Alexandre Lemaire, Partie 2 : « L’évolution des métadonnées contribue à l’enrichissement des catalogues de bibliothèque. »
Comme nous vous l’avions annoncé, voici la suite de l’interview d’Alexandre Lemaire, à propos de l’évolution des métadonnées dans les bibliothèques.
Pensez-vous qu’il est possible d’envisager un partage des fichiers onix des éditeurs aux bibliothécaires afin de faciliter l’élaboration des métadonnées bibliographiques ?
Il est certain que les métadonnées onix des éditeurs intéressent les bibliothèques mais ces fichiers rendent compliquée la mise en place du modèle FRBR. Il existe un écart entre la visée plutôt commerciale des métadonnées onix et les métadonnées utilisées par les bibliothécaires. Le partage de fichiers onix se fait plutôt entre l’éditeur et le libraire. Il y a un pas qui a été fait dans la bonne direction car ce format est très souple mais il a ses limites et il faudrait aller plus loin, notamment pour permettre la construction d’une structure de données selon le modèle FRBR à l’arrivée.
Quels sont les avantages des évolutions des métadonnées pour les usagers et les bibliothèques ?
Les besoins des usagers sont à l’origine de FRBR, développé dans l’optique de permettre à ces derniers de trouver des références de documents susceptibles de répondre à leurs attentes, d’identifier la pertinence des résultats obtenus, de sélectionner ces résultats pertinents et de se procurer les documents correspondants. Il s’agit de faciliter les recherches de l’usager en structurant les données selon un schéma davantage en adéquation avec les besoins des usagers mais aussi de leur permettre de découvrir tous les aspects d’une œuvre et de son auteur grâce à l’effet de réseau développé par le Web sémantique.
Illustration du fonctionnement du Web sémantique
Pour les bibliothèques, ces évolutions impliquent un enrichissement considérable de leurs catalogues grâce aux données liées. Le Web sémantique est transversal aux métiers, car il recourt à un langage commun compris par le conservateur, l’archiviste et le bibliothécaire. Il constitue donc un trait d’union qui procède au décloisonnement des domaines de ces différents acteurs.
Face à ces évolutions, comment réagissent les bibliothécaires ? Des formations sont-elles mises en place pour faciliter l’utilisation des nouveaux modèles de métadonnées ?
Le FRBR existe depuis 1995 mais cela fait seulement 4 ou 5 ans qu’il est utilisé dans les bibliothèques. Nous observons une certaine résistance de la part des bibliothécaires car il s’agit d’évolutions culturelles non négligeables. Pour que les choses avancent, il faut que s’opèrent deux changements conséquents non seulement du côté des mentalités, pour les bibliothécaires, mais aussi de la technique, en ce qui concerne les éditeurs de logiciels de gestion de catalogue. Dans l’avenir, devrait s’avérer centrale la question de l’alignement entre les outils des éditeurs de logiciels et les nouveaux besoins des bibliothèques. Pour bien faire, il faudrait intégrer ces nouvelles structures de métadonnées dès le départ, à la fois du côté des éditeurs de logiciels et du côté des éditeurs, mais cela reste compliqué. Nous en sommes bien au stade de l’information et de la persuasion mais pas encore de la formation. Il reste également, et c’est fondamental, à convaincre les hiérarchies des instances concernées de l’intérêt de ces nouveaux modèles pour les usagers.
Propos recueillis par Gaëlle Noëson
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— Gaëlle Noëson