L’e-book se matérialise: auteurs, éditeurs, libraires, avez-vous toutes les cartes en main?

Le livre numérique se matérialise, avec l’apparition des cartes cadeau. Quelles opportunités  s’ouvrent ainsi aux auteurs, éditeurs, libraires?

Votre ami a une liseuse. Il l’utilise volontiers, vous le savez. Il y découvrirait certainement avec plaisir le dernier Prix Rossel ou Jonathan Coe en version originale. Et vous devez justement lui trouver un cadeau de Noël. Mais vous hésitez à lui offrir un livre numérique, tout simplement parce que vous vous voyez mal lui envoyer par mail un lien vers un site de téléchargement.

Vous avez cru avoir trouvé la solution, avec la carte Google Play. Faux espoir : vous ne lui offririez pas encore un titre précis, choisi avec soin, mais un bon pour un titre – de livre, de musique… Vous voilà de retour à la case départ, dans la folle course aux cadeaux de Noël.

D’autres se sont déjà trouvés aux prises avec cette même question. Et comme dans toute économie de marché qui se respecte, l’une ou l’autre entreprise a tenté de répondre à ce besoin.

Parmi celles-ci, Livrada : cette start-up, basée aux États-Unis – au hasard, en Californie –  a été lancée par une équipe d’entrepreneurs amateurs de technologie. Son but ? Vendre des cartes porteuses d’un code qui donne accès à une lecture numérique sur Kindle, Nook ou encore sur l’application de lecture Livrada. On peut trouver ces cartes dans les grands magasins Target, partenaire de la première heure de Livrada, dans les magasins d’électronique Fry’s, voire même… dans les libraires Vroman! Parmi l’offre de Livrada, on trouve l’oeuvre de Sheryl Sandberg (à la tête de Facebook) ou des publications par les conférences TED. Les romans, à condition qu’ils soient des best-sellers, ne sont pas oubliés.

La société allemande eBookCards vend aussi de ces cartes qui matérialisent un livre numérique. À la différence de Livrada, ces cartes sont en vente dans des kiosques en librairies. Aussi, elles peuvent se lire sur tout terminal qui supporte le format ePub et elles déploient un éventail de titres nettement plus large.

La France n’est plus en reste non plus. Les librairies Chapitre et France Loisirs vendent des cartes «Ebookdirect». De même, la maison d’édition E-FRACTIONS a perçu avec finesse la complémentarité entre papier et numérique : elle choisit d’éditer certaines de ses œuvres contemporaines au format numérique. Le lecteur alléché peut ensuite se les procurer sous forme de cartes vendues en librairie.

Les libraires, qui peuvent parfois se croire les grands oubliés de la révolution numérique, gagneraient là une chance de retrouver leur rôle de conseillers à la sélection d’un livre.  Les éditeurs, comme le montre l’exemple d’E-FRACTIONS, ont un nouvel outil pour toucher plus directement leur lectorat. Les auteurs et conférenciers aussi ont un avantage à y trouver : comme souligne Livrada, ceux-ci peuvent par exemple distribuer quelques cartes dans une vaste opération publicitaire.

Maintenant… que reste-t-il au lecteur belge qui, tout désireux qu’il soit d’offrir une carte cadeau à Noël, n’ira pas écumer les supermarchés américains ou les librairies allemandes d’ici là? Oui, parce que matérialiser un livre numérique implique qu’il faut se déplacer pour se le procurer… et qu’en Belgique, la place reste à prendre!

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L’excellent décryptage de Florent Taillandier sur cnetfrance.fr

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— Sibylle Greindl

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