Neareo, un exemple d’évolution de la lecture sociale et des communautés de lecteurs
Lancée il y a plusieurs mois par son créateur Jérôme Corbiau, Neareo est une application mobile collaborative et un réseau social. Son principe ? Elle utilise la technologie de la géolocalisation pour permettre aux utilisateurs de trouver des événements, des activités ou des lieux proches de chez eux en fonction de leurs passions et de leurs centres d’intérêt. Associée au mouvement de la chasse aux livres, elle offre une évolution intéressante de la lecture sociale et du rôle des lecteurs au sein des communautés.
Les thématiques des événements de Neareo sont variées, des jeux de société aux concerts musicaux, en passant par les livres, les jardins collectifs, les brocantes ou la cuisine, pour n’en citer que quelques-unes. Soulignons qu’il s’agit d’une initiative belge, qui possède aujourd’hui environ 4000 utilisateurs et est disponible gratuitement sous environnement iOs et Android.
Le contenu de l’application, qui donne de l’information en temps réel sur des sujets ciblés, est alimenté par ses communautés d’utilisateurs. C’est le principe du crowdsourcing, ou production participative, qui désigne le fait d’utiliser les connaissances et les compétences de chacun pour construire ou enrichir un contenu commun. Le meilleur exemple parlant de crowdsourcing est sans doute celui de l’encyclopédie participative Wikipédia. Ce sont donc les utilisateurs de Neareo qui, une fois inscrits sur la plateforme, génèrent des événements thématiques en y ajoutant des détails (adresses, photos, etc.). L’application répertorie ensuite les diverses activités dans chaque groupe et tous les utilisateurs ont la possibilité de trouver les plus intéressantes proches de chez eux.
L’outil idéal pour les chasseurs de livres
C’est tout naturellement que Jérôme Corbiau s’est intéressé à une autre initiative belge qui fonctionne sur le même principe : le groupe Facebook Chasseurs de livres, que nous présentions dans cet article. À la fin de l’année 2016, il a proposé à Aveline Grégoire, sa fondatrice, d’intégrer sa communauté de chasseurs-lecteurs au réseau social, qui est ainsi devenu le support officiel de leurs événements et activités.
Petit rappel sur le groupe Chasseurs de livres : s’inspirant du principe du jeu Pokémon Go qui a fait sensation l’année dernière, Aveline Grégoire, directrice d’école à Farciennes, a eu l’idée d’organiser un autre type de chasse urbaine, celle des livres ! C’est ainsi que le groupe des Chasseurs de livres est né pendant l’été 2016 et ses membres, toujours plus nombreux, continuent aujourd’hui encore d’abandonner des livres et de rechercher ceux que les autres ont cachés. Une véritable communauté, certes moins importante que celle sur le groupe Facebook de départ mais qui ne cesse de s’agrandir, s’est créée sur l’application, où chaque utilisateur est informé lorsqu’un nouveau livre a été déposé près de chez lui et peut découvrir des indices pour partir à sa recherche.
Un concept qui évolue
Neareo s’est aussi étoffé d’autres communautés autour de la lecture : le Coin des boîtes à livres, les Petits Cacheurs de livres (une version de Chasseurs de livres dédiée à la littérature jeunesse), les plus belles bibliothèques du monde ou encore l’Agenda du monde littéraire. Et, pendant l’été, l’appli a lancé un partenariat avec My Book Box : du 3 au 11 août 2017, quatre box littéraires ont été cachées dans deux villes belges et deux villes françaises, permettant aux utilisateurs de Neareo de tenter de remporter un des livres de poche mis en jeu.
Le concept évolue donc, et l’on pourrait se demander si la prochaine étape pourrait être d’organiser ce même type de chasse avec des livres numériques. La réponse nous sera peut-être donnée dans les prochains mois…
Des lecteurs actifs dans les communautés
Cette initiative s’inscrit pleinement dans la tendance toujours plus populaire de la lecture sociale. Neareo constitue un bel exemple d’une communauté active de lecteurs, au sein de laquelle les membres ne sont plus uniquement des destinataires de l’information, comme c’est le cas dans les services de recommandation proposés par certains éditeurs ou libraires en ligne, par exemple, mais ils en sont aussi les concepteurs. Ils sont véritablement impliqués dans la communauté à laquelle ils appartiennent.
De ce point de vue, la lecture sociale évolue encore un peu plus, comme l’a souligné Stephanie Vecchione dans un article paru sur le site d’Actualitté en analysant Epic Reads d’Harper Collins. Cette communauté de lecteurs qui se décline sur différents supports (Youtube, Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat, Tumblr ou encore Pinterest) et ses membres sont très engagés. C’est aussi le cas de Collibris, que nous évoquions il y a quelques semaines, qui a choisi de faire de la lecture sociale à la fois un lieu d’échanges et de recommandations.
Il ressort de ces nombreux exemples qu’il est aujourd’hui indispensable de privilégier la relation des lecteurs entre eux, ainsi que celle qu’ils entretiennent avec leur passion commune pour le livre. Car des lecteurs engagés seront plus impliqués et réactifs, et apporteront plus à la communauté. L’aspect social de la lecture qui, de l’avis d’experts, constitue l’avenir de la lecture numérique, ne doit donc pas être négligé par les acteurs de la chaîne du livre car il représente un enjeu essentiel dans son évolution.
À relire sur notre site :
- Collibris : le nouveau venu dans la recommandation de lecture
- Le partage de livres papier à l’ère du numérique
- Le numérique : un pas de plus vers la lecture sociale ?
Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter et Facebook.
— Loanna Pazzaglia