Entretien avec Vincent Demulière, fondateur de Quartier Libre

Les fondateurs de Quartier Libre seront présents au showcase du prochain colloque annuel du PILEn. Nous vous présentions ce projet innovant il y a quelques mois dans un premier article. Après quelques imprévus, l’équipe de Quartier Libre reprend en effet deux campagnes de financement depuis septembre, dont une a déjà atteint 50 % du montant visé. Une fois les sommes atteintes, ce lieu.n du li(v)re 4.0 pourra se mettre en place étape par étape.

Lettres Numériques : Pourriez-vous vous présenter vous et votre équipe à nos lecteurs ? Comment est né ce projet d’un nouveau lieu du li(v)re ?

Vincent Demulière : mon expérience professionnelle s’est construite dans le management de librairies indépendantes en France, mais j’ai quitté ce domaine il y a maintenant une dizaine d’années. Nous commencions à ressentir les effets de l’e-commerce et mes questionnements sur le digital et les ebooks sont alors arrivés. Au fil de mes rencontres et de mes interrogations, j’ai côtoyé des personnes qui avaient des compétences techniques autour du livre. J’ai également participé au cluster 4ePub et j’ai découvert le monde du numérique. J’ai donc orienté la suite de ma carrière vers ces deux univers, le monde du livre et celui du digital.

L’équipe des fondateurs représente ces personnes qui, à un moment donné, ont alimenté ma réflexion sur Quartier Libre, qui sera avant tout un lieu du livre et plus forcément une simple librairie :

  • Philippe dirige la société de production Gala Média à Montréal. Il s’occupe principalement de l’expertise média ;
  • Bernard est un informaticien passionné du livre, il a créé des entreprises dans le monde de l’informatique et il est à l’origine du cluster 4ePub sur l’ebook ;
  • Bertrand supervisera les animations et les ateliers, il a été président de nombreuses associations culturelles.

Nous avons assemblé nos expertises dans le management, le commerce, les métiers du livre, l’informatique et les médias et ils m’ont apporté beaucoup d’idées pour poser les fondements du projet. Je vois cette librairie comme un agora, c’est-à-dire un espace composé de livres, mais aussi de pensées et de création, un lieu d’échange.

Comment le projet a-t-il évolué au cours de ces derniers mois ?

Le projet a dû être suspendu pendant quelques mois en raison d’un timing différent entre la plateforme de levée de fonds et la disponibilité du local commercial. La levée s’est donc arrêtée. Nous avons pris le temps, cet été, de réorganiser les choses afin de redémarrer sur de nouvelles bases en septembre.

Depuis septembre, nous avons aussi retravaillé notre communication et refait entièrement le site web. Nous avons revu l’ensemble de nos partenaires pour leur confirmer notre motivation à poursuivre ce challenge. Tout s’est bien passé jusqu’ici et nous sommes prêts à ouvrir Quartier Libre, il ne manque plus que le montant complet de la campagne de financement.

À la suite des premiers retours obtenus, nous avons également divisé notre campagne de financement en deux modes : l’investissement et le soutien. Aujourd’hui, vous pouvez devenir coopérateur à partir d’une part sociale (100 €) et nous avons créé la possibilité, pour ceux qui n’avaient pas envie de devenir coopérateurs, mais bien celle de nous soutenir, de donner un montant au choix à partir de 5 € via une page de crowdfunding sur KissKissBankBank. À noter que les investisseurs bénéficient de 45 % de taxshelter (réduction d’impôt) sur le montant investi en tant que Belges et 18 % en tant que Français.

Quartier Libre_logo

Quelles sont les prochaines étapes prévues pour les mois à venir ?

Sur la page du crowdfunding, nous avons défini trois priorités et donc trois étapes pour l’utilisation de la somme collectée :

  • la priorité est de proposer un site web de vente de livres en ligne afin d’avoir une première source de revenus ;
  • nous passerons ensuite dans un second temps à la création d’une maison d’édition ;
  • la troisième étape sera de se procurer le matériel nécessaire pour équiper l’infrastructure du MediaLab et produire des contenus de communication et de marketing.

Une fois notre investissement total obtenu, nous pourrons aménager le lieu que nous aurons trouvé à Bruxelles.

Quartier Libre fait la part belle aux nouvelles technologies. Comment peut-on utiliser au mieux le numérique en tant que libraire, selon vous ?

Je n’ai jamais abordé le métier de libraire à travers l’objet livre, mais par le contenu du livre. De nos jours, ce contenu peut se diversifier et être placé dans un livre papier, dans un ebook ou dans un audiobook. Rester sur le livre papier ne me semble pas être la bonne stratégie. Quartier Libre embrasse l’ensemble des domaines et des supports dans le domaine du livre et de la création littéraire. Si la vente de livres papier reste très importante, nous nous destinons aussi à vendre de l’ebook, du streaming, de l’audio, etc. Notre objectif est de vendre des histoires et des contenus avant tout, sous toutes leurs formes, et même de les produire sur place grâce à un robot-imprimeur.

D’autre part, le libraire pensait avoir le monopole du conseil, mais d’autres personnes ont pris la parole, comme les booktubeurs et les bookstagrammeurs. Avec ce projet, j’aimerais aussi pouvoir convaincre des influenceurs de venir partager leurs expériences dans notre lieu, au-delà des réseaux sociaux.

Notre maison d’édition pourra utiliser l’interview de l’un de ses auteurs pour un partage sur les réseaux sociaux ou bien comme contenu exclusif d’un livre numérique à publier. Nos projets éditoriaux se construiront donc aussi en fonction des contenus de communication que nous pourrons créer sur place, tout sera lié.

Il y aura une dimension culturelle et sociale importante dans ce projet, ça ne sera pas seulement un commerce. Nous souhaitons démontrer que l’écriture et la lecture peuvent s’intégrer à l’ère du 4.0 et convaincre les jeunes d’explorer ces nouvelles possibilités autour de la littérature.

Cliquez ici pour une présentation du projet en vidéo.

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— Cynthia Prévot

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