Brésil: présent et futur de l’édition

Invité d’honneur de la dernière Foire du Livre de Frankfurt, le Brésil grandit en importance sur le marché actuel et futur de l’édition. Longtemps condamné par une période de sous-développement structurel qui a étouffé l’Amérique latine, le pays a connu une évolution majeure ces quinze dernières années. Selon une étude de l’International Publishers Association (IPA), le Brésil est déjà le neuvième plus grand marché de l’édition dans le monde.

Désormais, le Brésil est un pays prêt à valoriser son identité et à impliquer sa population dans la préservation de sa culture et son processus de création.

Avec une population de plus de 200 millions, le pays bénéficie d’une croissance économique extrêmement forte. « Si la classe moyenne au Brésil représentait  66 millions en 2003, elle devrait réunir 118 millions de personnes en 2014« , souligne Sergio Davila, éditeur exécutif du quotidien national Folha. La numérisation n’échappe pas à cette évolution de la société brésilienne : « sur 243 millions de possesseurs de téléphones, 41 millions ont la 3G. Et l’accès à la 3G a progressé de 99,3% en 2011« , ajoute Davila.

Dans une économie solide, avec une masse latente de lecteurs, l’occasion ne pouvait mieux se présenter.

Les ventes de droits ont augmenté de $495.000 en 2010 à 1.2 millions de dollars en 2012. Cela représente une augmentation de 143% en seulement deux ans. Tous les livres sous droits disponibles pour l’étranger sont répertoriés dans le Brazilian Books and Rights Catalogue 2013, distribué aux éditeurs internationaux. Cette publication est éditée par Brazilian Publishers (BP), qui rassemble les éditeurs nationaux intéressés à explorer de nouveaux marchés.

Mais ne vous inquiétez pas si aucun auteur brésilien ne vous vient à l’esprit (exception faite de Paulo Coelho). Voici quelques-uns des écrivains brésiliens contemporains qui sont les plus familiers aux publics étrangers : Patricia Melo (Ô matador), Bernardo Carvalho (Nove Noites), Milton Hatoum (Orphelins de l’Eldorado) et Paulo Lins (auteur du roman Cidade de Deus, adapté postérieurement dans le film La Cité de Dieu).

Nielsen, entreprise spécialisée dans les études, notamment sur le marché du livre via leur service BookScan, a commencé, depuis juillet 2013, à inclure une analyse statistique régulière et quantifiable du marché brésilien. Gerson Ramos, expert consultant du monde de l’édition, applaudit l’initiative de Nielsen qui, selon lui, arrive au meilleur moment : « le Brésil démontre la force de sa littérature en même temps qu’il divulgue des données détaillées qui permettent une meilleure compréhension de son industrie du livre, en répondant aux questions comment, à quel prix, où et quand. »

Une industrie non méprisable qui publie quelque 57.000 nouveaux titres par an, selon l’enquête « Production et Vente de l’Industrie éditoriale brésilienne », réalisée en 2013 par trois institutions officielles.

Mais, plus intéressant encore,  en observant un peu plus en profondeur l’analyse de Nielsen BookScan, on constate que, des 100.000 titres les plus vendus au Brésil au cours des trois derniers mois, les livres importés représentent près de 5% de toutes les ventes comptabilisés. En extrapolant ces données, les éditeurs étrangers pourraient être considérés comme le cinquième plus grand groupe d’édition au Brésil.

Évidemment, les grands acteurs étrangers n’ont pas perdu cette évolution de vue et se sont implantés rapidement dans le pays : on retrouve donc Google Play et iTunes, les plus plébiscités, ainsi que Kobo, qui a conclu une alliance locale avec Librara Cultura, et Amazon. La concurrence est donc rude, mais les plateformes brésiliennes, comme Gato Sabido, Saraiva ou BajaLibros s’en sortent visiblement très bien.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional