EPUB Summit : un écosystème interopérable et accessible, un défi de taille pour les acteurs du livre numérique

Ces 7 et 8 avril se déroulait à Bordeaux le premier EPUB International Summit, un événement incontournable pour tous ceux impliqués de près ou de loin dans le livre numérique puisqu’il s’agissait de la première réelle occasion pour plus d’une centaine d’acteurs de se rencontrer, d’échanger et de définir l’avenir de l’ePub. Que retenir de cet événement ? Lettres Numériques vous livre quelques éléments de réponse.

Pour cette première rencontre d’envergure internationale, les organisateurs, à savoir l’European Digital Reading Lab (EDRLab) avaient du pain sur la planche. En effet, si l’objectif du format ePub est d’être utilisé par tous et de rester le plus accessible qui soit, il ne fait pas l’unanimité sur toutes les plateformes de vente. Rappelons à ce sujet qu’Amazon, l’un des plus gros vendeurs d’ebooks à travers le monde, a préféré créer son format propriétaire, le mobi. Quant à la DRM Adobe, actuellement utilisée pour protéger les fichiers ePub du piratage, elle ne convainc actuellement ni les sites de vente en ligne, ni les éditeurs et encore moins les lecteurs, pour qui elle peut devenir un réel casse-tête au moment de commencer sa lecture. Une rencontre telle que l’EPUB Summit était donc l’occasion d’aborder ces points problématiques et de rappeler le rôle de l’International Digital Publishing Forum (IDPF), créateurs du format ePub, de la Fondation Readium (association visant à implémenter le standard) et de l’European Digital Reading Lab, siège européen de Readium. Pour rappel, voici les principaux sujets qui ont été abordés lors de ces deux journées :

  1. Quelle est la feuille de route de la norme EPUB et de son logiciel open-source Readium ?
  2. Quel est le futur de l’EPUB ?
  3. Quelle utilisation de l’EPUB dans l’éducation ?
  4. Comment créer de puissantes publications EPUB ?
  5. Quid de la distribution numérique des documents au format EPUB ?

L’événement a bénéficié d’un réel intérêt et a été largement relayé dans la presse. Pour suivre tous les comptes rendus et articles liés aux différentes conférences, le PILEn a choisi de dédier sa première veille thématique à l’événement. Vous pouvez donc consulter tous les articles consacrés au Sommet ici.

Finalement, que retenir de cette rencontre ?

Interopérabilité, accessibilité : voilà les deux maîtres-mots de ce Sommet, qui résument les activités des fondateurs de l’ePub. L’objectif premier de ce format est de se positionner comme le format de référence unique pour les ebooks afin de garantir une interopérabilité entre les différents supports de lecture et de permettre ainsi au lecteur d’acheter un livre numérique sans se soucier de potentiels problèmes de compatibilité. L’accessibilité est également cruciale et reste à ce jour très problématique : la DRM Adobe reste un réel frein à l’utilisation de l’ePub puisque le lecteur est obligé de se créer un compte sur Adobe et de suivre plusieurs étapes avant de pouvoir commencer sa lecture. Dans le meilleur des cas, ce procédé rajoute des étapes avant le début de la lecture. Dans le pire des cas, il peut tout bonnement décourager le lecteur qui se retrouve perdu face à cette procédure. Comme l’expliquait récemment David Dupré de The Ebook Alternative (TEA), le service après-vente peut s’avérer catastrophique avec la DRM d’Adobe (article à relire ici).

Pour lutter contre ce problème, le consortium Readium a mis au point la DRM LCP (Lighweight Content Protection), comme nous l’expliquait récemment Cyril Labordrie, responsable de la promotion de l’EDRLab (pour relire l’interview, c’est ici). Le but de cette nouvelle DRM est de permettre une prise en main beaucoup plus fluide des ePubs pour les lecteurs et d’éviter tous les retours occasionnés par la DRM d’Adobe tout en garantissant un niveau de protection de fichier optimal. Malheureusement, dans les faits, ce beau projet nécessite encore quelques ajustements au niveau de la compatibilité avec les lecteurs ebooks existants et des ebooks déjà détenus par le lecteur. Cette solution technique en a toutefois déjà convaincu plus d’un : c’est le cas de TEA, qui a basé sa nouvelle DRM CARE à partir de la technologie LCP de Readium. Le débat sur les DRM sera probablement l’un des sujets phares des années à venir et il sera donc intéressant de suivre l’évolution de ce projet dans les prochains mois.

Finalement, la conclusion principale à retenir de cet EPUB Summit est bien que les acteurs du livre numérique présents à l’événement sont tous motivés par un objectif commun : faire de l’ePub le standard de référence et de qualité pour les ebooks, permettre une accessibilité et une interopérabilité optimales pour les lecteurs tout en garantissant un niveau de sécurité des fichiers élevé et obtenir ainsi un écosystème le plus parfait possible afin de pouvoir lutter contre les géants américains tels qu’Amazon. Car tout le problème est bien là : à l’heure actuelle, les expériences d’achat et de lecture proposées par les écosystèmes utilisant l’ePub n’arrivent pas à la taille des écosystèmes fermés tels que celui d’Amazon, et les plus petits acteurs ne partent donc pas avec les mêmes chances de convaincre les lecteurs, qui recherchent assez logiquement la meilleure expérience utilisateur possible.

Il y a donc encore du chemin à parcourir et l’avenir promet d’être intéressant. Au vu du succès de la première édition de l’EPUB Summit, l’équipe de l’EDRLab a annoncé son intention d’organiser une deuxième édition l’année prochaine. L’endroit reste encore à déterminer.

Retrouvez la première veille thématique du PILEn consacrée à l’ePub Summit ici.

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional