Wooclap : l’application qui fait bouger l’enseignement évolue !

En janvier 2017, nous vous présentions l’application Wooclap dans une interview que nous avait accordée Sébastien Lebbe, l’un de ses fondateurs. Près d’un an et demi plus tard, Lettres Numériques rencontre à nouveau cet entrepreneur et fait le point sur l’évolution de cette plateforme web destinée à rendre l’enseignement amusant et interactif, mais également plus efficace.

LN : Pour les lecteurs qui vous découvrent, pouvez-vous brièvement présenter Wooclap, son origine et ses objectifs ?

S.L. : Nous sommes partis d’un constat : les cours ne sont pas interactifs à l’université ou au secondaire, et la durée moyenne d’attention d’un étudiant est de 10 minutes. Nous avons donc créé une plateforme web permettant à l’enseignant de dynamiser son cours en posant des questions (QCM, sondages ou questions ouvertes) auxquelles les étudiants répondent avec leurs smartphones ou par SMS. Les résultats apparaissent en temps réel dans la présentation de l’enseignant. Ainsi, Wooclap permet de dynamiser le cours, de mesurer la compréhension de la classe ou de l’auditoire en temps réel et d’adapter en conséquence les explications. De plus, il pousse les étudiants à se rendre compte de leur niveau de connaissance ou de compréhension, mais leur permet également de poser des questions anonymement via l’application (les plus timides peuvent s’exprimer facilement sans interrompre le professeur).

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À la base, notre plateforme était utilisée principalement par des universités. Aujourd’hui, toutes les universités de Belgique francophone et de nombreuses hautes écoles l’utilisent, mais ce ne sont pas les seules : de plus en plus d’écoles secondaires commencent à l’adopter. Des directeurs prennent les devants et encouragent leurs enseignants à utiliser l’application pour rendre leur pratique pédagogique plus dynamique et efficace.

Quelles évolutions a connues Wooclap depuis janvier 2017 ?

La plateforme a beaucoup évolué. Nous avons travaillé en collaboration avec de nombreux enseignants, d’universités et d’écoles, mais également avec des chercheurs en neurosciences. Nous avons d’ailleurs été beaucoup plus loin dans ce que l’on pouvait faire grâce aux connaissances acquises en neurosciences.

Premièrement, nous avons développé des fonctionnalités à la demande des enseignants. Nous avons par exemple ajouté l’appariement : les étudiants peuvent relier des éléments présents dans deux colonnes, que ce soit avec des images ou des définitions ; cette fonctionnalité est énormément utilisée pour les cours de médecine, de biologie, mais également pour les cours de langues. Nous avons aussi créé l’option de l’ordonnancement, qui permet de classer les différentes propositions dans un certain ordre. Nous avons également ajouté des fonctionnalités de brainstorming qui permettent d’animer un débat et de classer des messages dans différentes catégories. Enfin, nous avons amélioré les représentations graphiques pour offrir à l’enseignant une meilleure interprétation des réponses à ses questions.

Deuxièmement, nous avons conçu à la demande des universités une jauge de compréhension qui permet à l’étudiant d’indiquer à tout moment s’il comprend ou non ce que l’enseignant est en train d’expliquer, via un bouton sur son smartphone « Je comprends » ou « Je suis perdu ». Grâce à cette fonctionnalité, l’enseignant connaît en temps réel le nombre d’étudiants qui ne parviennent pas à suivre ses explications et peut directement adapter son discours.

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La dernière grosse évolution est la possibilité pour les étudiants qui le souhaitent d’obtenir un rapport personnalisé à la fin de chaque cours. Celui-ci est généré en fonction des réponses fournies durant le cours par l’étudiant.

Vous nous l’avez dit, vous travaillez désormais avec des chercheurs en neurosciences : quel a été leur rôle dans le développement et la mise en place de ces nouvelles fonctionnalités ?

Chez Wooclap, nous voulons aider les enseignants à changer leur manière de donner cours, et les neurosciences nous permettent de leur donner des conseils en ce sens. Les méthodes traditionnelles ne fonctionnent plus ; la durée d’attention des étudiants diminue : la génération Z, de plus en plus connectée, s’attend à vivre des expériences partout et tout le temps. Du coup, donner un cours d’une ou deux heures à des étudiants qui écoutent passivement ne fonctionne pas. On conseille donc aux enseignants de casser ce rythme en variant les activités pédagogiques : par exemple, en proposant un quizz, en racontant une anecdote, en posant une question décalée mais pertinente, en montrant une vidéo, en présentant un témoignage, etc.

De plus, aujourd’hui, l’enseignement est associé à quelque chose de barbant ; chez Wooclap, nous voulons justement complètement changer cela. Puisque l’on apprend mieux par le jeu et lorsque l’on s’amuse, nous voulons encourager les professeurs à rendre leur enseignement excitant et amusant, mais continu. Le rôle de l’enseignant est en train de changer : ce n’est plus quelqu’un qui transmet son savoir à des étudiants qui l’écoutent, mais plutôt un coach qui encadre les étudiants en leur indiquant ce qu’ils doivent lire ou regarder, puis les aide dans leur réflexion. C’est vraiment sur cette tendance-là que l’on travaille. En ce sens, nous allons publier, dans les semaines qui arrivent, un livre blanc qui reprendra les notions importantes en neurosciences. Celles-ci pourront aider les professeurs à améliorer leur manière d’enseigner. Nous avons vulgarisé ces notions pour que le contenu soit accessible et agréable à des enseignants qui ne sont pas experts en neurosciences.

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De nouvelles évolutions sont-elles prévues dans le futur ?

Nous allons évidemment continuer à ajouter des fonctionnalités à notre application. Notre objectif est de travailler sur l’ancrage. Wooclap est utilisé pour dynamiser les cours, mai aussi de plus en plus pour préparer les cours : les étudiants répondent à des questions avant ou après le cours, ou utilisent Wooclap pour réviser. Notre objectif est donc de poursuivre dans cette direction : améliorer l’apprentissage de façon continue, et pas uniquement en classe. Nous voulons proposer un large panel de fonctionnalités, et faire en sorte que la transition vers un enseignement plus dynamique ne soit pas trop lourde pour les professeurs. Nous proposerons par exemple dans les mois qui viennent des banques de questions dans lesquelles ils pourront aller piocher (en fonction des thématiques et des chapitres abordés dans leurs cours).

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— Emilie de Sousa Oliveira

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