Assises du livre numérique : les défis relevés par l’édition scolaire en France

Du fait de la pandémie, les Assises du livre numérique, organisées par le Syndicat National de l’Edition français, se sont adaptées cette année pour avoir lieu à distance, sur le thème général « Lire et étudier en temps de pandémie ».
Chaque jour, du 10 au 18 décembre 2020, ont été présentées des conférences sur des thèmes variés. Nous traiterons ici des défis relevés par l’édition scolaire en France. 

Avant la pandémie : la lacune numérique

Avant la pandémie, l’édition scolaire numérique, qui renvoie aux éditeurs de manuels scolaires au format dématérialisé, proposait un service assez lapidaire, voire quasi inexistant pour les manuels d’écoles primaires.

Certes, dans certains établissements, la numérisation des manuels était en route, lentement, en parallèle d’études sur l’impact du numérique sur les enfants et le droit à la déconnexion. Néanmoins, personne ne s’attendait à ce qu’elle doive se démocratiser en si peu de temps. 

En France, le premier manuel numérique a été créé en 2000 et, vingt ans plus tard, l’on en compte près de 3000. Selon les statistiques du SNE, le chiffre d’affaires du marché des manuels scolaires numériques s’est élevé à 24 millions d’euros en 2019, ce qui représente 8 % du chiffre d’affaires des ventes de manuels scolaires tous formats compris, et 10 % du chiffre d’affaires global de l’édition numérique. 

Pendant la pandémie : la nécessaire adaptation

Le premier confinement et la fermeture des écoles dans de nombreux pays du monde a provoqué la nécessité d’adaptation du secteur scolaire, pour rendre possible dans les meilleures conditions l’école à la maison. 

La réponse de l’édition scolaire a dû intervenir en urgence et de façon massive, afin d’assurer la continuité du service public de l’éducation. En France, 48 heures après l’annonce de la première fermeture des écoles, les manuels numériques ont été rendus publics gratuitement sur quatre plateformes : Edulib, le KNÉ, le CNS et Lelivrescolaire. Ainsi, la pandémie aurait permis d’accélérer la transition numérique en matière scolaire d’environ 5 à 10 ans. 

Cette initiative a été accueillie avec succès : trois fois plus de trafic a été enregistré sur les plateformes proposant les manuels scolaires numériques, et près de 30 % des lycéens français n’ont travaillé qu’avec des manuels numériques pendant la fermeture des écoles.  

Quatre régions françaises ont équipé tous ou partie des lycées avec des ressources 100 % numériques, les autres ont mis en place un système hybride. Une minorité n’a pas fait le choix du numérique : il s’agit en particulier des régions qui y avaient le moins accès avant la pandémie, et qui lui ont préféré les photocopies des manuels disponibles. 

Toutefois, outre le travail salutaire des éditeurs numériques, il a également fallu former les enseignants, qui doivent conserver leur rôle de guides malgré le confinement, mais aussi accompagner les élèves et les familles, à l’aide de formations elles aussi dématérialisées. Par exemple, l’académie de Nancy-Metz a proposé au total 1000 heures de formation, notamment sous formes de webinaires. 

La question du tout-numérique a nécessairement été soulevée, mais le système qui s’est majoritairement imposé et semble le mieux adapté est un système hybride, dans lequel manuels papiers et numériques coexistent et proposent des avantages différents. La dimension matérielle du manuel papier le rend propice à être conservé pendant des années et à pouvoir transmettre le savoir sur plusieurs générations. Quant à lui, le manuel numérique propose des fonctionnalités interactives et des documents à imprimer, ce qui change la façon d’enseigner. L’utilisation des manuels numériques est couplée à celle des plateformes de classes numériques, permettant un suivi individualisé des travaux des élèves et des rendus, pour maintenir le lien avec les enseignants. 

Finalement, près d’un an après le début de la pandémie, manuels papiers et numériques semblent amenés à coexister sur le long terme. 

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— Nausicaa Plas