Conférence Wolrdreader organisée par l’Adeb : la lecture à portée de main grâce au numérique

Comme nous vous l’annoncions, l’Adeb (Association des éditeurs belges) organisait ce mardi 8 mars une conférence autour de Worldreader, une ONG dont l’objectif principal est de combattre l’analphabétisme et l’illettrisme à travers le monde. L’occasion pour les participants de découvrir plus en profondeur les tenants et aboutissants du projet et de poser toutes leurs questions à Jean-David Kouassigan, chargé des Relations Partenaires Francophones pour Worldreader Mobile.

Worldreader-logoWorldreader en quelques chiffres

Worldreader, c’est aujourd’hui plus de 30 000 ebooks, une application mobile présente dans 69 pays et environ 5 millions d’utilisateurs, principalement en Afrique et en Inde. Si le catalogue propose des livres dans 43 langues, dont beaucoup de langues locales, la majorité des ebooks sont en anglais. Depuis un peu plus d’un an, l’ONG tente également de mettre l’accent sur l’offre francophone (un peu plus de 1000 ebooks sont actuellement disponibles en français).

Lire sur mobile, mais pas seulement

Afin de rendre son contenu facilement accessible, Worldreader a profité d’une dynamique déjà présente dans les régions défavorisées : l’utilisation de plus en plus répandue du smartphone. L’équipe a donc dans un premier temps développé une application, disponible sur Android et Apple. Parallèlement, l’ONG propose une application web basée sur le principe de la lecture en streaming, à laquelle on accède en tapant simplement read.worldreader.org dans son navigateur internet depuis son smartphone (attention, cela ne fonctionne pas sur ordinateur). La prise en main, très intuitive, permet de commencer très rapidement à lire, notamment grâce aux « tops de la semaine » et aux « lectures rapides ». La web app ne s’arrête pas là puisque le lecteur a également la possibilité de se créer un compte (via Facebook ou non) qui lui permettra d’établir une bibliothèque personnelle et de lire ses livres hors ligne. « Ces applications nous permettent de récolter des données intéressantes sur nos lecteurs. L’un de nos objectifs est de pouvoir utiliser ces informations pour aider les éditeurs dans leurs décisions éditoriales », explique Jean-David Kouassigan. La classification des ouvrages est également à souligner, sans oublier les recommandations de lecture ! Tout est donc réuni pour guider le lecteur dans ses choix. Notons que si l’on trouve de la fiction, beaucoup d’ouvrages sont axés sur l’apprentissage, qu’il s’agisse d’apprendre à lire pour les enfants ou de se préparer au monde professionnel pour les adultes, et sur la prévention, des domaines cruciaux dans les pays en voie de développement.

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Parallèlement à la lecture sur smartphone, Worldreader recourt également aux liseuses pour d’autres types de projets, dans les écoles notamment. « Ce type de projets est plus lourd logistiquement et fonctionne surtout grâce aux opportunités, lorsque l’on a identifié un besoin précis et que l’on a l’occasion de travailler avec un partenaire local. Dans ce cas, nous créons du contenu adapté en partenariat avec un éditeur et nous le mettons à disposition des écoles/instituts via des liseuses », explique Jean-David Kouassigan. Si la lecture sur smartphone touche un public large, les initiatives dans les écoles visent une population plus restreinte et permettent aux enfants d’apprendre à lire dès le plus jeune âge.

Quelques projets concrets

Au cours de la conférence, Jean-David Kouassigan a évoqué quelques projets concrets mis en place par Worldreader.

  • En Inde, l’un des objectifs est d’inciter les parents à lire à/avec leurs enfants. L’ONG va donc suivre pendant deux ans l’évolution d’une communauté, ce qui permettra de mesurer l’impact de Worldreader Mobile de façon suivie.
  • Au Kenya, Worldreader a mis en place un programme afin de soutenir celui du Ministère de l’Éducation. Les résultats sont plutôt probants puisque l’on a constaté une augmentation de 178 % du nombre de visiteurs en bibliothèque et deux fois plus d’élèves utilisent désormais le programme d’amélioration de lecture.

La gratuité, un danger pour le marché du livre ?

L’accès à des ebooks gratuits mérite toutefois réflexion : ne risque-t-on pas de « tuer » le marché du livre en proposant des contenus gratuits parallèlement à des offres payantes ? Une question soulevée par Jean-Luc Dubois, fondateur des éditions Caramel. « Nous sommes bien conscients de cette problématique. La gratuité nous permet avant tout d’augmenter le nombre de personnes lettrées dans les régions où l’accès à la connaissance est restreint, voire inexistant pour certaines couches de la population. Les éditeurs ont toutefois la possibilité de choisir les territoires sur lesquels ils autorisent la présence de leurs ebooks, ce qui leur permet d’éviter tout risque de cannibalisation », explique Jean-David Kouassigan.

Ce dernier a également évoqué d’autres problèmes rencontrés par Worldreader : « il nous est actuellement impossible de nous développer dans certaines régions d’Afrique à cause de la corruption. Nous avons également remarqué que les femmes sont plus nombreuses à utiliser Worldreader Mobile, or l’émancipation des femmes pose malheureusement encore problème dans certains pays ».

Les objectifs 2016

En guise de conclusion, Jean-David Kouassigan livre quelques-uns des objectifs pour l’année 2016. Tout d’abord, l’ONG entend continuer à étendre l’offre d’ebooks disponibles, notamment en français, en veillant toutefois bien à effectuer une sélection pointue des contenus. Comme le souligne M. Kouassigan, le but de Worldreader n’est pas uniquement de lutter contre l’analphabétisme, mais également de démocratiser l’accès à la connaissance en fournissant toujours plus de contenus de qualité. Worldreader travaillera également en partenariat avec Pencils of Promise, une autre organisation américaine luttant pour démocratiser l’accès à l’enseignement,  afin d’augmenter le nombre de liseuses au Nigéria.

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

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