La nouvelle se rénove-t-elle?

Alice Munro, nouvelliste, a gagné le Prix Nobel : un autre signe encore de l’âge d’or du récit court ?


Certains éditeurs en tous cas y voient the next big thing, en particulier dans les pays anglo-saxons: la lecture et l’écriture, la création littéraire y sont pensées avec le format numérique en tête au lieu d’être adaptées a posteriori à ce format. Cette littérature, aussi, coïncide avec la réalité quotidienne de beaucoup : celle des passagers du métro, par exemple, qui attendent les yeux rivés sur un écran de smartphone ou de tablette. Dans cet interstice de temps, ils pourraient tout aussi bien savourer un instant de lecture, surtout si leur lecture est ajustée à cette attention et à ce moment particuliers.

Le gigantesque Amazon a lancé son magasin de « Kindle Singles » – récits courts et digitaux donc. De plus petits poissons tentent également l’aventure : Atavist, tout jeune et qui prête une attention toute particulière au design de ses ouvrages, ou Byliner, qui a signé en 2012 un accord avec le journal New York Times, lui aussi désireux de tâter du monde de l’ebook.

Les auteurs sont plutôt pour : après tout, les programmes et ateliers d’écriture créative travaillent beaucoup à partir de récits courts, beaucoup plus pratiques dans ce cadre. Puis le défi est tentant : dans un récit aussi court, pas le moindre espace pour le laisser-aller. L’intrigue doit être joliment ficelée et chaque mot, pesé. Certains auteurs y voient un investissement moindre en temps et/ou un réservoir à intrigues ou à personnages qu’ils peuvent développer ailleurs ensuite. Bref, le support numérique peut ici  réellement servir et nourrir leur travail d’écriture.

Et les lecteurs, qu’en disent-ils ? Apprécient-ils Alice Munro parce qu’elle écrit de belles histoires courtes ou parce qu’elle écrit de belles histoires, accessoirement courtes ? Force est d’admettre que la question de la qualité prime encore et toujours sur la question de la quantité ! Les lecteurs se réjouiront donc certainement d’un nouveau chef d’oeuvre… a fortiori si celui-ci s’insère parfaitement au beau milieu de leurs contraintes quotidiennes.

Cela étant, on est curieux de voir comment les éditeurs numériques qui publient des récits courts formulent ou formuleront leur proposition : sur quel aspect de ce nouveau courant vont-ils insister ? Quelle(s) carte(s) vont-ils jouer ? Celle de la position dominante, comme Amazon ? Celle du design, comme Byliner ? Ou une autre encore ?  Sur quels marchés vont-ils s’aventurer? Anglo-saxons, latins ? Et, surtout, avec quels résultats ? Il y a toujours de la place à prendre, le tout est de voir comment la conquérir…

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Le New York Times part du principe que les récits courts collent au monde actuel et à ses écrans.

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