miLibris devient la propriété du groupe Altice

Au début de cette semaine, le groupe de médias international Altice a confirmé le rachat de miLibris, le numéro un de la distribution de presse en numérique. Avec cette opération, Altice et son partenaire SFR espèrent se hisser au premier rang des kiosques numériques. Retour sur cette annonce marquante pour le monde de la presse numérique.

La success story de miLibris

miLibris est un distributeur numérique français qui a développé une plateforme de publication et de distribution permettant aux groupes de presse de proposer leurs contenus via des kiosques numériques. La société a été fondée en 2009 par Guillaume Monteux, qui en est le PDG, et avait au départ tenté sa chance sur le marché des ebooks. Elle s’est rapidement réorientée dans le domaine des médias et s’est imposée comme le leader des kiosques de presse numérique en France en travaillant avec la grande majorité des éditeurs français du secteur. Par exemple, Libération, L’Express, Le Figaro, L’Obs, Le Parisien, Sciences et avenir et L’Équipe. Pour relire l’interview que nous avions consacrée à Guillaume Monteux l’année dernière, c’est par ici.

miLibris est aussi très active au Québec, où elle collabore notamment avec TVA publications, un groupe de médias canadiens, et elle a récemment ouvert une filiale à Montréal. Le distributeur français a élargi son réseau à travers le monde et travaille avec de nombreux journaux étrangers. Citons entre autres Challenges, Daily News, El País ou Marketing Magazine. Récemment, miLibris a également lancé le projet pédagogique LireLactu dans le but d’inciter les jeunes à s’intéresser à l’actualité et à lire la presse.

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Le développement d’une plateforme éditeurs

Son succès s’explique notamment par le développement d’une plateforme « clé en main » pour les éditeurs, ePresse.fr, qui offre des services répondant parfaitement à leurs besoins. Il s’agit d’une formule interopérable et ouverte, qui permet aux éditeurs de toujours avoir le contrôle sur leur catalogue.

Ils peuvent ainsi facilement proposer la version digitale de leurs titres papier, journaux comme magazines, à lire via diverses solutions mises en place par miLibris – applications pour smartphones, lecture sur tablettes ou sur ordinateurs – et dans divers formats. La société a en effet conçu le « format 451 », un format déstructuré qui présente le contenu du PDF de façon non-homothétique.

miLibris représente aussi un outil de collecte d’informations intéressantes pour les éditeurs : ils disposent du nombre de lecteurs, de leurs profils et de leurs habitudes de lecture, des données difficilement accessibles pour la presse papier.

Une transaction « gagnant-gagnant »

En gérant 300 titres de presse et en comptabilisant pas moins de 5 millions de téléchargements mensuels, miLibris représente donc un acteur important sur l’échiquier de la presse en numérique. Il est dès lors aisé de comprendre l’intérêt que trouve le groupe de médias Altice dans son rachat. La transaction, dont le montant demeure inconnu, a eu lieu début août : Altice possède désormais 100 % du capital de miLibris.

Créé en 2001 par Patrick Drahi, Altice est une multinationale qui s’illustre dans le domaine des télécoms et des médias et qui s’est implantée dans une dizaine de pays, dont la Belgique et la France. Avec cette opération, le groupe se recentre sur la presse numérique après avoir dernièrement réduit son activité dans le domaine de la presse papier.

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Dans un communiqué publié par Altice, le rachat de miLibris est présenté comme une transaction « gagnant-gagnant ». Altice est un bon partenaire pour miLibris, qui lui permet en retour de renforcer sa relation avec les éditeurs et d’assurer sa technologie pour les offres de presse qu’il propose déjà à ses abonnées SFR. Car la collaboration entre les deux acteurs n’est pas neuve et c’est d’ailleurs miLibris qui avait développé la solution technique de l’application SFR Presse.

Une question a été soulevée à de nombreuses reprises depuis l’annonce de ce rachat : qu’en est-il désormais de l’indépendance des autres groupes de médias qui travaillent avec miLibris ? Car même s’ils ne lui appartiennent pas, ils dépendent désormais de leur concurrent. Affaire à suivre…

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— Loanna Pazzaglia

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