État des lieux du podcast en France : histoire, régulation et enjeux
Un rapport sur le podcast, intitulé « L’écosystème de l’audio à la demande (podcasts) : enjeux de souveraineté, de régulation et de soutien à la création audionumérique » a été remis au ministère de la Culture. Il a été rédigé par Nicole Phoyu-Yedid et François Hurard, tous deux inspecteurs généraux des affaires culturelles.
Le podcast, qu’est-ce que c’est ?
Au croisement entre radio et livre audio, le podcast est une émission au format audio, qui se présente le plus souvent sous forme de séries. Disponible en téléchargement ou en streaming sur des plateformes telles que Podz ou Spotify, il peut être écouté partout. À l’origine, le podcast est majoritairement gratuit ; une offre payante se développe désormais.
Le mot a été créé en 2004 par le journaliste Ben Hammersley grâce à une contraction entre les mots « ipod » et « broadcast » (diffusion), puis son usage a été démocratisé par Apple. Au début, les podcasts se sont développés via une offre de radio à la demande, puis sont devenus un format indépendant proposé sur des plateformes en ligne, ce qui a été facilité par le développement des smartphones.
Ainsi, le terme de podcast natif désigne aujourd’hui les contenus qui ont été créés spécifiquement pour ce format, par opposition aux premiers podcasts dérivés notamment des émissions de radio. À l’échelle mondiale, en 2019, ont été recensés près de 200 000 podcasts toutes origines confondues, des indépendants aux grandes productions.
En France, c’est seulement depuis trois ans que l’offre en matière de podcasts a été marquée par une forte croissance. Elle suscite un intérêt grandissant et rassemble un public nouveau, et ce malgré un léger retard de la France par rapport à ses voisins.
C’est en proposant des sujets proches de ceux traités par les livres audio, tels que le développement personnel, que le podcast est parvenu à se créer une place à part entière dans l’univers audio, en se différenciant du contenu proposé à la radio.
Les enjeux soulevés par le podcast
Le podcast est intéressant du point de vue de l’innovation, car il n’est pas coûteux à produire, par rapport à une production vidéo, et est donc accessible à qui veut se lancer. Le spectre des producteurs est vaste, car il comprend des indépendants, des chaînes comme Radio France, mais également les géants mondiaux que sont les GAFA.
Aussi, concernant son public, le podcast vise la nouvelle génération connectée et attirée par des contenus courts allant droit au but, et pouvant être écoutés partout.
Concernant le financement, les podcasts sont majoritairement financés par la publicité et le parrainage, mais ce modèle économique n’est pas encore tout à fait stable.
Du point de vue de la régulation, le cadre juridique est encore flou, les podcasts n’étant pas compris dans la réglementation en vigueur sur l’audiovisuel. Des normes claires et générales sont pourtant essentielles pour garantir la juste rémunération des auteurs et la bonne communication entre les acteurs du secteur. Il revient donc au législateur de mettre en place rapidement un cadre légal adapté pour accompagner au mieux la croissance du secteur.
Des aides pour le podcast de demain
Il s’agirait aussi de développer des façons de soutenir la création et l’archivage des contenus, car les podcasts ne bénéficient pas à l’heure actuelle des aides de l’état pour la radio et la presse.
Le rapport propose ainsi de créer dans un premier temps un observatoire économique du secteur, de sensibiliser les établissements d’enseignement supérieur (tels que la FEMIS ou l’INA) à ce domaine afin qu’ils puissent proposer des cours adaptés aux exigences de ce type de contenus, et enfin de mieux intégrer les podcasts à des festivals ou à des rencontres interprofessionnelles.
Pour l’avenir, le rapport propose une stratégie en deux temps, à mettre en place en parallèle de la croissance de l’offre de podcasts : d’abord, des d’aides publiques attribuées aux nouveaux talents et idées novatrices, après étude de leurs projets ; ensuite, un système d’aides publiques automatiques pour l’ensemble du secteur (par exemple, sous la forme d’un crédit d’impôt à la production).
Finalement, la France a tous les éléments en main pour devenir un incontournable du podcast francophone, il ne reste plus maintenant qu’à bien les agencer !
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— Nausicaa Plas