Apple se lance dans l’édition de contenus exclusifs en romance
L’information vient de tomber : Apple a annoncé la création de sa maison d’édition lors de sa dernière conférence WWDC. Sous le nom d’iBooks Editions, la marque à la pomme propose une collection de titres dans le genre de la romance. Lettres Numériques s’y est intéressé d’un peu plus près.
Des contenus « uniques »
En matière d’ebook, Apple vient de commencer une nouvelle aventure. Après le développement voici quelques années d’une plateforme d’autoédition, iBooks Author, le géant américain se dote aujourd’hui de sa propre maison d’édition : iBooks Editions. Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle fonctionnalité technique de l’application iBooks, mais du développement d’un panel d’ouvrages de romance aux contenus exclusifs. Qu’est-ce que cela signifie ? Que les livres proposés contiennent des « bonus » qui ne sont pas disponibles ailleurs, chez leurs concurrents notamment. D’après la multinationale, ces contenus « extra » consistent en des scènes supplémentaires ou encore en des propositions de prolongement de l’histoire. Pour l’instant, le catalogue d’iBooks Editions n’est disponible que via le site américain de l’App Store et compte une vingtaine de titres, dont le prix varie entre 3 et 5 dollars, s’ils ne sont pas gratuits.
Et Amazon ?
Apple n’est pas le premier à se lancer dans l’édition. Amazon propose également une offre en la matière, avec, tout d’abord, Amazon Publishing, la maison d’édition du groupe, qui se décline en une série de collections. La marque dit assurer un travail éditorial sur des livres qu’elle publie pour l’instant uniquement sur sa plateforme. Elle se distingue d’iBooks Editions en proposant une variété de collections et un contenu inédit. Amazon propose ensuite Kindle Direct Publishing, son service d’autoédition gratuit grâce auquel tout un chacun peut publier son livre au format papier ou numérique en quelques clics. Cette formule est comparable à celle fournie par l’application iBooks Author d’Apple, qui est un outil de création d’ebooks uniquement.
De l’édition, vraiment ?
Mais si ces grosses machines décident de se consacrer à l’édition, exercent-elles réellement le métier d’éditeur ? On peut se montrer sceptique lorsque l’on observe l’offre d’Apple avec iBooks Editions. La marque reprend en fait les titres de romance qui sont les plus plébiscités, dont les auteurs sont indépendants et possèdent déjà un large lectorat, et y ajoute du contenu. On peut donc se demander si ces grandes entreprises effectuent un vrai travail éditorial puisqu’elles ne jouissent pas forcément de la même expertise qu’un véritable acteur de ce métier de tradition, où le contact et le suivi des auteurs est primordial. Et quels services fournissent-ils ? S’ils représentent une véritable aide à la publication et offrent une visibilité aux auteurs peu voire pas connus, leur intervention s’arrête ensuite. Par ailleurs, avec la grande diversité des offres actuelles, les frontières entre les diverses possibilités d’édition (à compte d’éditeur, à compte d’auteur ou autoédition) et entre les services assurés dans un cas de figure ou l’autre (relecture, publication, publicité) deviennent moins nettes, comme nous l’évoquions dans un article précédent.
Les librairies se spécialisent
Les librairies en ligne suivent elles aussi le mouvement et s’adaptent pour proposer des titres qui sont populaires en numérique. Ces ouvrages se retrouvent surtout dans les genres de la paralittérature, comme la romance, la fantasy ou le polar. Nous avions abordé la question dans cet article. Les différentes plateformes de vente sur Internet organisent la présentation de leur offre en accordant une belle place à ces nouveaux genres et en facilitent l’accès pour leurs nombreux lecteurs. Certaines se spécialisent même uniquement dans la romance, comme All Romance Ebooks ou Clear Passion, car ce genre est en vogue actuellement et recouvre toute une série de sous-catégories et d’auteurs très proches de leur lectorat. C’est sans doute pour surfer lui aussi sur ce succès qu’Apple a lancé iBooks Editions.
Si l’idée de republication d’un contenu n’est pas très innovante, pensons notamment aux nombreuses rééditions augmentées d’ouvrages, l’initiative d’Apple reste intéressante dans une optique de valorisation. Mais on peut se demander pourquoi elle se consacre uniquement à une catégorie qui est déjà en tête des ventes, alors qu’elle pourrait servir à mettre en valeur d’autres publications dans des domaines moins séduisants, comme l’histoire ou la pédagogie. Peut-être Apple souhaite-t-il d’abord tester son concept ? Affaire à suivre…
Loanna Pazzaglia
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— Rédaction