Comment se former en édition numérique à l’université ?

Le numérique ne cesse de transformer en profondeur les métiers du livre, mais qu’en est-il de la formation des futurs éditeurs ? Les masters universitaires propres aux métiers du livre prennent-ils en compte ces évolutions ?

Le secteur de l’édition en France représente 10 000 salariés – la Belgique en dénombre à peu près 570 toutes catégories confondues*, qui comptent des métiers et des profils extrêmement différents (assistant d’édition, éditeur, directeur de collection, directeur éditorial, chef de produit, responsable marketing et communication, webdéveloppeur, webdesigner, maquettiste,  IT…). Une grande majorité d’entre eux ont suivi des formations en relation avec les métiers du livre, bien que certaines spécialisations autres permettent de s’y introduire (par exemple le droit, le marketing ou les métiers de l’informatique).

Cependant tous ces métiers se trouvent confrontés à la révolution numérique et aux transformations qu’elle implique comme nous l’avons abordé la semaine passée. Nombreux sont ceux qui se forment alors sur le tas pour être capables de présenter une offre numérique digne de ce nom. Mais qu’en est-il des formations aux métiers du livre ?

Il s’avère que peu de Masters en édition présentent un programme traitant véritablement la problématique du livre numérique. On en compte moins d’une dizaine en France et aucun consacré spécifiquement au numérique en Belgique, où les universités francophones disposent chacune d’un cursus consacré aux métiers du livre**, même si de nombreux projets de fin d’étude (mémoires) abordent ce sujet.

Les plus réputées de ces formations universitaires sont le Master 2 de Paris XIII (en partenariat avec Paris VIII) de « Création et Edition numérique » (UFR des Sciences de la communication Villetaneuse) et le Master spécialisé en « Management de l’édition » conduit par l’ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris) et l’Asfored (Centre de formation du syndicat national de l’édition).

Le Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance propose également un Master « Patrimoine écrit et édition numérique », et il existe un Master « Édition contemporaine et numérique » à l’Université de Bretagne Sud. L’université de Paris-Est Marne-La-Vallée donne aussi la possibilité de suivre un Master « Edition, livre et multimédia », mais qui ne se concentre pas exclusivement sur le livre numérique. Enfin l’université de Paris 13 propose un Master « Commercialisation du livre » qui aborde la question de la commercialisation des ebooks.

Par ailleurs, l’IUT de la Roche sur Yon de l’Université de Nantes propose une licence professionnalisante qui forme des professionnels associant la maîtrise des NTIC à la culture générale nécessaire pour exercer dans les métiers de l’édition. Elle débouche sur les métiers suivants : assistant éditorial, créateur de supports de communication visuelle, graphiste, infographiste, concepteur et réalisateur de produits multimédias.

Les réponses des universités aux nouveaux besoins posés par le numérique sont donc relativement restreintes, même si de plus en plus de Masters intègrent à leurs programmes des cours et séminaires autour de cette question. Une autre ressource existe cependant, les stages, qui permettent aux acteurs des métiers du livre de se former efficacement.

Pour les professionnels, l’Asfored propose également de nombreuses formations sur l’édition numérique telles que L’Edition numérique et le droit, Les fondamentaux de l’édition numérique, Numériser un fonds éditorial. C’est également en partenariat avec l’Asfored que sont organisées les formations proposées par le PILEn (complètes pour le moment, un nouveau cycle devrait avoir lieu prochainement).

Par ailleurs, le Service de la lecture publique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et ses partenaires, les bibliothèques centrales, proposent déjà aux bibliothécaires, depuis quelque temps, des formations en matière de numérique, notamment au Community management, à l’utilisation de liseuses de livres numériques, au screencast (capture vidéo sur le Web), etc. Vous trouverez leur programme complet sur le site des bibliothèques publiques.

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* A noter qu’il s’agit ici de chiffres approximatifs fournis par l’ADEB comprenant les employés temps-plein, les employés temps partiel, les intérimaires et les stagiaires et qui ne concernent que 24 de ses éditeurs-membres. Le sondage de l’an prochain tentera de préciser ces résultats.

** L’Université de Liège organise depuis deux ans, un cours de 30 heures intitulé Aspects de l’édition numérique, lequel doit être suivi par tous les étudiants inscrits au Master en Information et Communication à finalité spécialisée en médiation culturelle et métiers du livre. Merci à Tanguy Habrand pour la précision.

— Stéphanie Michaux