Évolution des bibliothèques à l’heure du numérique : un exemple en Wallonie

Avec l’arrivée du numérique, les bibliothèques ont dû s’adapter et repenser leur offre de prêt de livres. Quels services offrent-elles actuellement aux lecteurs en termes de numérique ? Et quelles évolutions les attendent à l’avenir ? Lettres numériques se penche sur la question, en prenant comme exemple la bibliothèque publique de Mouscron.

L’offre des bibliothèques

Ces lieux dédiés à l’accès au savoir pour le plus grand nombre proposent désormais à leurs usagers d’emprunter des liseuses et des ebooks. Dans ce cadre, une des avancées importantes est la mise en place de plateformes centralisant une série de titres provenant d’éditeurs différents et disponibles à l’emprunt au même endroit, à l’image de Lirtuel, le portail développé par la Fédération Wallonie-Bruxelles que nous évoquions dans un article précédent, ou de Bibook, une initiative similaire mise en place par la ville de Grenoble. Julien Lefebvre, bibliothécaire à Mouscron, nous a confié qu’avant de la mise en place du projet PNB (prêt numérique en bibliothèque), l’offre de lecture numérique de la bibliothèque consistait à proposer aux lecteurs des livres libres de droit, provenant du domaine public ou rendus libres par leur auteur.

En ce qui concerne la recherche scientifique et documentaire, les bibliothèques donnent l’accès à plusieurs bases de données en ligne, principalement utilisées par les étudiants et les chercheurs. Pensons notamment au CAIRN, le portail de référence en sciences humaines et sociales, mais aussi à gopress, un site qui propose une version numérique des journaux et magazines.

Les freins du prêt de livres numériques

La plupart des livres numériques qui sont empruntables disposent de DRM chronodégradables, que nous avons déjà évoquées et qui sont mises au point par Adobe. Elles protègent le livre et le rendent illisible à la fin de la durée du prêt, mais impliquent également pour le lecteur d’effectuer un certain nombre de démarches complexes (création d’un compte Adobe, téléchargement de l’outil de lecture, etc.) avant de pouvoir réellement lire le titre qu’il a emprunté. « C’est une des grandes raisons qui expliquent que certains utilisateurs sont rebutés par la lecture numérique en bibliothèque : la complexité et le nombre de manœuvres à effectuer pour télécharger des livres peut constituer un frein, notamment pour les personnes qui sont moins à l’aise avec les nouvelles technologies », expliquent les bibliothécaires de Mouscron.couperin

Les services aux usagers

Pour guider au mieux les lecteurs dans leurs premiers pas en numérique, les bibliothèques proposent un accompagnement au cas par cas, mais également des ateliers pratiques. À Mouscron l’atelier « Liseuses et Lirtuel » permet aux utilisateurs d’apprendre à se servir d’une liseuse grâce à une présentation de l’outil avec prise en main, puis à pouvoir télécharger et transférer un livre sur la liseuse. La mission numérique des bibliothécaires est toutefois bien plus large : à travers les EPN (espaces publics numériques), ils deviennent des médiateurs entre les usagers et les nouvelles technologies en général (mails, Internet, Cloud, réseaux sociaux, etc.). Les bibliothécaires de Mouscron participent également au projet Eurêkoi, un service de recherche documentaire à distance pour lequel ils répondent aux questions ponctuelles des utilisateurs.

Quel avenir pour les bibliothèques ?

Tout comme les librairies physiques s’adaptent à la nouvelle offre en vendant des liseuses, en étoffant leur catalogue papier avec des ebooks, voire même en se lançant dans l’impression à la demande (nous en parlions ici), les bibliothèques changent et évoluent à l’ère du numérique. Leur catalogue est numérisé et accessible en ligne, le prêt d’ebooks s’y installe progressivement et leurs services se diversifient pour accompagner l’usager dans son utilisation du numérique au quotidien.

L’on pourrait imaginer qu’à l’avenir les bibliothèques puissent combiner parfaitement les avantages du lieu physique avec ceux du numérique. Des expériences en ce sens sont déjà en cours, pensons notamment à Cyberlibris, une bibliothèque en ligne reposant sur le système de lecture en streaming. Les problèmes de livres déjà empruntés et du nombre limité d’exemplaires d’un ouvrage ne se poseraient plus, et les bibliothèques deviendraient des espaces sociaux de rencontre et de partage entre professionnels et lecteurs.

S’il est aujourd’hui difficile de se prononcer sur l’avenir des bibliothèques, une mutation profonde semble se profiler. Et de nombreuses bibliothèques montrent leur volonté de prendre part à cette innovation, comme celle de Mouscron, qui participe d’ailleurs à la Semaine Numérique, que nous évoquons dans un autre article.

— Loanna Pazzaglia

Share Button