Bookchoice : « En proposant moins de choix aux lecteurs, nous leur en offrons plus »
Cette semaine, nous vous proposons de découvrir la société néerlandaise Bookchoice (anciennement « Elly’s Choice »), dont le lancement sur le marché francophone est prévu pour cet été. Pour l’occasion, nous avons rencontré son directeur du contenu, Nathan Hull.
Lancée en 2013, Elly’s Choice a rapidement rencontré un grand succès sur le marché néerlandophone. Aujourd’hui, l’entreprise compte proposer son offre à l’échelle internationale et s’est entourée pour l’occasion de collaborateurs expérimentés, parmi lesquels Nathan Hull, anciennement directeur du développement digital chez Penguin UK. « Mes années chez Penguin m’ont permis de découvrir de nombreux modèles économiques différents et de mettre en place des stratégies numériques basées sur l’innovation et la créativité. J’ai ensuite travaillé chez Mofibo en tant que Business Developer, où j’ai pu approfondir le marché de la lecture en illimité. Lorsque j’ai découvert Elly’s Choice, j’ai tout de suite vu le potentiel du projet au niveau international et je suis donc ravi d’avoir pu rejoindre l’équipe », explique Nathan Hull.
Un club de livres digital
Le principe de Bookchoice est simple et n’est pas sans rappeler les offres telles que celle de France Loisirs : ainsi, pour 3,99 € par mois, le lecteur accède à une sélection de 8 livres (chacun disponible en ebook et audiobook) renouvelée mensuellement. Cette sélection n’est pas adaptée selon les goûts des lecteurs ; elle est la même pour tous. À ce sujet, Nathan Hull explique : « Notre objectif n’est pas de proposer une sélection différente à chaque lecteur selon des algorithmes comme peuvent le faire d’autres sociétés, ni de proposer une offre illimitée. À l’heure actuelle, énormément de services d’abonnement illimité tels que Netflix ou Spotify ont vu le jour et proposent une offre incommensurable à leurs usagers. Pourtant, on se rend compte que lorsque les utilisateurs sont face à un choix trop grand, ils se retrouvent bloqués et finissent par écouter, regarder ou lire les mêmes choses. Chez Bookchoice, nous proposons un choix restreint, mais qui permet au lecteur de sortir de ses habitudes de consommation et de s’intéresser à des perles littéraires qu’il n’aurait pas forcément remarquées en temps normal. En proposant moins de choix aux lecteurs, nous leur en donnons finalement plus ».
Quant au type de livres proposés, Bookchoice se concentre avant tout sur la fiction sous toutes ses déclinaisons (polar, romance, littérature générale, science-fiction, etc.) et n’entend pas privilégier les best-sellers, comme l’explique Nathan Hull : « Bien sûr, il est très intéressant pour nous de travailler avec de grands éditeurs, mais ce qui nous importe le plus, c’est avant tout de dénicher des trésors littéraires et de leur donner de la visibilité, l’un des objectifs de Bookchoice étant justement de permettre aux lecteurs de sortir des sentiers battus ». L’entreprise donne ainsi la même chance à des best-sellers qu’à des livres moins connus de trouver leur public en les mettant sur le même pied d’égalité.
Le potentiel de l’audiobook
Bookchoice a choisi de proposer ses livres au format audiobook en plus du format ebook depuis quelques mois seulement, mais l’engouement des lecteurs est indéniable : « Dans les pays francophones, l’audiobook reste encore minoritaire et n’en est qu’à ses débuts. En revanche, la situation est tout autre sur le marché anglophone et néerlandophone, où l’audiobook est beaucoup mieux implanté ». Selon Nathan Hull, l’audiobook ne présente pas forcément un potentiel plus grand que l’ebook sur le marché francophone, simplement son potentiel reste encore inexploité pour l’instant. Toujours selon lui, l’audiobook et l’ebook ne répondent pas aux mêmes besoins et ne touchent pas forcément le même public : « Honnêtement, on voit très rarement un lecteur d’ebook passer à l’audiobook ou vice versa. Généralement, un lecteur va sélectionner ce qu’il préfère lire et écouter. Par exemple, il sera plus facile pour certains d’écouter des romans mais de lire un livre pratique afin de mieux s’en imprégner ». En proposant les deux formats, Bookchoice laisse donc à chacun la liberté de choisir le format qui lui convient le mieux. Pour les éditeurs qui ne se sont pas encore lancés dans l’audiobook, Bookchoice leur propose des services de production accessibles pour débuter facilement.
Un développement ciblé, marché par marché
« Nous sommes conscients qu’un modèle qui fonctionne dans un pays X ne fonctionnera pas nécessairement dans un pays Y. La force de notre proposition réside dans sa flexibilité : nous gardons le même concept de base mais nous veillons à bien prendre en compte les nuances propres à chaque marché. En France, par exemple, nous avons pris en compte la loi du prix unique et adapté légèrement notre modèle afin qu’il s’y conforme », explique l’interviewé. Concernant l’internationalisation, l’équipe de Bookchoice compte se développer marché par marché, afin de prendre justement le temps de bien saisir toutes les spécificités de chaque pays avant de se lancer dans un autre.
Un nouveau public pour les éditeurs
Bookchoice transpose donc en numérique un concept déjà bien connu dans l’univers du livre papier. Toutefois, l’entreprise va beaucoup plus loin d’un point de vue marketing et a mis en place des techniques commerciales qui permettent aux éditeurs de toucher un tout nouveau lectorat.
« En plus de viser les lecteurs assidus, nous avons voulu atteindre ceux qui n’avaient pas encore intégré la lecture à leur quotidien. Nous avons donc développé des partenariats avec des banques, des entreprises automobiles, des compagnies ferroviaires, des stations-service, etc. », explique Nathan Hull. Dans le cas des stations-service par exemple, le conducteur reçoit un bon de réduction sur son premier abonnement. Une démarche originale qui a permis à Bookchoice et à ses éditeurs partenaires de trouver un tout nouveau public : « Le taux de conversion sur cette campagne a été énorme. Le plus important, c’est que nous avons réussi à garder ces lecteurs sur le long terme grâce à la qualité des livres que nous leur proposons, il ne s’agissait pas juste d’abonnements impulsifs », poursuit-il.
Pour les éditeurs, un partenariat avec Bookchoice peut dès lors présenter de beaux avantages tels que celui de toucher un nouveau public, tout en récoltant également des données cruciales sur les habitudes de leurs lecteurs. « Nous partageons toutes les données que nous récoltons via notre application avec nos éditeurs : combien de lecteurs ont téléchargé leur livre, combien l’ont terminé/abandonné en cours de route, etc. Ce sont des informations cruciales qui leur permettent, sur le long terme, d’affiner leur travail éditorial grâce à une meilleure compréhension des besoins de leurs lecteurs ».
Rendez-vous cet été, donc, pour le lancement de Bookchoice sur le marché francophone. Il nous tarde de voir si le succès de la startup se confirmera à l’échelle internationale, compte tenu de ses débuts prometteurs.
— Mélissa Haquenne