« Le livre, laboratoire d’innovation(s) ? » – Retour sur la journée de réflexion interprofessionnelle du PILEn

Ce mardi 21 novembre se tenait le colloque annuel du PILEn. Cette année, le thème était axé sur les innovations et les révolutions dans le monde du livre. Attardons-nous quelques instants sur les pistes de réponses délivrées à propos des expectatives observées par les divers métiers de l’édition.

Ce n’est une surprise pour personne, le monde du livre est actuellement en véritable chamboulement. Les supports se développent de sorte que, par exemple, la réalité virtuelle accompagne désormais l’ouvrage papier.  En outre, les bases de données de livres sur mesure se multiplient, notamment dans le secteur scolaire, amenant les étudiants à créer leur propre ouvrage numérique ou papier, selon leurs besoins. L’intelligence artificielle permet quant à elle d’analyser des pratiques éditoriales et de lecture. Actuellement, la grande distribution participe aussi à cette expansion. Citons, par exemple, Librinova qui collabore avec Cultura grâce à son programme La boutique des Auteurs. Ajoutons également les abonnements, le Print on Demand (POD) et l’auto-édition, qui ne cessent de faire bouger les frontières de l’édition.

Quelles perspectives pour les métiers du livre ?

Une table ronde invitait divers intervenants de la chaîne du livre à exprimer leur point de vue sur la question. Bénédicte Dochain, directrice de la Bibliothèque Chiroux, estime que l’accompagnement au numérique doit d’abord se faire au sein des équipes de professionnels qui sont parfois réticentes à l’avènement de ces technologies, ces dernières pouvant chambouler la dynamique interne d’une organisation. Ensuite, l’accompagnement du public dans les nouveaux usages liés aux évolutions numériques doit se faire à deux niveaux :

  • Un accompagnement technique humain afin d’aider à l’intégration et à l’utilisation des données numériques. Quelle est la différence entre une tablette et une liseuse ? Quels sont leurs avantages ?
  • Un accompagnement technologique à distance en ce qui concerne le développement des bases de données en ligne.

Nicolas Rodelet, responsable du Labo de l’édition, observe les innovations dans le monde des start-ups de cette manière :

  • 1/3 des projets concerne des outils qui favorisent la conversion, des logiciels créés en fonction des besoins des acteurs de la chaîne de l’édition ;
  • 1/3 des projets s’intéresse au contenu d’édition à proprement parler ;
  • 1/3 des projets consiste en la création de plateformes d’édition, de réseaux sociaux, etc., toutes ces innovations mettant en lien divers acteurs de la chaîne.

Stéphanie Michaux, responsable des relations internationales avec les éditeurs à Bookchoice, que nous vous présentions dans cet article, explique que la concurrence de Netflix ou de Facebook n’est pas négligeable. Étant donné que la plateforme Bookchoice fonctionne comme un club littéraire, il est essentiel de ramener les gens à la lecture lorsqu’ils sont actifs sur des supports numériques. L’entreprise réfléchit constamment à de nouveaux moyens pour ce faire.

D’après Nina Stavisky, directrice commerciale de leslibraires.fr, l’innovation en librairie ne consiste plus uniquement à vendre des livres numériques, mais bien à se demander où se situe le client face à cette offre numérique. Qu’achète le client et sur quel support ? La problématique réside dans la médiation afin de rappeler aux usagers et aux clients que des informations sont disponibles en librairie. Le libraire qui connait personnellement son client devient l’outil de CRM (gestion de la relation client) le plus puissant.

Paola Stévenne, la présidente de la Scam que nous avions interviewée dans cet article, a quant à elle recueilli l’avis des auteurs sur cette problématique. Certains d’entre eux estiment que le numérique est positif à condition qu’un auteur possède déjà une communauté forte en ligne, sans quoi il se révèle inutile. Les auteurs jeunesse, quant à eux, observent une facilité d’accès à leur public. Pour les auteurs scientifiques se pose désormais la question de l’accessibilité, notamment pour les étudiants.

PILEn

Une rupture s’observe-t-elle entre les métiers du livre et les méthodes de travail ?

Le personnel doit évidemment être formé au numérique. Néanmoins, Benoit Dubois, président de l’ADEB, observe que ce n’est pas le support qui prime, mais bien le contenu. Cette constatation amène une révolution dans l’intellectuel des auteurs. D’après Paola Stévenne, tout auteur est en formation permanente, et cela n’a aucun lien avec le numérique. Toutefois, pour la présidente de la Scam, il est évident qu’un auteur produit une œuvre selon un support et les moyens économiques qu’il possède.

Les libraires et les bibliothécaires doivent se former aux mêmes usages. Effectivement, dès lors qu’ils proposent des livres numériques aux clients et aux usagers, ils doivent également être en mesure de les accompagner dans leur utilisation. Les équipes doivent donc se former à l’accompagnement des publics et non pas au métier, qui est déjà acquis pour la plupart.

Nous l’observons, les révolutions dans le monde du livre sont nombreuses et n’ont pas fini de se multiplier. L’ensemble des intervenants de la chaîne du livre sont désormais soucieux d’intégrer le numérique à leurs actions.

Iris Thunus

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— Rédaction

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