Le numérique en Espagne : quelle évolution ?

Dans notre tour d’horizon du numérique, nous marquons cette semaine une halte en Espagne. Il y a quelque temps, nous avions constaté que le marché du numérique dans la péninsule ibérique était en transition et marqué par la grande consommation de contenus illégaux. Qu’en est-il aujourd’hui ? Voici des éléments de réponse issus d’une étude consacrée à l’utilisation des contenus digitaux et aux habitudes de consommation des Espagnols en matière de numérique.

Rappelez-vous : après la crise économique de 2008 qui a particulièrement touché l’Espagne, le marché de l’édition de ce pays européen a dégringolé, avant de connaître une stabilisation et d’entamer une légère relance à partir de 2015. Une analyse plus approfondie de la situation peut être consultée ici. Mais quelles sont les habitudes des internautes espagnols ?

Le digital en Espagne

Selon l’enquête menée par l’ONTSI (Observatorio Nacional de las Telecomunicaciones y Sociedad de la Información) pour l’année 2016, les consommateurs espagnols associent les contenus digitaux de tous types (films, vidéos, lecture, etc.) à Internet et aux nouvelles technologies. Si les photos et les applications mobiles sont les plus plébiscitées (avec 71,6 % et 67,1 % d’utilisateurs), le numérique est aussi fortement lié à la lecture. Les deux tiers des Espagnols consultent la presse sur Internet tandis que près d’un quart de la population (23,5 %) lit des livres numériques. Et parmi ces consommateurs, 15,6 % utilisent la liseuse comme support de lecture (contre 5,6 % pour la tablette) et la même proportion environ télécharge ses ebooks sur Internet.

Les réseaux sociaux et les applications mobiles semblent aussi très appréciés : les Espagnols sont nombreux à les utiliser, en majorité quotidiennement et via leur téléphone portable. Avec cette surconsommation digitale, les utilisateurs craignent toutefois un non-respect de la vie privée et dénoncent les effets pervers qu’ils trouvent au numérique, comme la prévalence de la quantité au détriment de la qualité des contenus, ainsi que la perte de sociabilité engendrée par le côté solitaire de ces activités.

Un marché complexe

Les Espagnols sont friands de nouvelles technologies, certes. Mais, comme nous l’évoquions déjà par le passé, les internautes sont réticents à payer pour du contenu trouvé en ligne. S’ils sont encore nombreux à se tourner vers des contenus piratés, en 2016 un tiers d’entre eux a choisi l’acquisition légale. La situation ne semble toujours pas idéale, mais il s’agit là d’une amélioration significative par rapport à une précédente étude réalisée en 2011.

La méfiance des Espagnols à payer pour des contenus digitaux s’explique par deux raisons principales :

  • les sites de téléchargement illégal (de musique et de films, mais plus récemment d’ebooks aussi) sont si bien implantés que certains utilisateurs ne savent pas si les contenus qu’ils y trouvent sont légaux ou non ;
  • plus d’un tiers de la population pense que la vente de ces contenus ne profite qu’aux producteurs, aux éditeurs et aux multinationales.

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Le livre numérique fait partie des produits pour lesquels les Espagnols paient le plus volontiers (10,6 % au cours de l’année écoulée). Le micropaiement est plébiscité pour les contenus digitaux de manière générale (films, séries, livres numériques), sauf pour la musique : dans ce domaine, les Espagnols préfèrent le modèle de consommation gratuit avec des publicités.

Profil des internautes

Presque tous les Espagnols (96,4 %) possèdent un smartphone et ils sont 83,6 % à disposer d’une connexion Internet. Ce sont les hommes qui utilisent majoritairement les contenus numériques, exception faite de la lecture de livres numériques, qui séduit 24,7 % des femmes pour 22,3 % d’hommes.

Au niveau de l’âge, les plus grands consommateurs de contenus digitaux appartiennent aux catégories les plus jeunes, situées entre 16 et 34 ans : l’usage du numérique est intensif pour près de 40 % de ces utilisateurs (respectivement 38,3 % pour les 16-24 ans et 39,9 % pour les 25-34 ans). Ensuite, la fréquence d’utilisation diminue proportionnellement à l’âge qui augmente.

On peut aisément dire que les Espagnols, surtout les plus jeunes, sont technophiles et amateurs de numérique. Si les vieilles habitudes ont la peau dure en matière de contenus illégaux, tout espoir n’est pas perdu, chiffres à l’appui. L’évolution de ce marché complexe et encore marqué par les événements passés sera très intéressante à suivre !

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— Loanna Pazzaglia

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