Outils numériques à l’école : avantages et inconvénients

La rentrée des classes a eu lieu en septembre dernier et, avec elle, c’est le retour d’un débat qui agite les conseils pédagogiques depuis quelques années : faut-il utiliser les appareils électroniques pendant les cours ? Permettent-ils un meilleur apprentissage ou sont-ils source de distraction et de perte de concentration pour les élèves ? Alors que les tablettes sont présentes dès les premiers pas à l’école dans des pays comme la Suède, Lettres Numériques passe en revue les avantages et les inconvénients de ce nouveau mode d’enseignement.

Nous vous parlions il y a quelque temps de la difficile implantation du livre scolaire numérique à l’école, où l’imprimé reste en position de force. Mais la question du bienfait de ces appareils électroniques se pose aussi : applications pour les tablettes, exercices de différenciation, grilles d’évaluation, relevés de notes sont autant d’outils désormais mis à disposition des enseignants par des sites comme Le Livre scolaire, par exemple. Alors que l’on sait que les magnats de la Silicon Valley semblent rejeter l’usage de ces appareils pour eux-mêmes et surtout pour leur progéniture, faut-il utiliser tablettes et livres numériques en classe ?

Les pour

  • C’est une préparation utile à la vie professionnelle future : la technologie fait désormais partie intégrante de notre société, et les écoliers d’aujourd’hui sont tous des « digital natives » : contrairement à la génération précédente, qui a dû apprendre à se servir des nouvelles technologies une fois adulte ou jeune adulte, la génération Z baigne dedans dès son plus jeune âge. Aux États-Unis, 1 collégien sur 3 utilise un smartphone ou une tablette pour faire ses devoirs, selon une étude de 2012 commandée par Verizon. Un chiffre qui, depuis six ans, a très certainement augmenté. Puisqu’ils seront inévitablement exposés un jour ou l’autre à Internet, autant leur apprendre dès maintenant à l’utiliser correctement, de façon responsable et sûre. Un rôle que peuvent endosser les parents, mais aussi les professeurs.
  • Un apprentissage individualisé. Selon Vawn Himmelsbach, experte de l’utilisation des nouvelles technologies à des fins d’apprentissage interviewée par le blog Remarkable, les appareils électroniques donnent accès à d’innombrables informations, mais permettent aussi la personnalisation des programmes : chacun peut apprendre à son rythme selon ses propres compétences. De plus, ils prônent une exploration plus indépendante des connaissances, qui favorise l’interaction avec le professeur. L’utilisation de sondages ou de quizz en ligne aiderait en effet les élèves à participer, y compris ceux qui sont timides et n’osent pas lever la main.
  • Amélioration de la créativité et de la communication : selon une enquête menée auprès de la Commission scolaire québécoise Eastern Townships en 2013, l’usage des technologies en classe permettrait le développement de différentes compétences : communication, collaboration, méthodologie, jugement critique, etc. Le rapport note cependant la part plus importante de plagiat qui en découle et qui concerne environ 15 % des élèves et des enseignants.

Les contre

  • C’est une source de distraction : pour celui qui les utilise comme pour ceux qui l’entourent, les ordinateurs et les tablettes peuvent empêcher de se concentrer. En effet, il semblerait que les élèves rassemblent moins bien les informations quand ils le font à partir d’un ordinateur. C’est d’ailleurs un phénomène que l’on constate dans n’importe quel environnement aujourd’hui, à la maison ou au travail : l’utilisation d’appareils connectés multitâches affecte notre capacité de concentration et d’étude. Une solution éventuelle pourrait consister à limiter les accès des élèves, comme c’est déjà souvent le cas, en configurant par exemple le moteur de recherches ou l’application utilisée pour qu’ils soient circonscrits au domaine étudié. De même avec les tablettes.
  • Les informations sont mieux assimilées lorsqu’elles sont manuscrites plutôt que tapuscrites : si rédiger à l’ordinateur peut s’avérer bénéfique pour certains enfants souffrant de difficultés de coordination, l’apprentissage serait plus performant via une rédaction à la main plutôt qu’à l’ordinateur.
  • Augmentation du temps passé devant les écrans : dans une étude publiée en 2016 par l’Académie américaine de pédiatrie et citée par un article du journal Sud-Ouest, les experts s’inquiétaient des effets néfastes de l’exposition aux écrans : « troubles du sommeil et risque d’obésité » menacent les enfants jeunes et moins jeunes si leur consommation n’est pas réglementée à l’école comme à la maison.
  • Manque de formation des enseignants : l’intégration des nouvelles technologies dans l’enseignement doit bien sûr aller de pair avec une formation des professeurs à ces outils. Toujours selon Sud-Ouest, la livraison de milliers de tablettes dans les écoles françaises ne s’est pas toujours accompagnée d’un accompagnement des enseignants. Certains, peu familiers de l’appareil et de ses possibilités, n’en font ainsi aucun usage.

C’est un fait indéniable, les appareils numériques font désormais partie intégrante de notre vie, et nos enfants, parfois malgré nous, y sont de plus en plus vite exposés. Si leur utilisation en classe présente des avantages, elle doit cependant être contrôlée par les enseignants, dont le rôle de pédagogue reste absolument primordial. Avoir conscience des fonctionnalités qu’elles proposent et savoir limiter leur usage font partie de la formation indispensable à leur prodiguer.

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— Elisabeth Mol

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