Pour une charte de l’autoédition

Le 28 septembre dernier, Neil Jomnusi (auteur et animateur du blog Page 42) proposait à ses lecteurs de rédiger une charte de l’autoédition. Phénomène en plein essor et de plus en plus reconnu, notamment suite à la nomination d’un auteur autoédité pour le prix Renaudot 2018, l’autoédition conserve un statut à part dans le milieu éditorial. C’est pourquoi Neil Jomnusi propose de constituer une charte pour structurer ce phénomène et en définir les bases. Lettres Numériques décrypte pour vous ce document.

L’idée première de Neil Jomnusi est de créer une réelle communauté d’acteurs de l’autoédition qui se rejoindraient autour de principes fondateurs et partagés. L’idée n’est donc pas de reproduire un système vertical comme c’est le cas dans l’édition traditionnelle, mais bien de permettre à tout un chacun d’exercer librement ses activités. La liberté, élément fondamental de l’autoédition, doit donc rester au cœur de ce projet.

Cette liberté se manifeste à différents niveaux. Premièrement, la liberté de rejoindre le mouvement. En effet, comme le souligne Neil Jomnusi, « il suffit de suivre ses règles [celles de la charte] pour s’en réclamer ». Deuxièmement, la liberté dans la création. La dynamique proposée par Neil Jomnusi consiste à ne pas retenir la « qualité de l’histoire » comme critère de sélection à l’adhésion de la charte. En effet, la charte ne vise pas à se poser en juge de la qualité des histoires. Les auteurs sont donc libres d’écrire comme ils l’entendent ; certains « respectent des codes dramaturgiques vieux de deux mille ans, d’autres innovent et inventent leurs propres formes de narration ».

Charte autoédition_illu page 42
Le blog Page 42 de Neil Jomunsi.

En plus de la notion de liberté, la charte de l’autoédition se veut également inclusive. Ainsi, il s’agira de veiller à proposer des formations, à faire appel à des professionnels, à accompagner celles et ceux ayant besoin d’aide, etc. Par ailleurs, l’initiative se veut « participante » et « collaborative ». Le travail de rédaction de la charte n’est donc pas l’affaire de certains : « Un tel travail ne doit surtout pas être porté par un groupe restreint de personnes, aussi investies soient-elles, mais par la communauté des autoédité(e)s dans son ensemble : c’est une question de légitimité, justement. En créant une corporation, nous travaillons ensemble à son élévation générale – pas juste au profit d’une poignée d’individus ou de signataires. »

Les grands points de la charte

La « Charte pour les auteurs indépendants » se divise ainsi en huit points principaux :

  1. Orthographe/Grammaire. Le respect de l’orthographe et de la grammaire marque un souci de professionnalisme et un respect du lecteur. L’auteur peut également faire appel à un relecteur professionnel.
  2. Tout comme pour l’orthographe et la grammaire, le respect des règles typographiques témoigne d’un souci d’offrir au lecteur un produit de qualité.
  3. Mise en page. Essentielle et importante dans le cadre d’une impression à la demande, la mise en page doit respecter des règles spécifiques. De plus, veiller à une bonne mise en page offre une identité graphique aux ouvrages.
  4. Accessibilité. L’idée de la Charte est de permettre à tout un chacun d’avoir accès aux livres, y compris les personnes ayant des troubles dyslexiques et les handicapés. Ainsi, il faudra veiller à respecter les usages pour rendre les contenus accessibles aux logiciels de synthèse vocale par exemple.
  5. Bien souvent premier contact avec le lecteur, la couverture se doit d’être lisible, de respecter les droits d’auteur, etc.
  6. Mentions légales. Même en autoédition, les livres doivent respecter la loi. Ainsi, chaque titre doit avoir un ISBN, être soumis au dépôt légal, etc.
    1. Droits d’auteur. Les droits d’auteur concernent tous les intervenants.
    2. Promotion des ouvrages. Différents systèmes de promotions existent (mailings, booktubers, blogueurs, etc.), qu’il convient d’utiliser de manière respectueuse.
  7. Mise en vente. La Charte n’impose ni n’interdit aucune plateforme, mais elle propose de se rendre disponible sur toutes les plateformes et librairies en ligne.
  8. Une liste d’outils et de ressources est mise à disposition pour permettre à tout le monde de se lancer dans l’autoédition (dépôt légal, création d’ISBN, gestionnaire de livre numériques, etc.).

La charte est disponible en libre accès en cliquant ici.

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— Matthieu Lamon

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