Amazon : la liseuse Kindle Paperwhite maintenant accessible aux malvoyants

Si la capacité d’Amazon à innover et à se réinventer n’est plus à démontrer (pensons à Word Runner, WriteOn ou encore Bookerly), il est un point sur lequel la firme américaine avait encore du chemin à parcourir : l’accessibilité de ses supports de lecture pour les personnes malvoyantes. Une faiblesse qui n’en sera bientôt plus une puisque la firme américaine lance aujourd’hui un dispositif permettant aux malvoyants d’utiliser la liseuse Kindle Paperwhite.

Dans notre dossier spécial « Handicap et numérique », nous évoquions les différentes technologies et initiatives lancées afin d’améliorer l’accessibilité à la lecture des personnes malvoyantes (citons par exemple le format DAISY, ou les différentes tablettes brailles). Aujourd’hui, c’est au tour d’Amazon d’adapter ses supports de lecture à ce niveau et d’étendre son service de synthèse vocale à la liseuse Kindle Paperwhite.

VoiceView sur Kindle Paperwhite

Amazon ouvre donc sa fonctionnalité de synthèse vocale VoiceView, déjà disponible sur les tablettes Kindle Fire, à la liseuse Kindle Paperwhite. Comme cette dernière ne dispose pas de hauts-parleurs, Amazon a développé l’Audio Adapter, un accessoire que l’on raccorde à la liseuse via son port USB et auquel il suffit de brancher ses écouteurs. Une fois l’Audio Adapter branché, l’option VoiceView se déclenche pour énoncer à voix haute les actions possibles pour le lecteur ainsi que pour lire les ebooks. Sur le long terme, Amazon entend proposer ce service sur toutes ses liseuses. Notons qu’en plus de la synthèse vocale, les lecteurs ont désormais la possibilité de choisir la police OpenDyslexic, dont nous vous avions déjà parlé, sur leur Kindle.

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Petits bémols : l’utilisation de VoiceView fait chuter l’autonomie de la liseuse à environ 6 heures. Comme le port USB est utilisé pour l’Audio Adapter, il est en plus impossible de charger son support tout en utilisant cette fonctionnalité. De plus, le pack liseuse + Audio Adapter n’est actuellement disponible qu’aux Etats-Unis, et aucune date n’a été donnée pour un lancement international.

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Amazon n’en est pas à ses débuts avec la synthèse vocale puisque VoiceView se sert du langage naturel mis au point pour la technologie text-to-speech, lancée il y a quelques années. À la base, l’option text-to-speech permettait d’activer la lecture à voix haute des ebooks mais son utilisation a ensuite été interrompue pour des raisons de droits d’auteur (elle faisait également double emploi avec le service d’audiobooks d’Amazon). La société avait également lancé la fonctionnalité Whispersync, qui permet de jongler sans effort entre lecture et écoute, mais celle-ci reste limitée à très peu de textes. Dans un autre genre, on retrouve également l’enceinte Echo, qui n’est pas sans rappeler la célèbre Siri d’Apple (à ceci près que Siri est intégrée aux appareils Apple et ne nécessite donc pas l’achat d’un accessoire supplémentaire) et qui permet d’interagir avec Alexa, la voix intelligente d’Amazon. Ce que l’utilisateur veut, Alexa le fait : jouer de la musique via Spotify, commander un Uber, une pizza, programmer des rappels,… Récemment, Alexa a fait son apparition sur la Fire TV d’Amazon, en vente depuis environ deux ans, afin d’offrir le service de commande vocale sur ce support, avec une nouvelle option… lire les ebooks à voix haute.

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Une offre similaire déjà proposée par d’autres

Amazon est loin d’être le seul à proposer des services de ce genre : du côté d’Apple, cela fait maintenant plusieurs années que tous les appareils sont équipés de la fonctionnalité VoiceOver. Une fois activée, celle-ci énonce également les actions possibles pour le lecteur et lit les ebooks à voix haute. S’il est possible de choisir la vitesse du débit de parole, le changement de ton ou encore l’utilisation des effets sonores, il est également possible d’activer le clavier braille qui inclut les signes à 6 et 8 points et grâce auquel le lecteur peut donc écrire directement en braille sans devoir passer par un clavier tiers.

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Même chose du côté de Google Play, où il est également possible d’activer la lecture à voix haute des ebooks, même si force est de constater que l’expérience utilisateur est moins agréable que sur les appareils Apple notamment à cause de l’absence totale d’intonation dans la voix de synthèse. À noter que beaucoup de smartphones disposent aujourd’hui de l’option synthèse vocale (Samsung, par exemple).

Finalement, on peut se demander si ce nouveau service proposé par Amazon apporte réellement une valeur ajoutée sur le marché alors que ses concurrents proposent des services totalement intégrés à leurs appareils et qui ne nécessitent donc pas d’accessoire complémentaire. À bien y réfléchir, la seule réelle nouveauté apportée par le géant américain est de proposer la synthèse vocale sur liseuse.

Une adaptation forcée ?

Cette volonté d’améliorer l’accessibilité des liseuses Kindle serait-elle liée aux problèmes rencontrés par Amazon aux États-Unis ? Cela fait en effet plusieurs années que la National Federation of the Blind (Association des aveugles) épingle Amazon pour le manque d’accessibilité de ses supports de lecture. En juillet 2015, Amazon et la ville de New York signaient pourtant un contrat d’une valeur de 30 millions de dollars afin que le géant américain fournisse 1800 établissements en manuels scolaires pour une durée de trois ans. Un partenariat contre lequel s’était insurgé l’Association et qui avait finalement été mis en suspens pendant plusieurs mois à cause du manque de conformité des appareils Kindle. En mars 2016 toutefois, Amazon et la National Federation ont annoncé dans un communiqué leur volonté de travailler ensemble afin d’améliorer les appareils, les plateformes et les applications de la firme américaine. Une collaboration saluée par la Ville de New York et qui a permis à Amazon de concrétiser leur partenariat sur les manuels scolaires.

Les développements d’Amazon devraient donc continuer en ce sens dans les prochains mois, en espérant que les offres franchissent les frontières américaines.

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional