Pitcher son projet : l’art oratoire pour la promotion du livre
Sans bon pitch, point de salut. Nous sommes sursollicités par les canaux d’information et notre capacité d’attention est réduite à son minimum ; savoir pitcher un projet est donc devenu essentiel pour assurer sa promotion. Retour sur la formation PILEn donnée par Solange De Mesmaeker des Branchées.
Le pitch, un art oratoire pour la promotion du livre
Bien pitcher est important, car on estime qu’à peine 10 % de la réussite de votre intervention dépend de l’idée elle-même, c’est-à-dire le fond ; 90 % de cette réussite repose sur la manière dont vous allez amener et présenter cette idée, c’est-à-dire la forme.
Mais faire un pitch, c’est quoi ? C’est délivrer un discours clair et attrayant sur un projet, un service ou un produit. Un livre, par exemple. Un pitch est donc une présentation courte (120 mots/2 minutes) et argumentée qui sert la promotion d’un produit ou un service existants, ou à l’état de projet. Le pitch doit être adapté aux besoins, aux attentes et aux centres d’intérêt d’un public cible, pour susciter sa curiosité. La cible d’un pitch peut, en l’espèce, être un.e éditeur.trice, un.e auteur.trice, un média, une banque, etc. Ceci dépend de la personne que vous êtes, et du produit ou du service que vous portez.
Les pitchs peuvent être regroupés en quatre catégories :
- le pitch devant un jury, d’éditeur.trices par exemple ;
- le pitch devant les médias ;
- le pitch devant les client.es ou lecteur.trices potentiel.les, en foires et salons notamment ;
- l’elevator pitch, qui recoupe ces catégories dans une version plus courte.
Comment faire un bon pitch quand on est auteur ou éditeur ?
Peu importe le public cible, vous veillerez à soigner le fond et la forme de votre pitch.
Pour le fond, vous devrez obligatoirement apporter les réponses aux questions suivantes :
- Qui porte le projet ? Êtes-vous un.e auteur.trice, une maison d’édition ?
- À qui s’adresse le projet ? Il s’agit d’identifier le public cible du projet et de le nommer.
- Quel est le projet ? Est-ce un livre à paraître, une recherche de partenaires ?
- Quel problème résout le projet ? Ou à quel besoin répond-il ? En quoi le livre pourrait-il intéresser le public cible ?
- Comment le projet résout-il le problème, ou répond-il au besoin ?
Le produit ou le service devra donc être bien identifié. Pour ce faire, vous n’hésiterez pas à répéter le nom à plusieurs reprises, sans être trop insistant non plus, et aussi à relier ce produit/service à une catégorie. Par exemple, il s’agit d’un livre, il s’agit de littérature jeunesse, de roman graphique, etc. Vous n’oublierez pas de finir sur un call-to-action (inviter à liker une page Facebook, à réserver un exemplaire, à venir vous rencontrer sur le stand, etc.)
Concernant la forme, la voix sera le véhicule de votre pitch, mais les silences permettront d’appuyer votre propos et de ne pas perdre votre public. Vous ferez des exercices de diction avant d’entrer sur scène, vous répéterez les mots plus compliqués ou très importants pour ne pas trébucher dessus. Vous veillerez par ailleurs à soigner votre communication non verbale ; vous accompagnerez votre propos de gestes le soutenant. Attention aux gestes parasites, comme bouger les mains en permanence ou à l’inverse laisser les mains dans les poches ou avoir les bras croisés. Vous penserez aussi à adopter un regard bien posé.
Si vous réalisez une vidéo, vous penserez à incruster des sous-titres car 85 % des vidéos vues sur les réseaux sociaux le sont sans son. Attention aussi au choix du thumbnail, la miniature fixe que les gens verront en premier ; une image avec un passage sous-titré intriguant peut constituer une bonne option pour capter l’attention.
La recette d’un bon pitch tient en six points, voire sept :
- accroche avec une anecdote, un fait marquant ; des éléments émouvants, des détails croustillants ou des faits surprenants aideront votre interlocuteur.trice à se souvenir de votre projet ou service davantage que celui d’un.e concurrent.e ;
- identification de la personne qui s’adresse au public cible ;
- nom du produit ou du service ;
- public cible du produit ou du service ;
- intérêt du produit ou du service pour le public cible ;
- call-to-action.
Point spécifique aux métiers du livre :
- l’histoire dans l’histoire. Si vous avez un livre à promouvoir, parlez du contenu. Si c’est un roman, où se déroule l’histoire, quand et avec quels personnages ? Comment l’intrigue se met-elle en place et pourquoi considérez-vous cela comme particulièrement intéressant ?
Rédiger un pitch, mode d’emploi
Pour rédiger un pitch, il s’agit donc de savoir de quoi on parle, à qui on parle, pourquoi on parle et comment on parle.
Mots-clés du pitch – De quoi parle-t-on ?
Votre projet ou service doit être compris en une phrase, votre baseline. La baseline ne doit être ni trop simple, pour être pris au sérieux, ni trop complexe, pour ne pas décourager vos auditeur.trices ou spectateur.trices. Les mots-clés sont le fil rouge du pitch, les balises de votre présentation. Ce sont les mots-clés qui permettent de ne pas devoir réciter un texte. Attention cependant à ne pas avoir trop de mots-clés non plus, pour ne pas tomber dans le matraquage d’informations.
Cible du pitch – À qui parle-t-on ?
Un bon pitch passe par la connaissance des personnes à qui il s’adresse. Il s’agit donc pour vous de collecter des informations générales sur vos interlocuteur.trices : public-type d’un salon ou d’un média et son niveau de connaissance du sujet.
Objectifs du pitch – Pourquoi parle-t-on ?
Pourquoi faire un pitch ? Pourquoi présenter votre produit ou votre service ? Quel résultat attendez-vous ? Comptez-vous mieux vendre, être invité à rencontrer une personne-clé, intéresser un.e éditeur.trice, participer à une résidence artistique, décrocher une bourse d’auteur ? Vous saurez mieux rédiger en répondant à ces questions.
Rédaction et livraison du pitch – Comment parle-t-on ?
Rédiger et livrer un pitch, c’est avoir en tête la règle des 5 C :
- Concision : chacune de vos phrases doit avoir du sens, sa place dans votre discours ;
- Clarté : laissez de côté le vocabulaire trop technique et construisez des phrases simples, pas trop longues ;
- Crédibilité : le background du.de la pitcheur.se est important aux yeux de l’interlocteur.trice ; montrez votre expérience du sujet, ou à tout le moins que vous avez travaillé ce sujet ;
- Concret : le public cible doit être à même de se figurer votre produit ou votre service, de se projeter dans l’expérience que vous proposez ;
- Ciblage : chaque pitch doit être adapté à son public. Plusieurs pitchs peuvent donc être faits pour un même produit ou service.
Réussir son pitch ne s’improvise pas, comme nous l’avons vu. Voici nos derniers conseils.
Les bonnes pratiques du pitch :
- donner des faits, des chiffres, des éléments faciles à retenir… sans sombrer dans le name dropping pour autant ;
- adopter un langage commun et des références communes, telles à des marques emblématiques.
Les mauvaises pratiques du pitch :
- faire montre d’agressivité, ou de manque d’ouverture dans les échanges suivant votre présentation ; ne perdez pas de vue que les questions sont bon signe. Vous pouvez par ailleurs préparer certaines de vos réponses en testant votre pitch devant la famille ou des amis.
- donner trop de détails, en noyant l’objet principal ;
- terminer par « Et donc voilà » plutôt que par une formule forte.
Retrouvez ce compte-rendu ainsi que d’autres billets sur le blog du PILEn.
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— Gilles Simon