DiVersions V2, la remise en question des modèles de publication

DiVersions V2, ou comment le numérique peut permettre de nouveaux modes de publication qui laissent place aux voix marginalisées. Lettres Numériques se penche aujourd’hui sur ce projet à la fois artistique, patrimonial, engagé et inclusif.

DiVersionsv2, qu’est-ce que c’est ?

DiVersions V2 est une collection de publications numériques, construite sur le principe de la multiplication des voix.

Ces publications se donnent pour but de repenser et déconstruire la manière dont nous publions, classons, cloisonnons. En effet, l’introduction du site web de DiVersions explique la démarche de remettre en question les modèles normatifs de publication, qui ne permettent pas de faire entendre de nouvelles voix et entretiennent un modèle colonialiste.

Repenser notre manière de structurer et de publier grâce au « versionnage »

Le but est de proposer une multiplicité de versions, sur le modèle de ce qu’on nomme le « versionnage ». Ce principe est déjà mis en œuvre par exemple dans les plateformes d’édition partagée (par exemple les wikis, les etherpads), où plusieurs contributeurs peuvent ajouter du contenu à ce qui a déjà été écrit.

Selon les créateurs de DiVersions, il faut faire preuve de vigilance pour remettre en question constamment les manières de publier et permettre la diffusion de récits marginalisés, qui n’ont d’habitude pas de possibilité d’expression.

Questionner les concepts de paternité et propriété d’une œuvre

Les publications issues de collaborations ouvertes et écrites collectivement posent les questions de propriété et paternité. Le projet DiVersions prône un questionnement de la manière dont les droits de la propriété intellectuelle fonctionnent et ses cadres juridiques et institutionnels. Ces droits de la propriété intellectuelle sont perçus comme faisant partie d’une approche typiquement occidentale qui doit être questionnée et non simplement acceptée comme telle.

Quelques exemples de projets

• La collection des incertitudes présente des textes des bases de données des Musées royaux d’Art et d’histoire de Bruxelles en surlignant d’une autre couleur les mots appartenant au vocabulaire de l’incertitude, du doute. Ce projet met en avant la part d’indécision dans des collections muséales respectées, et questionne l’institution des musées comme source sûre de savoir.

• Le projet Reconnaissance Esquissée prend des photos d’instruments de musique de la collection du Musée des instruments de musique et utilise des algorithmes de reconnaissance des contours pour générer des croquis des instruments. Un algorithme de reconnaissance visuel essaye ensuite d’identifier le dessin. Ce projet interroge ainsi sur les mécanismes d’identification et d’interprétations.

• Diff3r3nt3sVversionsSontPOSSIBLES ?!. présente une série d’interventions qui questionnent la manière dont la plateforme Wikipédia fonctionne. Bien que Wikipédia soit un lieu d’écriture partagée rassemblant différents contributeurs, le projet dénonce l’absence de pluralité d’approches et une recherche d’uniformité et de consensus qui fait taire les points de vue marginaux. Le projet rassemble ainsi des tactiques contre la normalisation de Wikipédia et encourage la « queerisation » de la plateforme, pour remettre en question ce qui semble aller de soi et déconstruire les rapports de domination.

Le projet DiVersions V2 nous offre ainsi des perspectives de réflexions et des pistes de modes d’action pour traiter et diffuser différemment le patrimoine culturel, d’une manière qui remette en question les normes et permette les voix des minorités. Ces collections nous montrent le haut potentiel des publications numériques qui offrent une multiplicité de formes possibles et permettent ainsi la diffusion de nouvelles voix et nouveaux récits.

Source : https://diversions.constantvzw.org/wiki/index.php?title=Main_Page

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— Chloé Peurey