Françoise Prêtre de La Souris qui raconte : notre public cible ? Les collectivités

La Souris qui raconte est une maison d’édition jeunesse 100% numérique éditant des textes destinés aux enfants âgés de 5 à 10 ans. Nous avons voulu en savoir plus sur cette structure fondée par Françoise Prêtre et sur le succès d’un projet qui séduit avant tout les collectivités, plus que le grand public.

Une offre inédite et diversifiée

Françoise Prêtre a fondé La Souris qui raconte à l’âge de 52 ans, après une carrière dans la direction artistique au sein d’une agence de communication et une expérience dans l’édition de catalogues. Passionnée par l’art et la mise en page, elle choisit de créer sa propre entreprise à la suite d’une formation en entrepreneuriat. La Souris qui raconte propose quatre collections d’histoires inédites qui n’existent qu’au format numérique.

  1. Histoires à lire
  2. Histoires à jouer
  3. Histoires à inventer
  4. Histoires d’école

La souris qui raconte

Ces collections sont élaborées à partir des degrés d’interactivité que l’on peut retrouver dans les illustrations et dans le texte. « Dans les histoires à inventer, la narration n’est pas linéaire. Elle est présentée soit en arborescence (du type des livres dont vous êtes le héros) ou peut être lue dans n’importe quel sens » explique Françoise Prêtre. Tous les livres parus proposent la lecture audio optionnelle, les textes étant lus par des conteurs professionnels recrutés via les réseaux sociaux ou le bouche-à-oreille. Ils permettent aux jeunes lecteurs en difficulté de se concentrer sur l’écoute plutôt que la lecture. Les histoires s’adressent à des enfants-lecteurs assidus mais aussi à ceux qui n’aiment pas lire et qui se tournent vers les écrans. « La narration est très importante. Dans les histoires d’école, la parole est laissée aux enfants afin qu’ils puissent créer leurs propres histoires en tant qu’auteur, illustrateur ou encore conteur. Cela laisse place à la création » poursuit Françoise Prêtre.

Depuis quelque temps, La souris qui raconte a arrêté la création de livres audio. L’éditrice nous explique : « Nos livres audio sont énormément téléchargés mais seulement pour leurs parties gratuites. Comme pour les livres numériques, des extraits gratuits sont proposés et pour obtenir la suite, il faut payer. Les parents ne souhaitent pas toujours débourser et n’accèdent donc pas à la fin de l’histoire. J’ai donc décidé d’arrêter ce travail. Malgré tout, l’audio est toujours disponible dans les histoires puisqu’il y a la possibilité d’activer la lecture audio ».

La Souris qui raconte, une maison d’édition tournée vers les collectivités

Pour rendre ses livres disponibles au public, la maison d’édition proposait via son site Web une formule d’achat par titre complété par l’achat du fichier audio correspondant, permettant d’avoir un autre prolongement du livre. « Finalement, cela a peu fonctionné. En juillet 2015, nous avons donc décidé de passer à un système d’abonnement qui intéresse avant tout les collectivités. » La Souris qui raconte a dès lors compris que le grand public n’était pas vraiment son cœur de cible, les ventes demeurant assez marginales sur des plateformes comme Apple ou Google : « Le chiffre d’affaires de notre maison d’édition se fait à 80% par le biais des abonnements pris par les collectivités. En second lieu, il y a les ventes sur Apple, puis les ventes via notre site web et enfin les achats réalisés sur Google. »

Les collectivités (bibliothèques et écoles) sont les premiers clients de La Souris qui raconte. Françoise Prêtre mentionne notamment la mise en place d’un partenariat avec Planète Nemo, éditeur de sites et jeux sur le Web à destination de ces collectivités. « Nous nous sommes associés pour être plus forts et ainsi toucher un plus large public, dont les écoles. » La Souris qui raconte est également partenaire du réseau Carel, une porte d’entrée pour toucher les bibliothèques.

La technologie et son évolution constante, un frein au développement ?

Lorsque la maison d’édition a vu le jour en 2010, la tablette d’Apple venait de débarquer. La technologie utilisée depuis plusieurs années était celle d’Adobe Flash, ce qui a posé quelques problèmes lorsque l’iPad a fait son apparition sur le marché. « Nous avons laissé passer l’orage en poursuivant avec Flash, tout en sachant que l’avenir est le HTML. Notre objectif pour le futur de La Souris qui raconte est de revoir tous les anciens titres (environ 42 histoires) afin de les faire basculer en langage HTML » explique l’éditrice.

Les formats développés par la maison d’édition sont l’application et l’ePub 3 enrichi. À terme, Françoise Prêtre ne prévoit pas de republier d’autres applications car il s’agit d’investissements colossaux au niveau technique mais aussi d’un point de vue marketing. Selon elle, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Elle va en revanche poursuivre le développement de l’ePub 3, selon le modèle Carte à lire, plateforme qui propose de lire et d’offrir des ebooks interactifs.

Google Play la souris qui raconte

Françoise Prêtre termine : « Le côté technique est complexe et des acteurs comme Apple ou Google ne nous aident pas beaucoup. L’offre pléthorique des supports de lecture qui existent aujourd’hui rend également difficile l’expérience du lecteur. Aussi, je trouve que le numérique ne se prête pas à la préservation et à la pérennité des contenus. Aujourd’hui, nous sommes capables de lire un manuscrit au format papier qui date du XIIe siècle mais, dans un siècle, où en serons-nous avec le numérique ? Que serons-nous en mesure de conserver et de lire ? »

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— Gaëlle Noëson

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Gaëlle Noëson

Digital publishing professional