Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque

Des solutions pour adapter les bibliothèques aux nouveaux outils numériques sont discutées dans l’ouvrage collectif Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque dirigé par Frank Queyraud et paru en décembre 2019 aux Presses universitaires de l’ENSSIB. Lettres Numériques revient sur cette parution offrant une réflexion sur la possibilité et les difficultés d’archiver et de rendre accessibles les productions humaines numériques.

Avec l’avènement du Web 2.0, tout utilisateur, aussi novice soit-il, peut désormais s’approprier facilement les outils d’Internet. L’apparition de ces moyens numériques ultra-modernes mène inévitablement à une évolution de notre manière de lire, écrire et publier. Les auteurs et bibliothécaires doivent dès lors faire face à de nouveaux enjeux pour se renouveler et s’adapter à cette transition. Le livre Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque tente de répondre à ces questions en nous faisant découvrir les différentes formes de narration issues du Web.

Spécificités du Web littéraire

Le Web littéraire ne dispose pas du même circuit ni des obligations caractéristiques du mode de publication classique. En effet, les étapes de publication sont considérablement réduites lorsqu’on communique ses écrits sur Internet : le lecteur peut y accéder directement, et le processus de publication devient quasi instantané.

De plus, c’est l’écriture elle-même qui connaît un changement dans sa forme : désormais, chacun peut s’exprimer textuellement, ayant à disposition des outils web inédits permettant de le faire. Le traitement de texte, les outils de prédiction et de génération automatique facilitent la mise en forme et permettent de modifier des textes à l’infini, changeant ainsi la manière de travailler des auteurs.

À la suite de la démultiplication des nouvelles formes et supports de publication sur le Web, les auteurs peuvent aussi explorer des possibilités inaccessibles dans le circuit classique. Le phénomène de l’autoédition démontre bien cette transformation de l’écriture à l’ère du numérique.

De nouveaux défis sont introduits par cette évolution technologique, comme celui de la dématérialisation des supports. En effet, le modèle du téléchargement a été supplanté par celui du streaming, qui s’applique désormais à tout contenu numérique (musique, vidéo, livres, jeux, etc.).

Comment conserver et archiver toutes ces productions humaines numériques pour les transmettre aux générations futures ?

Dans un contexte de technologies mouvantes, les contenus et sites web peuvent disparaître aussi rapidement qu’ils ont été créés, les liens ayant une durée de vie limitée. Après un certain temps, il est difficile de retrouver une source dans les méandres d’Internet. Avec l’évolution du Web, certains formats deviennent également illisibles, rendant la conservation de chaque élément presque impossible.

Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque cherche des solutions à tous ces nouveaux défis engendrés par le Web 2.0, avec l’intervention de nombreux professionnels et chercheurs. Il s’agit de donner de nouvelles pistes aux bibliothécaires afin que ceux-ci s’adaptent à l’ère numérique en proposant des collections physiques de produits numériques, par exemple. Le livre s’interroge sur la manière d’introduire ces nouvelles formes aux usagers des bibliothèques ainsi qu’aux bibliothécaires, ayant généralement des difficultés à imaginer un livre numérique non homothétique.

Le rôle des bibliothèques ainsi que leurs difficultés contemporaines liées à l’achat d’œuvres scientifiques sont également remis en cause dans cet ouvrage. En effet, selon Frank Queyraud, les bibliothèques n’ont pas de budgets extensibles, et ne sont plus en phase pour acheter ni proposer des contenus dématérialisés. L’auteur prône le droit de prêt du livre numérique, qui rendrait aux bibliothèques leur ancien rôle de gardiennes de la mémoire, avec accès aux ressources pour tous, contrairement à maintenant où ces savoirs se retrouvent souvent aux mains d’opérateurs privés.

Le rôle ancestral des bibliothèques s’étale de la conservation à la diffusion des savoirs. Au niveau de la médiation, celles-ci doivent également faire face à une adaptation de leurs activités à ces nouvelles formes de création littéraire. Selon Frank Queyraud, tout reste à inventer, même si les projets pour conserver la mémoire du monde ne manquent pas.

Le livre Connaître et valoriser la création littéraire numérique en bibliothèque est disponible depuis le 12 décembre 2019 sur le site des presses de l’ENSSIB. Il est accompagné d’un site, La création littéraire numérique, réalisé par Frank Queyraud en collaboration avec Pierre Ménard, qui comporte une sélection de sites et d’œuvres proposées par les seize auteurs de l’ouvrage collectif.

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— Karolina Parzonko

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