La DRM chronodégradable : une solution réellement idéale pour le prêt numérique ?

Comment protéger son ebook dans le cas du prêt ? Cette pratique, qui se répand de plus en plus (pensons notamment au programme PNB) appelle à un système de protection un peu différent de ceux mis en place pour l’achat puisque la notion de durée du prêt intervient. Actuellement, la solution privilégiée par les bibliothèques et institutions est la DRM chronodégradable. Mais de quoi s’agit-il exactement et quels sont les droits du lecteur face à ce type de protection ? Cette semaine, Lettres Numériques se penche sur la question.

La DRM chronodégradable en pratique

Rappelons rapidement le principe du prêt de livres numériques : l’éditeur choisit de mettre à disposition, via son distributeur, son catalogue de livres numériques à différents réseaux de bibliothèques et institutions selon certaines conditions telles que le nombre d’emprunts simultanés, la possibilité de consulter le livre en ligne ou encore la durée du prêt.
Mais comment « reprendre » un fichier numérique une fois celui-ci téléchargé par le lecteur ? C’est là qu’intervient la DRM chronodégradable. En clair, ce type de DRM rend l’ebook illisible une fois la durée limite du prêt dépassée et le lecteur ne peut donc plus le consulter.

Quelles conséquences pour l’expérience utilisateur ?

Adobe_Systems_logo_and_wordmark.svg
Actuellement, la DRM la plus utilisée n’est autre que celle mise au point par… Adobe, dont nous vous avons déjà longuement parlé dans Lettres Numériques pour l’expérience de lecture chaotique qu’elle est susceptible d’entraîner. Si ce modèle de prêt numérique se rapproche donc du livre papier (on loue un livre pour une durée déterminée), il ne fait certainement pas l’unanimité de tous les acteurs du livre, et pour cause : tous les problèmes que pose la DRM d’Adobe dans le cas de l’achat d’un ebook se posent également dans le cas du prêt puisqu’il s’agit de la même technologie.
Pour Alexandre Lemaire, gestionnaire du portail Lirtuel en Fédération Wallonie-Bruxelles, les retours concernant la DRM d’Adobe sont pourtant plutôt rares : « Le plus difficile avec Adobe reste la création du compte et le changement d’outil de lecture. Nous avons mis au point des guides d’utilisation très complets afin de guider les lecteurs. Si ces derniers rencontrent des problèmes, ils peuvent également nous contacter via l’assistance en ligne ».
Un constat intéressant qui donne à penser que les problèmes liés à la DRM d’Adobe sont peut-être en grande partie liés au manque d’accompagnement des lecteurs. Toutefois, on ne peut nier que cette DRM rajoute des étapes entre le téléchargement du fichier et la lecture et que cet accompagnement ne serait pas nécessaire avec une DRM plus simple d’utilisation, telle que la DRM LCP sur laquelle travaille actuellement le consortium Readium.

N’oublions pas non plus que le système de DRM coûte très cher et force les éditeurs à augmenter considérablement leurs prix, diminuant ainsi l’accessibilité de leurs catalogues pour les bibliothèques et institutions.

Repenser le système de prêt ?

Plus globalement, peut-être serait-il aussi nécessaire de repenser le système de prêt numérique en bibliothèques. Plutôt que de pratiquer le prêt à l’unité, qui entraîne nécessairement un contrôle sur le fichier et impacte négativement l’expérience utilisateur, pourquoi ne pas imaginer un système d’abonnement global où le lecteur accède au catalogue de la bibliothèque sans restriction sur les fichiers ? Une chose est sûre, le prêt numérique nécessite une réflexion profonde dont l’objectif final devrait être de garantir la meilleure expérience pour le lecteur ainsi que pour les acteurs impliqués dans le processus.

Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter et Facebook.

Ailleurs sur Lettres Numériques :

— Mélissa Haquenne

Share Button

Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional