« L’évolution de la lecture à l’époque de la digitalisation » présentation de l’article
Il y a quelques semaines, nous évoquions ici la COST ACTION E-READ qui met en lumière et en relation les différents chercheurs en numérisation de la lecture et leurs travaux. Le premier article que vous voulions mettre en avant est celui d’Anne Mangen, professeure à l’Université de Stanvangen en Norvège et Chair de la COST ACTION et d’Adriaan van der Weel, vice-Chair et professeur à l’Université de Leiden aux Pays-Bas.
Cet article (The evolution of reading in the age of digitalization) propose un modèle transdisciplinaire pour l’étude de la lecture intégrée qui va tenir compte des aspects psychologiques, ergonomiques, technologiques, sociaux, culturels et évolutifs de la lecture à l’ère de la digitalisation. Ce modèle se présente selon deux axes, le premier axe vise à proposer une explication du concept puisqu’il va intégrer les connaissances existantes sur le sujet, le second axe se veut exploratoire, il va, en effet, pointer les différentes zones qui n’ont pas encore été étudiées et qui manquent pour proposer des résultats complets.
La première constatation est liée au fait qu’actuellement, la lecture s’est délogée de ses supports traditionnels pour migrer vers un nombre indéfinissable de modalités et de médias différents (réseaux sociaux, blogs, …) De cette manière, l’étude de la litératie (l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités) semble ne plus suffire pour expliquer le phénomène, c’est donc la raison pour laquelle on se dirige davantage vers les concepts de littératie numérique (la littératie numérique correspond à la maitrise de savoirs, de capacités et d’attitudes propres au domaine des technologies numériques (ordinateurs, tablettes, smartphones) et translittératie ( la capacité de lire, écrire et interagir grâce à une variété de plateformes, d’outils et de moyens de communication comme l’écriture, la télévision, la radio, les réseaux sociaux…).
Ainsi, l’utilisation de ces nouveaux concepts entraine une série de nouvelles interrogations du type : quelles sont les nouvelles exigences en termes d’alphabétisation ? Comment les spécialistes peuvent-ils répondre aux attentes, aux besoins des digital natives en réduisant l’écart entre les pratiques scolaires et leurs pratiques quotidiennes ?
Cet article se propose donc de fournir un cadre intégrateur pour la recherche en lecture en soulignant les paradigmes déjà observés et en facilitant les enquêtes empiriques interdisciplinaires sur des aspects et dimensions de la lecture jusque là ignorés. Par exemple : les associations entre l’ergonomie de la lecture (les aspects sensori-moteurs, l’haptique, la rétroaction tactile,…), l’attention, la perception, le traitement cognitif et émotionnel mais aussi des dimensions liées aux expériences subjectives de lecture de différents types de textes avec des buts différents,… C’est ce type de recherches qui pourront permettre de mesurer de façon précise et croisée l’impact de la numérisation, principalement dans des contextes éducatifs où la lecture est un élément primordial.
Il se conclut en précisant que la transition de la lecture papier vers la lecture à l’écran est également une formidable occasion de conceptualiser la lecture en s’adaptant à toute la gamme des différentes complexités des textes, des substrats, des technologies et processus de lecture et des résultats. Enfin, cette reconceptualisation entraine également une série d’ajustements importants qui, indéniablement auront toute leur importance pour les acteurs des métiers de l’enseignement (enseignants et formateurs d’enseignants).
— Vincianne D'Anna