VisiMuZ : à la découverte des plus grands musées en numérique

À l’heure où les départs en vacances se multiplient, Lettres numériques vous emmène à la découverte d’une jeune maison d’édition numérique, VisiMuZ, dont la première collection est consacrée aux collections permanentes des plus grands musées. Son fondateur, François Blondel, nous parle de son projet.

Parlez-nous de la fondation de votre maison d’édition. Travaillez-vous en collaboration avec les musées ?

Dans la phase d’élaboration de cette première collection, je suis allé à la rencontre des musées français mais j’ai reçu en quelque sorte une fin de non-recevoir de la part de la plupart d’entre eux. Bien que nos rencontres aient été courtoises et agréables, ils m’ont expliqué que ma proposition n’était pas une priorité pour leurs institutions. Ils s’orientaient davantage vers des solutions multimédias que des ebooks. J’ai eu également le sentiment qu’ils étaient plus intéressés par des outils de promotion que des solutions pour le public. J’ai donc décidé de réorienter ma collection vers un public de passionnés de culture et de musées et leur offrir des guides numériques concis et pratiques.

Comment vous est venue cette idée ?

VisiMuz a été fondé sur un besoin non-comblé. Fréquentant les musées depuis longtemps, je me suis rendu compte que les visiteurs n’étaient pas toujours satisfaits de leur visite, parfois frustrés du manque d’informations mises à leur disposition par le musée. Les plus aguerris emmenaient leurs guides bleus mais regrettaient de se perdre dans les méandres des salles. Les autres, qui avaient recours à un audio-guide, trouvaient la fonction limitée. Personnellement, l’idée de passer 2 minutes devant chaque tableau à écouter une bande sonore m’est insupportable. Quand je vais dans un musée, j’ai envie de savoir : où sont les œuvres-phares ? quels sont les parcours qui risquent de m’intéresser ? quels raccourcis dois-je prendre ? Les ebooks que j’édite proposent différents tracés dans les musées.

Le deuxième aspect que je voudrais souligner, c’est la hiérarchisation des œuvres. Les conservateurs s’y refusent. Lorsque vous rentrez dans une salle de musée, vous ne savez absolument pas quelle œuvre a eu le plus d’influence ou de reconnaissance. Or les gens suivent beaucoup les étoiles dans les guides. Ils ont besoin d’être aiguillés.

Enfin, lorsque vous visitez un musée, vous n’avez que très peu d’informations sur les œuvres que vous voyez. On ne vous explique que trop rarement l’histoire des œuvres que vous contemplez. Vous en savez encore moins sur leur réception, leurs propriétaires successifs ou les anecdotes à leur sujet. J’ai voulu combler ce manque.

Comment vous acquittez-vous de la délicate question des droits de reproduction des œuvres ?

Il y a deux paramètres à prendre en compte en matière de droit de reproduction : le droit de l’artiste (ou de ses ayants droits) et le droit du photographe. Pour les artistes, il faut attendre 70 ans après leur mort pour que l’œuvre soit libre de droit. En ce qui concerne les droits du photographe, je réalise moi-même les photos, ce qui me simplifie la tâche, ou je sélectionne des visuels sur wikimedia common, en citant les mentions légales.

Les musées publics étant dépositaires des œuvres qui appartiennent au public, ils n’ont aucun droit dessus. A contrario, les fondations privées sont libres de garder pour elles les œuvres qu’elles ont acquises.

Cependant, il arrive parfois que je ne puisse pas illustrer certaines parties de mes guides car les droits de reproduction des œuvres sont difficiles à obtenir ou trop onéreux. C’est pour cela, par exemple, que je ne propose pas de guide sur le centre Pompidou.

Comment procédez-vous pour réaliser ces guides ?

Avant toute chose, j’ai sélectionné les musées que je souhaitais présenter dans ma collection en fonction de leur nombre de visiteurs annuels. Bien sûr, il fallait tenir compte des musées les plus connus, je me suis donc focalisé sur les 20 musées les plus connus. Entre la décision de publier un guide et sa mise en ligne, il faut compter environ 3 à 4 mois de travail. Je me rends d’abord sur place pour tracer les parcours et puis je délègue la rédaction de certaines parties des guides à d’autres auteurs.

Lorsque le guide est prêt, je le soumets à 3 ou 4 beta-testeurs. J’obtiens d’ailleurs de très bons retours. Les enfants, par exemple, se servent de nos guides pour organiser des chasses au trésor dans les musées. Cette étape est très riche d’enseignement. C’est ce qui me pousse à améliorer cette démarche collaborative pour enrichir l’expérience des visiteurs de musées.

Plus d’informations sur VisiMuZ

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional

One thought on “VisiMuZ : à la découverte des plus grands musées en numérique

  • 02/08/2013 at 05:58
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    Peut-on librement reproduire des œuvres « tombées dans le domaine public », mais détenues par des musées ou des particuliers? Un objet unique, ou à nombre d’exemplaires limités, présente un intérêt encyclopédique essentiel, mais même quand l’œuvre proprement dite est tombée dans le domaine public, l’accès à son image est contrariée par les droits de reproduction des images existantes, ou par les conditions d’accès imposées par les détenteurs (musées ou détenteurs privés). La situation peut varier selon les pays. En France, par exemple, la BNF interdit la reproduction des œuvres scannées, beaucoup de musées interdisent les photos (même sans flash, etc).

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