L’évolution numérique du métier de graphiste
Profession en perpétuelle évolution depuis les premiers procédés de photocomposition dans les années 1970, le graphiste n’est pas épargné par la révolution numérique. La chaine graphique, déjà bouleversée par l’arrivée des premiers ordinateurs personnels, est désormais confrontée à de nouveaux défis dans le domaine de l’édition digitale. Rencontre avec deux graphistes aux parcours sensiblement différents.
Graphiste indépendante, Carine œuvre dans l’édition de livres depuis 25 ans. Du bromure à la suite Adobe, elle a suivi toutes les évolutions de son métier, jusqu’à la réalisation d’ebooks. « L’ePub est très difficile à aborder, tant au niveau des connaissances que des compétences à acquérir. Désormais, nous devons maitriser des langages comme l’HTML mais on oublie qu’un graphiste n’est pas un informaticien et qu’un informaticien ne connait rien aux codes de l’édition ni à la typographie ».
À force d’entendre parler du livre numérique et redoutant d’être dépassée par cette nouvelle technologie, Carine a décidé de prendre les devants et a suivi deux jours de formation auprès de Black Mountain, la structure bruxelloise de Branislav Milic, spécialiste d’Adobe et de l’édition. « Il a pu répondre à mes questions précises. Je l’avoue, je ne suis pas moi-même une lectrice numérique, j’ai un iPad, bien sûr, mais pour moi la lecture numérique ne remplace pas un « vrai livre ». Néanmoins, pour les graphistes, il devient indispensable de maitriser l’ePub. Les éditeurs vont vouloir réaliser ce travail en interne ou travailler avec le même graphiste pour les deux supports. Il faut pouvoir garantir une qualité des livres dans les deux cas et pour cela, je continue à me former en permanence ».
Gaelle, quant à elle, est diplômée depuis 3 ans et demi de l’École de Recherche graphique. Familière de l’édition, elle assure entre autres le design de revues numériques pour iPad. Même si elle ne se charge pas elle-même de la mise en ligne, son travail a fortement été modifié par les récentes technologies. « La grande différence par rapport au papier réside dans le caractère web du design. Il faut que les visuels soient plus impactants, plus innovants. Désormais, on n’applique plus le même gabarit à toutes les pages. Il faut que le lay-out soit plus fort ».
À ses yeux, les jeunes ne sont pas plus privilégiés que les plus expérimentés face à cette évolution. Les études restent très axées sur la création et peu voir pas du tout sur le côté technique. « Pourtant, aujourd’hui, le métier de graphiste est obligé de s’assortir de compétences informatiques. Les « plus geeks » d’entre nous se formeront sans problème sur le tas grâce aux informations disponibles sur internet ; quant aux autres, il vaut mieux s’orienter vers des formations comme en propose le Cepegra« .
Dans les métiers de l’édition ou dans les agences de communication graphique, les techniques et les métiers évoluent sensiblement et les graphistes se voient contraints de s’adapter pour répondre aux besoins de leurs clients.
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— Stéphanie Michaux