La bibliothèque de prêt numérique Kindle cède sa place à Prime Reading

En août 2020, la suppression du service Kindle Owners’ Lending Library avait été annoncée. Et c’est ainsi que depuis le 4 janvier dernier, le service Amazon de prêt de livres numériques a cédé sa place. La bibliothèque d’Amazon n’a pas fermé ses portes, elle a simplement muté. C’est le service Prime Reading, amorcé en 2016, qui a pris le relais ! Et concrètement… qu’est-ce que ça change ?

De KOLL à PR, qu’est-ce qui est proposé ?

Depuis 2011, le service de prêt KOLL offrait aux détenteurs d’un Kindle de parcourir et emprunter gratuitement un ouvrage chaque mois. De la même manière, Prime Reading est gratuit pour les détenteurs d’un compte Prime, mais s’appuie sur un autre ensemble d’œuvres. Mais PR élargit à 10 emprunts par mois par utilisateur – toujours sur le même principe : il suffit de renvoyer un titre pour en récupérer un autre. Néanmoins, le catalogue global est de 1 000 ouvrages pour l’instant, soit nettement moins que ce que comptait KOLL.

En comparaison, Prime Reading, dans les faits, c’est l’équivalent de Kindle Unlimited, mais avec un catalogue nettement plus large – et un fonctionnement en somme assez distinct. Kindle Unlimited est bien plus conscrit dans son offre, coûte 10 $, mais ouvre un accès sans réserve à tous les ebooks disponibles.

Le prêt numérique ou le conflit entre Amazon et les bibliothèques américaines

Les dernières semaines de 2020, dans un contexte pandémique, signent une véritable guerre entre les bibliothèques publiques américaines et Amazon. D’ailleurs, depuis plusieurs années déjà, elles dénonçaient un état de fait, imposé par Amazon. De manière concrète, les ouvrages publiés par Amazon Publishing sont indisponibles au prêt dans les établissements de lecture publique. En effet, Amazon désire conserver l’exclusivité sur les livres numériques qu’il publie. Et si le client ne trouve pas un ouvrage d’Amazon Publishing ou un titre tiré du catalogue Kindle Direct Publishing dans une bibliothèque, il est évidemment contraint d’aller sur Amazon pour se le procurer.

« Le plus grand obstacle pour les bibliothèques est celui créé par les fins de non-recevoir de la part des sociétés : un refus de vendre des services, peu importe le prix », relevait l’American Library Association en octobre 2019.

Les bibliothèques publiques nourrissent l’espoir que la situation pourrait enfin changer en 2021. En effet, des négociations sont en cours, bien qu’elles semblent difficiles malgré les mots du porte-parole d’Amazon en décembre : « Nous pensons que les bibliothèques servent un objectif essentiel pour les communautés à travers le pays et notre priorité est de rendre les livres numériques d’Amazon Publishing disponibles d’une manière qui garantit un modèle viable pour les auteurs, ainsi que pour les clients des établissements. »

Fight for the Future, groupe de défense des citoyens consacré aux technologies, a présenté dans ce contexte une pétition dans ce but. Cette dernière, avec plus de 15 600 signatures collectées à daté du mois de décembre 2020, exige une action légale contre ce refus de vente aux bibliothèques.

Avec Prime Reading, une nouvelle perspective s’ouvre-t-elle ?

Depuis juin 2018, Prime Reading fonctionne pour les consommateurs français, clients d’Amazon Prime. Ce lancement fut grandement ponctué de best-sellers (Anna Gavalda, Harry Potter, etc.) accompagnés de plusieurs auteurs autopubliés. Son déploiement en Europe, et dans le reste du monde, s’était vu couronné de succès, jurait l’entreprise, sauf peut-être en Chine… Ainsi, le succès des prêts numériques Amazon n’a de cesse de croître.

Ailleurs sur Lettres Numériques :

Sources : https://actualitte.com/article/98154/acteurs-numeriques/la-bibliotheque-de-pret-kindle-ferme-ses-portes-au-profit-de-prime-reading ; https://actualitte.com/article/97936/legislation/les-livres-numeriques-d-amazon-au-coeur-d-une-guerre-avec-les-bibliotheques

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— Aline Jamme

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