Nicolas Lebeau : « Il fallait se positionner avant que Google et Amazon n’arrivent sur le marché belge »

Nicolas Lebeau est le directeur général du groupe Actissia Belgique. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la Foire du Livre de Bruxelles où il mettait en avant le livre numérique. L’occasion de faire le point avec lui à propos de Meslivresnumériques.be, une librairie en ligne belge qui propose plus de 130 000 ebooks.

Meslivresnumeriques.be est une plateforme de vente de livres numériques avec comme base un site en marque blanche d’ebookchapitre. Si on a pu mener à bien ce projet, c’est bien sûr parce que le groupe Actissia nous soutenait ; meslivresnumériques en fait partie au même titre que Belgique Loisirs ou les librairies Libris Agora. La structure belge du groupe actuel est relativement neuve. Tout est parti du rachat du groupe Privat qui réunissait les librairies Libris, Agora et Beranger, soit 5 librairies. Imaginez le choc culturel que cela a provoqué, un club de livres rachetant un réseau de librairies ! On nous a reproché de démocratiser la lecture à une époque où les gens ont peur de rentrer dans des librairies jugées trop universitaires ou élitistes.

Aujourd’hui, on est arrivé à un équilibre entre nos différentes marques. Loin de les opposer, nous en avons fait des pratiques complémentaires. Sur le marché belge, nous proposons des librairies réputées pour leurs conseils. Nous avons également un club de livres qui permet de faire découvrir la lecture à un public qui ne se déplace pas forcément en librairie. Le site vient en renfort pour satisfaire nos clients qui veulent tenter l’expérience numérique. Au niveau belge, on souhaitait surtout se positionner et fidéliser nos lecteurs avant l’arrivée des grands acteurs sur le marché puisque ni Google ni Amazon ne sont réellement actifs en Belgique.

Meslivresnumeriques a donc été créé sur ce constat. Depuis son lancement en décembre 2011, plus de 5000 clients nous ont fait confiance. On espère dès lors dépasser les 100 000 euros de chiffre d’affaires en 2013. Mais on veut surtout offrir un site crédible et proche de nos clients. C’est pour cela que l’animation commerciale se fait en Belgique avec une vraie liberté d’action.

Avez-vous des informations sur les lecteurs de meslivresnumeriques.be ?

On est dans une phase d’évangélisation, mais on note un réel engouement. C’est d’ailleurs intéressant de comparer les profils de nos lecteurs : en librairies, les femmes représentent 70 à 75% de notre clientèle ; a contrario, nos lecteurs numériques sont davantage masculins avec 55% d’hommes. On constate également que les lecteurs testent dans un premier temps des ebooks gratuits et reviennent ensuite en achetant deux livres pour un panier d’achat moyen de 9 euros.

Développez-vous d’autres initiatives dans le numérique ?

Oui, une équipe éditoriale, basée en France, travaille pour offrir un catalogue le plus large possible à nos clients. En plus de réaliser nos propres livres enrichis, nous nous occupons aussi de la numérisation de catalogues d’éditeurs. Selon moi, l’avenir, c’est le livre enrichi. L’ePub 3 sera bientôt lisible sur Androïd et cette nouvelle élargit considérablement la perspective éditoriale. L’homothétique reste limité. À terme, il sera dépassé et le public réclamera autre chose qu’une simple adaptation du papier. L’ePub 3 ouvre un monde nouveau qui verra émerger de nouveaux auteurs et de nouveaux talents.  Les projets éditoriaux ne seront plus portés par les mêmes métiers : le rôle des vidéastes par exemple ne sera pas négligeable car ces projets demanderont une maitrise technique poussée.

Comment réagissent les libraires de votre groupe à l’arrivée du numérique ?

Nos libraires sont intéressés mais ils n’ont pas forcément le temps de se former. Ils sont déjà submergés par le cycle habituel du livre papier. Récemment, on a eu un bel article dans La Libre Belgique qui a eu un effet en librairie. Les clients se sont déplacés dans les magasins pour avoir des réponses à leurs questions et nos libraires ont été un peu pris de court, c’est vrai. Cela prouve néanmoins qu’il y a une vraie attente de la part du public.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional

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