Blitab, l’innovante tablette adaptée aux malvoyants

Après vous avoir parlé du projet OPALINe il y a peu, nous vous présentons Blitab qui souhaite proposer une tablette adaptée aux besoins des aveugles et déficients visuels. Le nom de cette société tire son origine de la contraction des mots anglais « blind » (aveugle) et « tablet ». La particularité de cet appareil réside dans sa capacité à retranscrire l’information projetée par son écran tactile dans un affichage braille.

Blitab a été fondé en 2014 à Vienne par Kristina Tsvetanova et Slavi Slavev. Après plusieurs années d’expérimentation, ils en sont venus à proposer une tablette composée d’un écran tactile ainsi que d’une matrice de 14 lignes pour l’affichage braille de documents (pages web, applications, textes, etc.). Cette grille permet d’afficher 65 mots à la fois, au lieu de 4 à 5 maximum pour d’autres technologies, ainsi que des formes géométriques ou des plans. En termes d’autonomie, elle fonctionne 5 jours à raison de 8 heures par jour. L’intérêt d’une telle technologie réside dans sa capacité à améliorer de nombreux pans de la vie quotidienne des déficients visuels :

  • en matière d’éducation, un tel outil permettrait à l’enfant de très rapidement comprendre le visuel envoyé par le professeur. La tablette fonctionne en effet pour les informations textuelles, mais également non textuelles (carte du monde, formes, etc.). Auparavant, les ressources étaient rares et souvent onéreuses ;
  • elle donne un accès numérique en temps réel aux informations ;
  • seulement 1 % des livres publiés sont disponibles en braille, ce dispositif permettrait de donner accès à une littérature jusque-là indisponible ;
  • elle permettrait de lutter contre le chômage des personnes malvoyantes. En effet, 75 % des aveugles ou malvoyants sont au chômage. Un tel dispositif peut alors se révéler intéressant pour effectuer de nombreuses tâches ;
  • ce dispositif permettrait de lutter efficacement contre l’exclusion numérique et sociale des aveugles.

Blitab_fondateurs

Fonctionnement de Blitab

Dans son utilisation standard, plusieurs étapes sont suivies :

  • conversion du texte affiché à l’écran en braille ;
  • pression de la part de l’utilisateur sur un bouton situé sur la tablette ;
  • un actionneur micro-électromécanique situé sous chaque trou de l’afficheur permet de remonter une bulle ou de redescendre une bulle ;
  • pression sur le bouton pour afficher la page suivante.

Les points en braille sont soulevés grâce à un système pneumatique miniature. Ces tixels (pixels tactiles) apparaissent et disparaissent à mesure que le texte change. Cette nouvelle technologie se base sur un liquide qui permet de créer ces reliefs tactiles en braille. Blitab est sous Android et fonctionne grâce à deux modules : Talkback et BrailleBack (créés par Android) qui permettent respectivement la mise en accessibilité des applications à l’écran et l’interaction avec une page en utilisant le braille.

Blitab_tablette

À qui s’adresse cette technologie ?

Blitab offre une technologie innovante aux déficients visuels braillistes. Ceux-ci ne représentent que 10 % des malvoyants. Cette proportion est actuellement en diminution à cause des progrès effectués en reconnaissance de la parole ainsi qu’en synthèse de la parole. Il y a en tout 285 millions de malvoyants dans le monde. Jonathan Lazar, professeur d’informatique et de sciences de l’information à l’Université de Towson qui étudie l’accessibilité au web pour les personnes handicapées, estime que la disponibilité de Blitab pourrait motiver certains aveugles à apprendre le braille. Ceci serait notamment permis grâce au faible coût (500 $) de la tablette Blitab par rapport aux appareils existants. Il estime également que « sur le plan conceptuel, ce qu’ils essaient de faire est une excellente idée. S’ils peuvent le faire pour 500 $, serait-ce un pas de géant ? Absolument ». L’intérêt de l’initiative de Blitab est qu’elle peut tout à fait s’allier à la reconnaissance ainsi qu’à la synthèse de la parole.

Blitab propose une solution à de nombreux problèmes auxquels sont confrontés les déficients visuels. Cette innovation permet de faire avancer la technologie en offrant un produit relativement peu cher pour une utilité maximale. Les alternatives précédentes affichaient un débit de lecture en braille dérisoire, de l’ordre de 4 à 5 mots simultanément (n’espérez donc pas lire Les Misérables de Victor Hugo), et coûtaient des milliers de dollars. Il ne fait aucun doute que cette innovation devrait séduire de nombreux malvoyants.

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— Jean Cheramy

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