Rencontre avec Isako, spécialiste en conversion et structuration de contenus éditoriaux

La production d’ebooks nécessite du temps et des compétences dont les maisons d’édition ne disposent pas forcément. Celles-ci font donc généralement appel à des prestataires externes, telles qu’Isako, entreprise française de production de fichiers numériques créée il y a maintenant 15 ans. Cette semaine, Lettres Numériques est allé à la rencontre de l’un de ses co-fondateurs, Shalev Vayness.

isako

Pourriez-vous résumer rapidement ce qui vous a amené à fonder Isako ? Quels sont vos clients principaux ?

J’ai co-fondé Isako il y a quinze ans avec Frédéric Pierrat. Nous nous sommes rencontrés il y a vingt ans alors que nous travaillions dans une maison d’édition. Frédéric est notre directeur technique, un rôle clé pour une société comme la nôtre. De mon côté, je m’occupe plutôt de l’aspect commercial.

Nous numérisons uniquement du contenu éditorial. Nous travaillons avec une cinquantaine d’éditeurs environ, parmi lesquels Actes Sud, Eyrolls, Gründ ou encore Gallimard et L’école des loisirs. Si ces éditeurs publient des contenus différents les uns des autres, ils partagent tous un point commun : la qualité qu’ils accordent à leurs livres. Nous travaillons également avec les bibliothèques et avec Cairn pour qui nous livrons le XML au format Érudit.

Notre équipe est composée de 9 personnes, toutes expérimentées en production numérique. Nous mettons un point d’honneur à produire tous nos fichiers en interne, nous ne faisons aucune sous-traitance.

Quelles sont les offres que vous proposez ?

D’une part nous prenons en charge la production d’ebooks pour les éditeurs. Nous fournissons plusieurs formats, ePub 2, ePub 3, XML… Depuis peu, nous livrons également le XML pour le format DAISY, Digital Accessible Information System (relire notre article sur le sujet), car nous sommes très investis dans l’accessibilité et nous voulons permettre aux éditeurs de fournir les meilleurs fichiers possibles aux associations pour malvoyants. C’est un service que nous proposons gratuitement.

Nous avons développé un savoir-faire important en matière de fixed-layout. En effet, nous pouvons enrichir l’ebook de sons, vidéos, voire même d’animations, auquel cas nous confions cette partie à un partenaire spécialisé dans le domaine.

En revanche, nous n’offrons pas de services de distribution, notre offre est entièrement dédiée à la production de fichiers.

Aujourd’hui, voici les trois éléments dont nos clients sont le plus satisfaits :

  • la qualité des fichiers que nous produisons ;
  • notre réactivité ;
  • le respect des délais.

Vous avez également mis au point votre propre logiciel de conversion. Le proposez-vous aux éditeurs ?

Non, nous licencions notre logiciel à d’autres prestataires techniques. Nous pourrions le vendre aux éditeurs mais cela nécessite des connaissances assez techniques dont les éditeurs ne disposent pas nécessairement. En revanche, nous utilisons notre logiciel pour les fichiers que nous convertissons, ce qui nous permet de l’évaluer en permanence et de constater nous-mêmes les différentes possibilités d’amélioration.

Comment procédez-vous pour la numérisation ?

On part du PDF imprimeur puis on passe par un XML interne à notre système, très détaillé. Si l’éditeur veut un XML éditorial, nous le lui livrons en même temps que l’ePub. La rétroconversion représente actuellement notre plus grande activité.

Parallèlement, nous proposons également ICS, une solution d’océrisation. Celle-ci se base sur la technologie ABBY, l’une des plus reconnues sur le marché. ICS permet de traiter de nombreuses langues, y compris l’ancien français.

Nous effectuons un contrôle qualité très poussé sur les formats de sortie. Celui-ci représente 50 % de notre temps de production et implique une comparaison page par page. En effet, chaque livre est différent et aucun système ne peut tout effectuer par magie.

Combien de temps prenez-vous pour produire un livre numérique ?

Tout dépend bien entendu de la taille et de la complexité du livre en question. Pour donner un exemple, un roman simple de 300 pages représente environ entre 3 et 4 heures de travail humain. Nous livrons généralement nos fichiers en l’espace de quelques jours mais il n’est pas rare que nous recevions des demandes urgentes. Dans ce cas, nous pouvons livrer en quelques heures.

Comment vos éditeurs perçoivent-ils le numérique actuellement ?

Certains de nos éditeurs croient beaucoup au numérique tandis que d’autres regardent les réalités économiques. Dans tous les cas, la demande augmente. Il est aujourd’hui évident pour les éditeurs que le numérique est là pour rester et qu’ils ne peuvent pas ne pas y être car quelqu’un d’autre y sera à leur place. Il est de plus en plus rare que des éditeurs refusent catégoriquement d’être en numérique.

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional