Coronavirus : quelles conséquences pour le marché du livre ?

Apparu début d’année dans le centre de la Chine, le coronavirus s’est propagé jusqu’à la Belgique. Malheureusement, l’épidémie n’est pas sans conséquence pour l’économie mondiale. Qu’en est-il pour l’industrie du livre ?

Fermeture des imprimeurs chinois

La maladie s’étant déclarée en Chine, la première conséquence fut la fermeture ou la mise en quarantaine de nombreuses entreprises chinoises afin d’éviter la propagation de la maladie. Or, de nombreuses maisons d’édition, notamment les maisons spécialisées en littérature jeunesse, font imprimer leurs ouvrages en Chine. En effet, la renommée et le savoir-faire des imprimeurs chinois, notamment pour les livres pop-up, ne sont plus à faire.

Quelles conséquences, alors, pour ces maisons d’édition ? Pour les industries américaines et australiennes, en relation directe avec les imprimeurs chinois, Actualitté annonçait au mois de février des retards de livraison de 7 à 10 jours, chamboulant les plannings de publications.

En francophonie, les éditeurs semblaient moins préoccupés. Le 18 février dernier, Thierry Magnier, président du groupe Littérature jeunesse du SNE (syndicat national de l’édition en France), assurait à Actualitté que « l’essentiel des livres se vend en décembre, et l’impression et la livraison avaient déjà eu lieu depuis longtemps ». De son côté, Michel Demeulenaere, fondateur des éditions Mijade, soulignait « avoir arrêté depuis longtemps l’impression en Chine. Pour gagner 15 centimes et avoir de véritables casse-têtes dans les délais de livraison, non. Nous imprimons en Belgique, et c’est aussi une marque de fabrique et d’engagements avec les partenaires locaux ».

Cependant, les choses pourraient se gâter dans les deux mois à venir, car les ouvrages de l’été et de la rentrée sont actuellement en cours de fabrication, et sont donc encore susceptibles de subir des retards.

Annulations et reports de foires en cascade

La deuxième conséquence est le chamboulement du programme des foires et salons du livre jalonnant habituellement tout le mois de mars. La Foire internationale du livre de Taipei, qui devait se dérouler du 4 au 9 février, a été reportée au 7 mai. Dans la foulée, la Foire du livre jeunesse de Bologne, initialement prévue du 30 mars au 2 avril, est décalée du 4 au 7 mai. Pour cette dernière, il reste à savoir si ce report permettra tout de même aux éditeurs chinois de se déplacer, et rien n’est moins sûr. Or, la Chine est le premier acheteur et traducteur d’ouvrages jeunesse français.

Quant aux organisations de Livre Paris, de la Foire du livre de Leipzig et de la Foire du livre de Londres, elles ont annoncé, respectivement les 2, 3 et 4 mars derniers, l’annulation de leurs événements.

L’annulation de Livre Paris faisait suite à la décision gouvernementale du 1er mars de l’annulation de tous les rassemblements de plus de 5000 personnes. Si le remboursement du public est confirmé pour cet événement, le cas du remboursement des espaces des exposants n’est pas encore fixé. En ce qui concerne d’autres répercussions économiques, Vincent Montagne, le président du SNE a confié à Actualitté qu’il est difficile « de mesurer les conséquences économiques de cette annulation, pour le secteur de l’édition et l’écosystème du livre, notamment des librairies, car l’impact de Livre Paris dépasse largement le cadre de la seule porte de Versailles ».

Enfin, la Foire du livre de Londres, qui avait maintenu longtemps son organisation et qui se voulait pourtant rassurante, a fini par annuler également, principalement en raison du désistement de nombreux participants (Hachette, Amazon, Ingram, Simon & Schuster, Macmillan, ou encore les équipes du groupe Editis, pour la France).

La Foire du livre de Bruxelles maintenue

Nous rappelons cependant que, malgré ces nombreuses annulations, la Foire du livre de Bruxelles est maintenue et a ouvert ses portes au public hier, comme prévu. Sur place, des mesures de sécurité et d’hygiène ont été prises, qui suivent les recommandations générales de Santé publique. Moyennant le respect des recommandations d’usage, aucune raison de se priver de visiter la Foire cette année, où les exposants vous attendent nombreux.

Retrouvez Lettres Numériques sur TwitterFacebook et LinkedIn.

— Audrey Voos

Share Button