Premier séminaire international de l’édition à Lagos : les progrès et les défis du secteur en Afrique

Ce mercredi 9 mai, les éditeurs nigérians et l’Association internationale de l’édition (l’International Publishers Association, ou IPA) ont organisé le premier séminaire international de l’édition à Lagos. Le livre numérique était au centre des sujets abordés puisque les intervenants se sont positionnés en faveur de l’ouverture au monde des écrivains africains, de la lutte contre l’analphabétisation par la technologie, ainsi que du renforcement des lois concernant les droits d’auteur.

Édition et développement durable

Ce séminaire a rassemblé les professionnels internationaux et locaux pour discuter des progrès de l’industrie africaine du livre ainsi que des défis auxquels celle-ci est confrontée. Le titre complet du séminaire était « L’édition pour le développement durable : le rôle des éditeurs en Afrique ». L’un des organisateurs de cet événement majeur est Gbadega Adepapo, qui préside l’association des éditeurs nigérians (Nigerian Publishers Association, ou NPA) et est également l’un des membres du comité exécutif de l’IPA. Il a déclaré à nos confrères de Publishing Perspectives que le piratage est l’un des plus gros problèmes de l’Afrique en ce qui concerne l’édition, suivi par le besoin de se connecter avec le reste du monde.

La lutte contre le piratage

Dans un contexte où les lois régissant la propriété intellectuelle ne sont pas assez fermes pour assurer la protection des auteurs, Adepapo affirme que le défi pour les éditeurs du Niger (et de beaucoup d’autres pays africains) réside dans le manque de confiance des écrivains envers les maisons d’édition. Cette méfiance est alimentée par le piratage : les auteurs voient leur travail diffusé, mais ils ne sont pas rémunérés par leurs éditeurs, puisque les ebooks vendus ne le sont pas légalement. L’industrie tout entière pâtit donc d’un cadre légal trop faible pour protéger les ayants droit, et une certaine tradition du piratage commence à s’implanter durablement sur le marché.

Ouvrir le dialogue régional et international

Au-delà des membres de l’IPA, de nombreux professionnels de l’édition sont intervenus lors de l’événement, originaires de pays divers tels que les Émirats arabes unis, le Niger, l’Afrique du Sud ou encore le Ghana. Le séminaire était donc l’occasion d’ouvrir le dialogue international. Selon Adepapo, peu de personnes de couleur sont habituellement présentes aux événements de l’IPA et, inversement, il dit remarquer que ses partenaires locaux et régionaux en Afrique peuvent être lents à réaliser l’importance d’atteindre des marchés dans d’autres régions du monde. L’effort doit donc venir des deux côtés.

« Si chaque nation est différente et chaque pays est unique, il y a tout de même un grand nombre d’objectifs communs pour les éditeurs à travers le continent africain et ce rassemblement aide certainement à les établir », a ainsi déclaré Michiel Kolman, président de l’IPA.

Des solutions mises en place

Aucun événement international ne s’était concentré sur les progrès de l’industrie de l’édition africaine depuis le 29e Congrès international des éditeurs en 2012. Dès lors, un large panel de sujets était à discuter lors du séminaire de cette année. Outre la lutte contre le piratage et la nécessité de faire entendre la voix des auteurs africains dans le monde, d’autres thèmes importants liés au livre numérique étaient à l’ordre du jour tels que le renforcement de l’édition éducative en Afrique, le rôle du digital dans la lutte contre l’analphabétisme et la promotion de la lecture (à ce sujet, relire notre article sur la Libraire Numérique Africaine), ou encore les défis de la liberté de publier en Afrique.

Selon Michiel Kolman, « [l]e séminaire reflète l’importance de l’industrie africaine de l’édition et son potentiel en termes de progrès culturel et économique. Les sujets discutés n’ont pas seulement mis en lumière les défis rencontrés, ils explorent aussi un ensemble de diverses solutions possibles. »

Ce premier séminaire international de Lagos a donc été l’occasion de promouvoir la croissance du secteur du livre en Afrique, et celle-ci passera inévitablement par le numérique. Une industrie de l’édition forte ainsi qu’une culture nationale de la lecture sont, en effet, les fondations d’un développement socio-économique durable sur le continent.

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— Raphaël Dahl

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