Telegram Messenger, une porte ouverte aux téléchargements illégaux de livres
Depuis quelques années déjà, l’application Telegram Messenger est pointée du doigt comme étant l’abri de nombreuses activités illégales. Aujourd’hui, c’est au tour de l’industrie du livre d’en être victime.
Anonymat et respect de la vie privée sur Internet
Créé en 2013 par deux Russes, Telegram est une application gratuite donnant accès à une messagerie instantanée hébergée sur un cloud et sécurisée au moyen d’un système de chiffrage des messages. Son but est ainsi de proposer une plateforme sécurisée sur laquelle l’anonymat et le respect de la vie privée sont garantis.
En deux clics, quiconque peut donc créer un compte en ne fournissant qu’un minimum d’informations aisément falsifiables (principalement un numéro de téléphone ou une adresse e-mail). Ensuite, le client peut choisir de cacher ses informations à la fois aux personnes extérieures à la plateforme, mais également à ses utilisateurs.
Enfin, chaque utilisateur peut chercher les sujets qui l’intéressent dans la barre de recherche et se joindre librement à n’importe quel groupe de discussion ou encore suivre des chaînes qui proposent régulièrement du contenu à leurs abonnés.
Rien d’illégal jusque-là, cependant l’on se rend vite compte que le système de sécurité prôné par la plateforme est une structure idéale pour la prolifération rapide de canaux pirates et frauduleux. Ce phénomène n’est toutefois pas isolé et survient également sur d’autres réseaux sociaux tels que WhatsApp.
Trafics illégaux de livres (mais pas seulement)
Entre deux chaînes proposant chaque jour un dicton célèbre ou des photos de chatons, l’on trouve donc des pirates qui mettent à la libre disposition des 200 millions d’utilisateurs de la plateforme des contenus protégés par le droit d’auteur, mais également des réseaux criminels, notamment de terrorisme, des propos racistes, des virus, etc.
En ce qui concerne le cadre de cet article, la mise en ligne de contenus piratés constitue des pertes considérables pour l’industrie du livre, et plus largement pour tout le secteur culturel, puisque l’on recense également sur Telegram un bon nombre de musiques et de films disponibles pour téléchargement illégal.
En Europe, la CEDRO, association espagnole de défense des droits d’auteur, est l’un des acteurs de la lutte contre les ouvrages piratés et partagés sur Telegram. Jusqu’à présent, elle a réussi à faire bloquer une bonne centaine de canaux, regroupant environ 400 000 personnes, et qui proposaient des livres et magazines mis en ligne sans autorisation de leurs ayants droit.
De son côté, Telegram fait profil bas, sans constater la gravité de la situation. Au vu du nombre de contenus postés quotidiennement, l’application déclare ne pas être en mesure de repérer les groupes et chaînes pirates par elle-même. Cependant, elle affirme bloquer les canaux frauduleux une fois qu’ils lui ont été signalés.
Néanmoins, la lutte contre le piratage, déjà un véritable casse-tête, tend à se complexifier avec le développement des nouvelles technologies. Depuis peu en effet, des bots, robots plus ou moins automatiques se servant de l’application comme un utilisateur, proposent sur Telegram des montagnes d’ebooks gratuits, en différentes langues et différents formats. Difficiles à repérer, ils constituent un nouveau problème de taille, car ils ont tendance à réapparaître après avoir été bloqués.
À charge maintenant pour les associations de défense des droits d’auteur d’imaginer des solutions innovantes et efficaces face à ces évolutions récentes du piratage.
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— Nausicaa Plas