Rentrée scolaire numérique : point de vue sur les FUN MOOC

Qualifiée de révolutionnaire lors de son lancement en 2013, FUN MOOC propose des cours en ligne, gratuits et ouverts à tous. Initiée en France par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, la plateforme vise à placer le numérique au cœur du parcours étudiant par ses qualités interactives et collaboratives. Si elle recense plus d’un million d’inscriptions et un éventail de cours conséquent, certains soulignent pourtant un essoufflement de sa portée effective. Point de vue sur cette promesse de démocratisation de la connaissance.

Commençons par déblayer le terrain sémantique : derrière l’acronyme FUN se cache le plus sérieux « France Université Numérique », la référence francophone en matière de MOOC. Ces cours en ligne ouverts au plus grand nombre (ou massive open online courses) font partie d’un mouvement de numérisation majeur en termes d’enseignement. Bien que les anglicismes abondent sur le site, le projet s’inscrit dans une volonté de rayonnement scientifique francophone à travers le monde. C’est donc en partenariat avec plus de 50 universités, dont certains établissements belges comme l’ULB et l’ULG, que la plateforme a élaboré un large choix de cours gratuits en ligne. Après une inscription rapide, les apprenants peuvent sélectionner des cours en fonction de l’établissement ou des thématiques aussi variées que le bien-être des animaux d’élevage ou l’introduction à la physique quantique. Le dispositif est simple et didactique ; les cours sont divisés en modules et leur contenu décliné sous forme de vidéos, d’animations et de documents texte. Chaque module comporte également un quiz hebdomadaire afin de mettre les acquis des apprenants à l’épreuve. Si les cours dispensent une « attestation de suivi avec réussite » à valeur symbolique, une certification payante est possible depuis 2016 pour certains MOOC, en reproduisant des conditions d’examen plus rigoureuses.

Diplômer ou diffuser ?

Bien que la plupart des cours n’exigent aucun prérequis, on peut s’interroger sur la valeur réelle de cette nouvelle forme d’enseignement « désintéressée ». Si les défenseurs des MOOC mobilisent la démocratisation de l’accès à la connaissance, certains critiques soulignent l’importance des médiations et d’une « attention conjointe » dans l’enseignement, à l’image antique de l’amphithéâtre. Si cette attention s’avère plus fragile dans les espaces numériques, ceux-ci offrent en revanche la possibilité d’échanges continus entre élèves, mais aussi avec l’équipe pédagogique de chaque cours. Des pages de discussion sont prévues pour favoriser une pédagogie active et faciliter la collaboration entre pairs. Si, comme le note le professeur de philosophie et membre de la plateforme Jean-François Balaudé, l’objectif des MOOC n’est pas de diplômer, mais bien de diffuser la connaissance, on peut se réjouir du large éventail de cours à la portée de toute personne curieuse disposant d’une connexion internet. Sans pour autant remplacer un parcours académique classique, les ressources éducatives libres permettent une initiation à de nombreux thèmes ainsi qu’une mise à niveau si nécessaire. Elles peuvent également s’avérer précieuses pour les acteurs de l’éducation permanente. En effet, la plupart des cours proposent des licences libres qui se prêtent au partage de l’information. Si certaines sont plus restrictives que d’autres (n’autorisant pas de modifications ou d’utilisation commerciale), elles permettent tout de même la divulgation de contenus pédagogiques de qualité.

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Quelques exemples de cours en ligne sur le site FUN MOOC 

Un fonds pour l’autodétermination

Au-delà du débat sur sa viabilité économique, le projet FUN séduit par sa capacité à promouvoir une citoyenneté active et développer une plus grande autonomie chez les apprenants. De nombreux cours s’intéressent à l’innovation sociale, comme le cours du CNFPT, La participation du public dans le champ environnemental, mais également à des problématiques contemporaines, comme la session récente de Sciences Po sur les migrations internationales. Le site offre également de nombreuses ressources pour les aspirants entrepreneurs, comme en atteste son cours le plus prisé, Du manager au leader par le CNAM.

Autant de raisons d’aller y faire un tour — ne serait-ce que pour le fun.

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— Emma Kraak

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