La bande dessinée, un art en constante évolution

Auparavant, la bande dessinée était apparentée à la lecture jeunesse et n’était pas considérée comme relevant du monde du livre. Depuis les années 1970, le marché de l’édition connaît une présence accrue de la bande dessinée. En Belgique, ce genre représente un des secteurs du livre le plus vendu, témoin d’un transfert de légitimité. Ce genre s’adapte à une société et un monde technologique en constante évolution. Ce n’est pas pour rien qu’il a très vite été considéré comme le neuvième art. 

Quelques chiffres

Selon les chiffres du SNE, la bande dessinée ne cesse d’évoluer : 307,3 millions d’euros de chiffre d’affaires, une augmentation de 11,6 % par rapport à 2019. Une augmentation est également visible dans le nombre de publication : entre 2000 et 2016, on a pu observer une évolution de 340 %, dont une majorité de nouveautés, d’après le rapport ACBD. Selon une étude du Centre national du livre, 99 % des enfants et 98 % des adultes lecteurs de BD interrogés préfèrent le format papier. La BD numérique ne représente que 1,5 % du marché de la bande dessinée, mais cela aussi ne cesse d’augmenter chaque année. 1/4 des jeunes lecteurs de BD et 1/3 des adultes déclarent lire aussi en numérique. 

Un genre qui stimule l’imagination

La BD est attrayante pour les jeunes, car ces derniers ont été habitués au visuel d’albums illustrés lorsqu’ils étaient enfants et ont d’abord appris à déchiffrer l’image avant d’apprendre à lire. En effet, l’image renforce les processus d’identification et de mémorisation, ce qui ne les empêchera pas de se tourner vers d’autres genres. D’ailleurs, des recherches ont montré que cette lecture les préparait au contraire à des textes plus denses. De fait, la bande dessinée demande une attention supplémentaire et une interactivité lors de la lecture afin de faire le lien entre le texte et les images. Elle stimule également l’imagination ; grâce au visuel qu’offrent les bandes dessinées, les lecteurs sont habitués à établir une stratégie de lecture qui les amène à voir des récits mis en scène, et leur permet ainsi d’acquérir des références qu’ils peuvent utiliser pour se représenter lorsqu’ils lisent un texte dense.

En constante évolution

La bande dessinée est de mieux en mieux reconnue et acceptée, notamment parce que l’image prend une place de plus en plus considérable dans notre société. La bande dessinée fait ainsi partie de la culture actuelle d’images et de visuels omniprésents et s’intègre dans un monde rempli d’écrans. Elle rappelle également d’autres pratiques particulièrement appréciées par les jeunes, comme les jeux vidéo.

Les adaptations en jeux vidéo

D’ailleurs, depuis 1984, où Pac-Man est passé de la borne d’arcade à la bande dessinée, le paysage des adaptions jeu vidéo-livre s’ouvre de plus en plus. Nous pouvons, par exemple, citer l’œuvre Blacksad. Le lecteur devient joueur, il est placé à la base de la narration et peut choisir l’évolution du scénario. C’est lui qui prend en main la bande dessinée. Cela permet une immersion totale dans l’œuvre. Tant par la narration, par l’effet 3D que par le son.

Les bandes dessinées commencent également à être adaptée en réalité virtuelle, ce qui est le futur pour beaucoup de contenu artistique. Les œuvres sont disponibles avec un casque afin de s’immerger totalement. Culture du transmédia, les arts se complètent et se répondent pour ne former plus qu’un.

La bande dessinée et le numérique

Il existe deux types de bandes dessinées digitales : les bandes dessinées papiers « classiques » scannées pour être disponibles numériquement et les bandes dessinées créées directement numériquement. Cette dernière catégorie permet des formats de créations digitales originales. Le plus répandu est le webtoon. Il s’agit d’une BD classique (avec des pages, des cases et des bulles) mais composée d’un seul bloc que l’on « scrolle » à la verticale. Certaines plateformes ou applications à télécharger, uniquement consacrées à ce format, se développent de plus en plus. 

Une nouvelle forme de BD numérique apparait également sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement Instagram. Publiée case par case en publication ou en story, elle permet des interactions grâce à des jeux-questionnaires, de la musique ou des animations. Grâce au numérique, la bande dessinée n’a ainsi pas fini de se réinventer. 

Un genre qui se prête bien à l’exposition

Les expositions ou festivals de la BD permettent de mettre en valeur des œuvres innovantes qui sont accessibles de façon numérique. Comme nous l’avons vu, certaines des œuvres sont disponibles sur internet (tels les réseaux sociaux et les pages web), en jeux vidéo ou en applications à télécharger comme les webtoons, par exemple. Il s’agit de formes non conventionnelles de la bande dessinée. Les artistes explorent toutes les possibilités et couvrent ces différents médias.

C’est un genre qui se prête bien à l’exposition par son contenu littéraire, graphique et artistique. De plus, avec le confinement, les musées et expositions ont été temporairement fermés. Ont pris place des expositions virtuelles que l’on pouvait consulter en ligne depuis son lit. Les rencontres en live, les battle de dessins, les draw my life et autres se sont ainsi succédé.

Si vous désirez découvrir certaines de ces œuvres, nous vous conseillons l’exposition Machines à Bulles, développée par l’Institut Français pour donner à voir la BD numérique française dans toute sa diversité d’esthétique, de formats et de contenus. Elle est disponible jusque fin de l’année 2021. Au Québec, elle se déclinera prochainement en format franco-québécois, en partenariat avec la Pastèque. 

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— Emiline Gambacorta

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