Ipsos publie un rapport inquiétant sur le piratage des livres en Italie
Le piratage, c’est-à-dire le vol sur Internet, est un problème mondial qu’il est particulièrement difficile de contrer, notamment à cause de l’instantanéité des transferts de données sur Internet. Pour la première fois, l’Association Italienne des Éditeurs (AIE) a commandé à Ipsos un rapport sur le piratage des livres sur Internet en Italie (qu’ils soient numériques ou au format audio). Quelles en sont les conclusions ?
Un constat alarmant
Menée en novembre dernier, l’étude est concise et décomposée en plusieurs sections. Elle donne les informations clés qu’il est bon de connaître pour se rendre compte de l’ampleur qu’a prise le phénomène du piratage. Elle a été réalisée sur un échantillon de 4 000 personnes.
Côté chiffres, le piratage représente près de 530 millions d’euros perdus annuellement pour tout le secteur de l’édition et près de 30 millions d’exemplaires qui auraient pu être vendus en plus, sans le piratage. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le piratage cause également du tort à l’emploi. En effet, environ 3 500 emplois seraient perdus dans la chaîne du livre au sens strict, et bien plus si l’on prend en compte tous les métiers connexes à ce domaine.
Mais qui sont les pirates ? Il ne faut pas imaginer uniquement des hackers spécialisés, loin de là. Tout d’abord, en moyenne, plus d’un tiers des Italiens de plus de 15 ans se sont déjà procuré un ouvrage sans en avoir le droit durant l’année. La palme revient cependant aux étudiants ainsi qu’aux professionnels interrogés. En effet, près de 80 % des étudiants se sont déjà procuré des ouvrages illégalement au cours de l’année passée, et plus de 60 % des professionnels sondés (parmi eux des avocats, notaires et ingénieurs) ont admis avoir déjà piraté des ouvrages en ligne.
Enfin, l’un des problèmes principaux demeure le fait que la majorité des sondés sait bien que le piratage est théoriquement puni par la loi, mais pense qu’en pratique, rien n’est fait pour attraper les pirates.
Il faut agir vite
Face à ce constat, l’AIE demande à l’État italien, au nom des éditeurs, de prendre des mesures. Le gouvernement a répondu positivement et semble décidé à agir rapidement. Deux lignes de conduite ont été déterminées et sont étudiées en ce moment même pour aboutir au meilleur résultat.
- Une approche législative : la loi est la première arme pour lutter contre le piratage, cependant les chiffres donnés par les études sur le piratage en général montrent bien qu’elle est souvent insuffisante. Une augmentation des effectifs des autorités de répression des pirates est nécessaire pour aboutir à un résultat conséquent.
- Une approche préventive : l’éducation, notamment des jeunes, peut permettre de leur faire prendre conscience de l’impact réel du piratage sur l’industrie du livre.
Par ailleurs, les chiffres concernant les piratages faits par les étudiants et les professionnels s’expliquent notamment par les prix très hauts des ouvrages universitaires. Une révision des prix pourrait peut-être permettre à terme d’augmenter le nombre de ventes, et ainsi de réduire le piratage.
Finalement, il ne faut pas oublier que pour chaque ouvrage piraté, c’est un auteur dont le travail n’est pas rémunéré. Par exemple, le nouveau roman d’Elena Ferrante, La vita bugiarda degli adulti, a fait l’objet de près de 20 000 copies très bien réalisées et vendues à moitié prix sur Internet.
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— Nausicaa Plas