PNB, un dispositif en plein essor

Nous vous avons déjà parlé du dispositif PNB, géré par Dilicom sous l’égide du Ministère de la Culture français. Trois ans après son lancement, nous revenons sur son évolution globale et les résultats obtenus.

Pour rappel, PNB était fort décrié à son lancement à cause de plusieurs facteurs :

  • la péremption des lots de jetons achetés par les bibliothèques aux éditeurs, qui risquerait d’inciter les bibliothèques à se tourner vers des best-sellers pour éviter les pertes financières ;
  • le tarif trop élevé appliqué par les éditeurs, qui pouvait conduire à trois dérives : le rejet du projet par les bibliothèques, l’acquisition sélective (au moins cher) et donc le manque de succès auprès des usagers.

Certains voyaient alors en ce projet un dispositif trop onéreux à mettre en place. Si le démarrage fut en effet timide, le projet est pourtant peu à peu parvenu à convaincre un nombre croissant de bibliothèques et d’usagers.

PNB en 2018

Aujourd’hui, le dispositif PNB rassemble 960 éditeurs et 3 900 bibliothèques, ce qui représente plus de la moitié du nombre total de bibliothèques de France. En janvier 2018, le catalogue comportait plus de 155 000 titres. Le succès du projet se comptabilise surtout en termes d’emprunts, le nombre de prêts se chiffrant à 620 000 depuis 2015. Le projet, présent en France, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg et à Monaco, est donc pleinement opérationnel et continue à élargir son offre, tant en nombre de bibliothèques adhérentes qu’en nombre d’ouvrages disponibles.

Selon une infographie relayée par le SNE (Syndicat national de l’édition), ce dispositif est équitable et respectueux de la rémunération des acteurs du livre. De plus, les modalités de prêt souples, adaptables et sécurisées, sont un atout : l’usager bénéficie en effet d’un accès légal et gratuit aux livres numériques. L’expérience de lecture est améliorée et permet notamment à des personnes malvoyantes d’avoir accès à un grand choix d’ouvrages. Ce système de prêt numérique, fonctionnant avec une protection chronodégradable des fichiers, est permis par les DRM (gestion des droits numériques).

Notons que ces dernières, auxquelles nous avons déjà consacré quelques articles dans Lettres Numériques, ont été au cœur d’un scandale impliquant le logiciel Adobe Digital Editions. Ce programme, très curieux, collectait des informations d’utilisateurs et les transmettait en clair, permettant donc une interception très facile par des tiers. Depuis, une solution a été mise en place pour pallier ce manque de sécurité. Le dispositif DRM LCP, maintenu et certifié par EDRLab, règle ce problème et s’affranchit du géant américain. Il permet le verrouillage numérique en chiffrant les ePubs pour contrôler l’usage des livres empruntés, et ce, sans nécessiter d’inscription de la part de l’utilisateur. Il faudra cependant patienter un peu avant que les DRM d’Adobe soient complètement remplacées.

Logo_PNB

Quel avenir pour PNB ?

La troisième version de PNB est sortie en 2017 et propose une version améliorée du dispositif aux bibliothèques, où les anciennes fonctionnalités ont été optimisées et d’autres ajoutées : la maîtrise des demandes de prolongation de la durée d’un prêt, des restitutions anticipées d’ouvrages, etc. Le projet, dynamique, est donc actif et en constante évolution.

Certains font encore valoir certaines critiques et mettent le doigt sur divers aspects à améliorer :

  • certains éditeurs ne font pas encore partie de l’offre ;
  • la différenciation fonds/nouveautés pose problème : un livre peut afficher jusqu’à 3 prix différents au fil du temps. Une harmonisation semble cependant se profiler ;
  • chaque éditeur fixant ses conditions de prêt, le catalogue de la bibliothèque peut alors devenir très compliqué à gérer, car trop hétéroclite ;
  • les prix sont encore élevés (15 % plus cher que le livre papier), différentes offres pour l’achat de jetons devraient permettre aux bibliothèques de prendre moins de risques financiers ;
  • si la durée des jetons est périmée, il faut racheter la licence de l’ouvrage. Cette contrainte complique la gestion du catalogue des bibliothèques qui souhaitent garder une offre attractive et pérenne.

Si le dispositif PNB, ayant convaincu à la fois les acteurs du livre ainsi que les usagers, affirme sa position d’acteur incontournable du prêt numérique, certaines améliorations peuvent encore être apportées pour faciliter son utilisation au sein des bibliothèques et pour encourager celles-ci à investir dans ce domaine. Affaire à suivre !

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— Jean Cheramy

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