Les liseuses en déclin, une fatalité ?

Même si l’encre numérique reste le premier choix pour les ebooks, son usage tend à diminuer au profit d’une lecture multisupports. Un constat récent, expliqué tant par l’évolution technologique que par la résistance des appareils et leur manque de polyvalence.

Dans son dernier Baromètre des usages du livre numérique, la Sofia nous annonçait que les liseuses perdaient en popularité dans l’Hexagone. En effet, les lecteurs d’ebooks utilisent de plus en plus souvent leurs différents objets connectés pour lire. Leur utilisation est passée à 83 % contre 92 % en 2012. Cette tendance française est également observée au niveau mondial.

L’encre électronique en déclin

Aux États-Unis par exemple, l’e-ink ne se porte plus aussi bien. Entre 2011 et 2014, le marché avait décollé, lançant ainsi la concurrence entre les liseuses d’Amazon, Barnes & Noble, Sony et Kobo, vendues à plusieurs millions d’exemplaires. Depuis lors, les ventes sont retombées, Amazon est ainsi passé de 23,2 millions de Kindle vendus en 2011 contre 7,1 millions en 2016. Cette diminution n’est toutefois pas applicable au livre numérique en tant que tel, qui a su trouver sa place, cohabitant avec le format papier. C’est donc le support qui est remis en cause.

Des appareils trop bien conçus ?

À l’époque, les constructeurs ont voulu offrir au public un outil performant pouvant concurrencer les autres modèles, mais peut-être l’ont-ils trop bien conçu ? En effet, les liseuses n’offrent pas seulement une expérience similaire au papier, elles ont en outre une longue durée de vie. Les utilisateurs n’ont donc pas besoin de suivre le même schéma d’achat que pour les smartphones ou les tablettes qui connaissent le phénomène de l’obsolescence dès les nouveaux modèles sortis. L’achat unique explique donc en partie la fin du pic des ventes.

La lecture multisupports : le smartphone roi

Une autre cause est l’évolution technologique. À l’époque de leur sortie, les smartphones et tablettes n’étaient pas aussi performants qu’aujourd’hui. Le Kindle d’Amazon et ses concurrents sont en effet arrivés sur le marché au début des années 2000. Le premier iPad n’est apparu qu’en 2010, laissant tout le temps à l’encre numérique de conquérir ce secteur. Ce sont aussi des appareils multiusages que les ménages sont plus disposés à acquérir. Notons qu’en 2015, 27 % des ménages américains aisés disposaient d’une liseuse contre 87 % pour les smartphones.

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La modification des habitudes de lecture ayant fortement évolué depuis une dizaine d’années, elles jouent un rôle crucial dans ce constat. Dans notre monde de l’immédiat, peu de place est laissée à la patience et le lecteur exige un maximum de confort. En France, les adeptes du livre numérique utilisent davantage leurs multiples objets connectés. Ainsi, 30 % d’entre eux se servent de plusieurs appareils pour lire un même ouvrage. Si la liseuse reste le premier outil de lecture, elle tend, tout comme la tablette, à se faire distancer par le smartphone, qui répond à ce besoin d’instantané. Concrètement, il est utilisé par 34 % des lecteurs numériques, soit une forte augmentation depuis 5 ans. Cette pratique est devenue possible grâce à des applications développées par les distributeurs d’ebooks, comme la Kindle app. Celles-ci permettent une lecture croisée sur différents appareils.

Opération séduction

Ces multiples supports de lecture répondent cependant à des besoins distincts. En effet, l’encre numérique convient parfaitement aux passionnés de livres puisqu’elle offre un confort similaire à la lecture papier. Elle permet également une immersion complète dans la lecture, sans distraction, contrairement aux tablettes et smartphones qui laissent apparaître des publicités ou des notifications.

Les constructeurs l’ont compris et se lancent ainsi dans le développement de nouveaux modèles « haut de gamme » afin d’agrandir l’offre sur le marché, dominée jusqu’à présent par des modèles plus « standard ».

Pour les novices, la tablette reste un choix plus intéressant, car elle offre la possibilité de lire des informations provenant de multiples sources : ebook, réseaux sociaux, site web.

L’évolution des habitudes de consommation et des technologies modifie donc le rapport des consommateurs à l’encre numérique. Peut-être verrons-nous à terme le smartphone remplacer la liseuse ? En attendant, l’appareil bénéficie toujours d’un intérêt certain pour les lecteurs réguliers et tend même à se développer pour répondre à leur appétit littéraire.

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— Aude Luyckx

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