurs projets de ce type existent déjà, c’est par exemple le cas de SnapPress (dont nous vous parlions dans cet article), ou encore plus récemment du lancement d’un papier peint connecté chez Castorama (voir ce lien pour plus de détails). Cette technologie est en fait, dans sa plus simple expression, celle qui consiste à scanner un QR code avec son smartphone. Mais les projets actuels, comme celui de David Frohlich et son équipe, en multiplient les usages, s’inscrivant ainsi dans une tendance liant toujours plus papier et numérique (relire notre précédent article sur le sujet).

« Un marché de masse pour le papier nouvelle génération »

Là où le projet des chercheurs du Surrey se démarque, c’est qu’il tend vers une instrumentalisation du support papier en lui-même, avec des capteurs électroniques incrustés. Ces documents interactifs, présentés comme des hybrides entre informations imprimées et numériques, contiendraient des liens vers des clips vidéo, des enregistrements sonores ou de la musique qui se lancent automatiquement après certaines actions sur le support papier. Ils pourraient apparaître sur les télévisions, lecteurs de musique, smartphones, tablettes ou encore ordinateurs proches utilisant la technologie du projet.

 Comme le déclare le professeur David Frohlich dans un communiqué sur le site de l’université : « [n]ous prévoyons de donner au papier une toute nouvelle vie numérique. Des prototypes de papier interactifs existent depuis quelques temps, mais nous espérons que nos recherches aideront à créer un marché de masse pour le papier nouvelle génération au 21e siècle. » Il affirme par ailleurs que le projet créera de nouvelles opportunités pour l’économie du numérique. Les éditeurs seront ainsi en mesure d’ajouter de la valeur à leurs produits imprimés en les connectant avec des matériaux électroniques et les acteurs du numérique pourront utiliser le papier comme interface tangible pour leurs contenus.

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Des applications concrètes

Un certain nombre d’applications concrètes du projet sont déjà envisagées, notamment dans le domaine du tourisme. En effet, comme les voyageurs lisent déjà une combinaison d’informations imprimées et numériques (brochures de voyage, guides touristiques, applications pour smartphone, etc.), le papier connecté permettra de faire le lien entre ces différentes sources, facilitant ainsi le passage de l’une à l’autre. Beaucoup d’autres domaines pourraient bénéficier de cette technologie, comme celui de l’enseignement, avec des manuels scolaires connectés, ou encore la médecine, avec des dossiers papier liés à des données numériques. De manière plus générale, il sera possible pour tout un chacun d’« écrire » des documents interactifs, comme des livres photo avec des clips vidéo ou sonores associés.

Le projet Next Generation Paper sera donc au service de la facilité et de la rapidité d’accès à des informations supplémentaires, en créant un pont entre contenus physiques et numériques. Si l’on est encore loin des journaux interactifs d’Harry Potter, le développement du projet promet toutefois d’être très intéressant à suivre, et prouve une fois de plus que papier et numérique peuvent se combiner pour s’enrichir mutuellement.

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Raphaël Dahl

— Rédaction

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