Quelles sont les pratiques des Français en matière de livres audio ?

Alors que le livre audio connaît ces dernières années une croissance remarquable dans certains pays, et particulièrement aux États-Unis (voir cet article), une enquête du Syndicat national de l’édition intitulée « Les Français et les livres audio » vient nous éclairer sur les pratiques de consommation en matière d’audiobook en France.

Ce lundi 26 juin, à l’occasion d’une cérémonie récompensant les lauréats du Grand Prix du livre audio 2017 au Centre national du livre (CNL), les résultats de l’étude « Les Français et les livres audio » ont été présentés. Cette enquête, menée par Ipsos pour le compte de la Commission livre audio du Syndicat national de l’édition avec le soutien du Centre national du livre, a été réalisée à l’échelle nationale auprès de 2 000 personnes de 16 à 75 ans représentatives de la population française et interrogées dans le courant du mois de février 2017.

La récente montée en puissance de ce format pose certaines interrogations, notamment celle de savoir quelle incidence cette croissance aura sur le marché de l’ebook (nous tentions de répondre à cette question dans cet article), et cette étude a pour vocation de clarifier la situation. Au-delà des chiffres du marché, elle vise donc à mesurer les pratiques actuelles des Français en matière d’écoute de livres audio, à dresser le profil des auditeurs actuels et potentiels et à comprendre les perceptions, les motivations et les freins vis-à-vis des audiobooks.

Le profil des auditeurs

Selon les résultats de l’enquête, près d’un Français sur cinq a déjà écouté un livre audio, et un sur dix en achète régulièrement. Ainsi, 82 % des personnes consultées n’ont jamais écouté de livres audio, mais 14 % se déclarent tout de même intéressées par ce mode de lecture. Les auditeurs sont généralement de grands lecteurs sous tous formats, d’un bon niveau culturel et social et particulièrement actifs. Pour eux, le principal intérêt de ce format est qu’il leur permet de lire davantage. Le profil-type d’un auditeur est donc le suivant : une femme de 44 ans avec enfants, qui dispose d’un haut niveau d’éducation, est équipée en nouvelles technologies, est consommatrice de musique et de podcasts et grande lectrice de livres.

Par ailleurs, si aucun enfant n’a été consulté dans le cadre de cette étude, plusieurs parents disent encourager leurs enfants à écouter des livres audio, cette activité leur permet selon eux de les occuper calmement, de développer leur imagination et leur compréhension du langage et du texte, en plus d’enrichir leur vocabulaire.

étude français audiobooks

Les pratiques en matière d’écoute d’audiobook

L’étude d’Ipsos nous livre également des enseignements en ce qui concerne les habitudes de lecture. Fait assez surprenant, il apparaît que 58 % des auditeurs consultés écoutent des livres audio sur CD, même si le format dématérialisé est en nette expansion. Au niveau de la fréquence d’écoute, la grande majorité des Français interrogés consomment un à deux livres audio par an. Néanmoins, la moyenne de livres écoutés par an monte jusque sept, ce chiffre étant tiré vers le haut par les grands auditeurs.

L’écoute de livre audio en France semble demeurer en général une pratique occasionnelle ; 21 % des auditeurs disent ainsi s’adonner à cette activité uniquement pendant les vacances. Les lieux d’écoute les plus représentés parmi les personnes consultées restent tout de même le domicile (64 %), suivi de la voiture, surtout lors de long trajet.

Le choix du livre

Les livres audio, à l’instar des formats numérique et traditionnel, sont essentiellement choisis en fonction du sujet (68 %). La voix de l’interprète joue par contre ici un rôle déterminant (47 %), et l’auteur du livre n’intervient ainsi qu’en 3e position (avec 32 %) des facteurs expliquant le choix. En ce qui concerne les genres les plus populaires chez les auditeurs, ils sont similaires à ceux plébiscités par les lecteurs sur d’autres supports, à savoir, dans l’ordre, les romans policiers, les ouvrages contemporains, les œuvres de la littérature classique et la science-fiction. Une divergence notable concerne les livres historiques, qui sont plus représentés chez les auditeurs que chez les lecteurs traditionnels.

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Les résistances au développement

Enfin, l’étude révèle l’existence de freins qui continuent à entraver l’expansion du livre audio en France. Les déclarations des non-lecteurs permettent d’en identifier certains : l’attachement au papier pour le public adulte, la crainte de difficultés de concentration chez les jeunes, le prix perçu comme élevé et l’offre, méconnue, considérée comme restreinte. Si la plupart de ces préjugés sont susceptibles de tomber quand le livre audio sera mieux ancré dans les pratiques, d’autres écueils peuvent être évités en renforçant la visibilité de celui-ci dans les points de vente physiques ou dématérialisés.

Au vu des résultats globaux de l’enquête, il est clair que si le secteur du livre audio se développe, il est encore loin de connaître l’essor observé aux États-Unis ou ailleurs. Néanmoins, si sa diffusion venait à s’élargir, le marché pourrait suivre cette croissance, car il connaît déjà un potentiel de développement important. Pour plus d’informations sur les résultats de l’enquête, n’hésitez pas à consulter le rapport complet disponible via ce lien.

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Raphaël Dahl

— Rédaction

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