L’impact des mesures de confinement sur l’édition en France : résultats du sondage du SNE
Le Syndicat national de l’édition (SNE) a publié les résultats du sondage effectué auprès des éditeurs français pour mesurer l’impact des mesures de confinement sur leurs activités et leurs chiffres.
Livres Hebdo, en partenariat avec GFK, a récemment confirmé, sans surprise, l’effondrement des ventes de livres dû au confinement pendant le mois d’avril (à quelques exceptions près, dont le parascolaire). Le SNE a quant à lui réalisé un bilan économique et social de la situation des éditeurs de livres face à la crise d’après des données récoltées auprès de ses membres entre le 27 avril et le 6 mai 2020. 132 entreprises ou groupes d’édition (soit environ 250 maisons d’édition) ont répondu au sondage. Cet échantillon de maisons d’édition représente tous les secteurs éditoriaux et toutes les tailles d’entreprises bien que la plupart des répondants sont des petites maisons d’édition.
Ce sondage visait à déterminer collectivement les besoins des acteurs de la profession afin de formuler des propositions concrètes pour la relance. Retrouvez le communiqué du SNE et les résultats complets du sondage ici. En voici un résumé.
Conséquences sur l’activité éditoriale
En moyenne, 18 % des titres prévus par les répondants pour 2020 ne sortiront pas ou connaîtront un report.
On constate un « effet confinement » sur les publications numériques : 30 % des éditeurs sondés qui possèdent une offre de ce type observent une augmentation des ventes de plus de 30 %. Il existe également une augmentation des ventes des livres audio, bien qu’elle s’avère plus réduite dans l’ensemble. Les lecteurs ont donc adapté leurs habitudes de lecture pendant le confinement.
Conséquences économiques
Près d’un tiers des structures ont subi des pertes de chiffre d’affaires de 40 à 60 % sur le mois de mars 2020 par rapport à mars 2019. Les pertes du mois d’avril se marquent davantage : les trois quarts des répondants les estiment à plus de 60 %. En ce qui concerne les estimations pour l’année 2020, la moitié des maisons d’édition évaluent une baisse de leur chiffre d’affaires de 20 à 40 % et un quart l’évalue à plus de 40 %.
Bien sûr, plus deux tiers des éditeurs sondés s’attendent à de fortes conséquences sur leur trésorerie quand ils n’y font pas déjà face à l’heure actuelle. Aussi, 30 % craignent de devoir procéder à des licenciements et il existe un risque de fermeture pour 18 maisons.
Conséquences sociales
72 % des maisons d’édition composées d’au moins deux salariés ont pris des mesures d’activité partielle. Les salariés de la majorité des maisons de grande taille sont passés à une activité à temps partiel.
Les dispositifs d’aides
En ce qui concerne les dispositifs d’aides proposés par le gouvernement français, ils ont été globalement assez peu sollicités, principalement car les éditeurs les jugent insuffisants, aux montants trop faibles et aux critères d’éligibilité trop contraignants.
La reprise
Le difficile redémarrage des librairies et des points de vente ainsi qu’une faible demande de la part des lecteurs constituaient des facteurs d’inquiétude auprès des éditeurs au moment du sondage (même si les ventes de livres ont décuplé depuis le début du déconfinement). Beaucoup craignent de ne pas disposer de ressources financières suffisantes pour une reprise sereine.
Les préconisations
Le soutien aux libraires constitue la première mesure sur laquelle concentrer les efforts. En ce sens, le sondage révèle une volonté de la part des éditeurs de limiter leurs parutions pour éviter d’asphyxier les librairies. Celles-ci ont besoin, aussi et surtout, d’un soutien financier de l’État et des collectivités locales et territoriales.
Les éditeurs suggèrent des solutions pour soutenir l’édition indépendante (annulation des charges sociales, aides financières sur les coûts fixes, maintien du chômage partiel après le 11 mai, prêts garantis, taxation des GAFA, etc.) et les auteurs (crédit d’impôt, fonds d’indemnisation provisoire).
Le secteur du livre français nécessite un plan de relance plus ambitieux que celui annoncé par le ministère de la Culture, jouant à la fois sur l’offre (subventions, prêts, exonérations de charges sociales et de taxes, adoption d’un tarif postal propre au livre) et la demande (lancement d’une grande campagne nationale de communication, commandes publiques massives de livres pour les bibliothèques, déploiement d’opérations telles que le Pass-Culture et les Chèques-Lire, etc.).
De manière générale, la solidarité entre tous les acteurs de la chaîne du livre est essentielle pour sortir de cette crise.
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— Livia Orban