Le robot artiste Ai-Da expose ses premières œuvres

Les visiteurs d’Oxford ont eu l’occasion de rencontrer une création des plus étonnantes du 12 juin au 6 juillet dernier. Ai-Da est en effet le premier robot-artiste humanoïde au monde. Elle peut dessiner et exercer des performances artistiques diverses. L’intelligence artificielle fait ainsi sa grande entrée dans le domaine de l’art. L’idée d’un robot capable de créer des œuvres inédites vient d’Aidan Meller, directeur de galerie d’art à Oxford.

Dotée d’une intelligence artificielle, Ai-Da fait plus que simplement imprimer des dessins, elle crée des œuvres tout à fait originales. Elle peut par exemple reproduire le portrait de la personne assise en face d’elle, grâce aux petites caméras qui occupent ses yeux. Ces caméras envoient les informations captées à un ordinateur, qui va les traduire et permettre à Ai-Da de reproduire l’image observée en un dessin, réalisé via son bras mécanique. Elle est également capable de participer à des peintures et des sculptures collaboratives. Rendez-vous ici pour la voir à l’œuvre.

Une nouvelle voix dans le domaine artistique

Huit de ses dessins, vingt de ses peintures et quatre sculptures étaient exposés à l’université d’Oxford jusqu’au 6 juillet dernier. Cette exposition originale, appelée Unsecured Futures (« futurs incertains »), donne une nouvelle voix au monde de l’art, selon le créateur d’Ai-Da. Au-delà de ses compétences artistiques, ce robot humanoïde est aussi capable d’entendre une conversation et de répondre à un interlocuteur. Ai-Da a d’ailleurs participé à une interview donnée à Paris Match le 3 juillet dernier. Durant cette première exposition, elle accueillait les visiteurs et pouvait discuter avec eux en employant des phrases préprogrammées.

Cette intervention de l’intelligence artificielle dans l’art soulève cependant quelques questions. Ai-Da est-elle une véritable artiste ? Le crédit de ses œuvres doit-il revenir à ses concepteurs ? « Nous voulions explorer les usages et les abus de l’IA aujourd’hui, parce que nous sommes préoccupés par la prochaine décennie qui arrive brutalement et les questions éthiques qu’elle pose », explique Aidan Meller à l’agence Reuters.

Le marché a apporté sa réponse à la question de savoir s’il s’agit de réelles œuvres d’art, puisque toutes ont d’ores et déjà été vendues pour un montant total dépassant le million d’euros ! Ce n’est cependant pas une première pour une IA : la maison de vente Christie’s avait déjà vendu en décembre 2018 une œuvre créée par un algorithme, Portrait of Edmond Belamy, pour plus de 450 000 euros.

Que pense Ai-Da de tout ça ? Interrogée par Aidan Meller, elle a tenu les propos suivants : « Les nouvelles technologies peuvent être source du meilleur comme du pire. Tenter de freiner leur utilisation négative est une grande responsabilité dont nous devrions tous prendre notre part. »

Toutes les questions soulevées par cette innovation mettent en avant la complexité des interactions actuelles et à venir entre les mondes numérique et physique, notamment dans le domaine de l’art.

ai-da

L’intelligence artificielle au service de l’artiste

Son créateur, Aidan Meller, a eu l’idée de créer Ai-Da il y a huit ans et l’a nommée ainsi en hommage à la mathématicienne et pionnière anglaise de la science informatique, Ada Lovelace. En 2017, la conception de l’humanoïde a démarré dans les ateliers de la société de robotique Engineered Arts. Avec Aidan Meller, les ingénieurs ont créé le squelette, puis donné à Ai-Da une apparence féminine, afin de « corriger le déséquilibre entre les hommes et les femmes, omniprésent dans le monde de l’art », insiste le premier.

Des étudiants des universités de Leeds et d’Oxford ont quant à eux développé le cerveau du robot, composé d’algorithmes complexes. Grâce à ces programmes très élaborés, Ai-Da peut converser et choisir, sans l’aide de l’homme, les œuvres qu’elle souhaite dessiner.

« On ne sait pas ce qu’elle a en tête quand elle commence à crayonner. Il est impossible de prédire ce qu’elle va réaliser », poursuit le marchand d’art. Comme Ai-Da ne sait que tenir un crayon et réaliser des croquis simples, elle fournit, pour terminer ses œuvres, des indications à des peintres en chair et en os qui les appliquent au doigt et à l’œil.

Au-delà de ses capacités à suivre du regard des objets en mouvement, de reconnaître et d’imiter les expressions faciales de ses interlocuteurs, Ai-Da est aussi et avant tout le premier robot humanoïde à pouvoir reproduire le portrait d’une personne en dessins.

Il existe déjà des robots capables de dessiner des portraits grâce à leur intelligence artificielle, composée principalement d’algorithmes, mais Ai-Da est la première à disposer de son propre corps. Elle dessine les portraits grâce à sa main mécanique dans laquelle elle tient un crayon.

Aidan Meller, qui est à l’origine du financement du projet, espère qu’un jour Ai-Da sera capable d’égaler les meilleurs dessinateurs de portraits. Il souhaite également que ce premier robot artiste arrive prochainement à peindre des toiles.

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— Cynthia Prévot

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