Entretien avec Charlotte Heymans et Lisette Lombé : Bela, un outil de découverte des auteurs et autrices de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Dans le cadre de la campagne de promotion « Lisez-vous le belge ? », présentée dans cet article, nous avons interrogé Charlotte Heymans, coordinatrice du site web Bela, ainsi que l’autrice Lisette Lombé, au sujet du rôle d’espace de valorisation de Bela pour les auteurs et autrices en Belgique francophone.

Lisez-vous le belge _ - Fond blanc

Lettres Numériques : Pourriez-vous commencer par vous présenter en quelques mots et introduire le site Bela ?

Lisette Lombé : Je suis autrice et poétesse. Ma poésie possède plusieurs textures : livre, slam, collage, danse. J’anime aussi des ateliers d’écriture et de coaching scénique.

Charlotte Heymans : Je coordonne le site Bela et sa refonte depuis janvier : le nouveau site sera d’ailleurs lancé ce 20 novembre. Avant cela, j’ai travaillé huit ans pour la maison d’édition Les Impressions Nouvelles et la collection patrimoniale belge Espace Nord en tant que chargée de communication.

Bela_logo

Bela a pour objectif de valoriser et de promouvoir la création et ses métiers en Fédération Wallonie-Bruxelles, de créer des opportunités pour les auteurs et autrices en s’adressant à leurs pairs, à leur public et à tous les partenaires du secteur culturel en Belgique.

Comment souhaitez-vous concrétiser cet objectif ?

Charlotte Heymans : Pour y arriver, nous misons sur trois axes :

  • le webmagazine Belazine qui donne la parole aux auteurs et autrices ainsi qu’aux opérateurs culturels de Belgique pour parler de leurs pratiques, afin de s’informer mutuellement au sujet de leurs attentes et de leurs besoins respectifs ;
  • le répertoire de fiches profils, que les auteurs et autrices sont invités à mettre à jour avec des données biographiques et des informations sur leur parcours, et que les opérateurs culturels en tout genre sont invités à parcourir pour diversifier leurs choix ;
  • le relais d’offres professionnelles comme des appels à projets, résidences et bourses, qui sont régulièrement proposées par des partenaires culturels afin d’augmenter leur visibilité et auxquelles Bela associe une fiche descriptive afin de mettre un visage sur ces « pourvoyeurs et pourvoyeuses d’offres » et faciliter la prise de contact.

Dans le cadre de la pandémie et de la crise économique qui en découle, Bela s’intègre au plan de soutien au monde du livre et à la campagne « Lisez-vous le belge ? ». Comment Bela procèdera-t-il pour revaloriser le livre belge francophone ?

Charlotte Heymans : Cette campagne de promotion lancée plus ou moins en même temps que le nouveau site est une aubaine. Bien que Bela s’intéresse aussi aux domaines du son, de l’audiovisuel, du spectacle vivant et du multimédia, l’écrit occupe une place privilégiée. Dans ce cadre, participer au plan de promotion du livre belge était pour Bela une évidence.

Nous nous associons notamment au PILEn, qui coordonne le plan de soutien, pour mettre en évidence, via le répertoire de fiches du site, tous les auteurs et créateurs valorisés par le plan. Les poèmes et illustrations qui seront commandés par le PILEn, par exemple, seront associés à une fiche profil sur le site. Ce sera probablement aussi le cas pour les commandes de la Scam et, espérons-le, pour les initiatives d’autres partenaires de « Lisez-vous le belge ? ».

Lisette Lombé : Pour ma part, mon livre est sorti en février et, pendant le premier confinement, j’ai réfléchi au métier d’auteur et à toute la diffusion qui entoure le livre. J’ai ressenti l’importance de me lier à des structures comme Bela, sur le Web, pour donner de la visibilité à mon livre, les autres lieux d’expression étant actuellement fermés.

Toute cette visibilité-là limite un peu la casse. C’est l’occasion d’une compréhension nouvelle du métier d’auteur et de la manière dont tous ces espaces sur le Web viennent complémenter la diffusion.

Charlotte Heymans : Bela étant un outil avant tout en ligne, nous avons l’opportunité en effet de pouvoir continuer nos projets malgré la situation sanitaire. Nous pouvons, grâce au Web, continuer de fournir de l’aide à tous les publics cibles et, malgré la crise, la refonte du site a pu aller jusqu’au bout.

Ce soutien envers les auteurs et autrices belges se manifeste aussi via le Belazine, pouvez-vous expliquer de quelle manière ?

Charlotte Heymans : Dans le cadre du plan de soutien, tous les contenus du Belazine lors de ces quatre prochaines semaines vont être exclusivement dédiés à la littérature francophone de Belgique.

Pour cela, j’ai mandaté la journaliste et romancière Cécile Berthaud, pour écrire des articles mettant en lumière des situations qui osent décloisonner le livre belge, c’est-à-dire des lieux ou projets culturels dont le corps de métier n’est pas uniquement la littérature, mais qui s’ouvrent à l’accueil et à la promotion des auteurs et autrices belges (une carte blanche confiée à un écrivain dans un théâtre, un festival pluridisciplinaire, etc.).

Nous souhaitons créer des partenariats avec des structures culturelles existantes en cherchant en quoi nous pouvons être complémentaires. Pour ce faire, Bela peut arriver dans le prolongement d’une activité organisée par une structure culturelle en publiant dans le Belazine l’interview de l’auteur invité ou en mettant à jour sa fiche biographique sur le site. L’objectif ? Provoquer un effet boule de neige pour donner l’envie à d’autres d’inviter ces auteurs.

Par exemple, faisant suite à sa participation au groupe de réflexion des 52, Elsa Chêne a écrit un article sur la question des quotas hommes-femmes dans le monde du théâtre. Avec cette publication, elle a été identifiée pour être une intervenante de choix à ce sujet, notamment par La Libre et par David Courier.

Lisette Lombé, à la suite de cet article sur les appels à projets, quel est votre point de vue, votre expérience par rapport à ce que le Belazine peut permettre ?

Lisette Lombé : J’ai obtenu une belle visibilité pour répondre à des questionnements très actuels qui parcourent la sphère artistique sur les bonnes pratiques et le fonctionnement du secteur. Mon article a beaucoup été partagé et nos réflexions peuvent contribuer à améliorer les pratiques dans le milieu. D’autant plus quand les autres lieux, qui permettraient d’en débattre en présentiel, sont fermés. Nous nous nourrissons mutuellement, à distance, via ces prises de parole.

Toutes ces informations rassemblées sur le site de Bela sont très pratiques et cette position méta de Bela permet de nourrir de futures bonnes pratiques. Dans mon cas, des personnes m’ont contactée en réaction à mon article. Sans l’espace d’expression que Bela m’a donné, je n’aurais pas formalisé mon idée et elle n’aurait pas été mise en lumière.

Charlotte Heymans : Le Belazine permet de créer un vase communicant à tous les niveaux, car l’article de Lisette nous a permis de voir ce que Bela pouvait essayer de changer concernant les appels à projets. Nous allons par exemple questionner la formulation parfois trop pointue de certains appels à candidatures.

À l’occasion du nouveau lancement de Bela ce vendredi, quels sont les valeurs et les publics cibles que vous souhaitez mettre en avant ?

Charlotte Heymans : Les créateurs sont le public cible historique. Bela s’adresse désormais aussi à ceux qui facilitent la rencontre entre le public et la culture sous toutes ses formes : les libraires, les journalistes, les éditeurs, etc. La refonte du site amplifie des valeurs qui sont dans l’ADN de Bela depuis toujours. Je voudrais mettre l’accent sur deux valeurs en particulier :

  • l’accessibilité. Nous souhaitons mettre en place un espace utilisateur le plus intuitif et accessible possible, mais aussi prévoir un accompagnement technique optimal et réel : nous avons une FAQ et je serai aussi présente, par mail ou visioconférence, pour aider à utiliser cet outil ;
  • la diversité. Le nouveau site permet de faire des recherches avancées. Les utilisateurs peuvent ainsi obtenir des résultats de recherche inattendus, par exemple des auteurs n’ayant pas une activité récente, mais qui peuvent être des partenaires de prédilection. Bela mise sur la longévité des parcours plutôt que sur la brièveté d’une sortie culturelle.

Concernant le Belazine, tous les formats sont permis : un texte, une vidéo, un son, etc. Bela passe majoritairement des commandes rémunérées auprès des auteurs et autrices, pour des contenus liés à l’actualité culturelle, mais nous n’excluons pas que les auteurs nous fassent des propositions.

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— Cynthia Prévot

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