Le podcast DéCAMERA, des histoires tant que la pandémie durera

Comme en témoigne ce nouveau podcast, les idées créatives ne manquent pas pour préserver des liens dans la sphère littéraire durant le confinement. DéCAMERA, ce sont des écrivaines et des écrivains romands qui racontent chaque jour une histoire de leur cru et de leur choix, « tant que la pandémie durera ». Un podcast de récits reliés en souvenir du Décaméron de Boccace, pour contribuer à la culture en quarantaine.

Au début du confinement, le Lausannois Alain Freudiger a lancé DéCAMERA, un clin d’œil au monumental Décaméron de Boccace. Conçu à la manière d’un podcast, ce projet d’écriture offre tous les jours aux internautes une histoire originale, racontée par son auteur.

Du recueil du XIVe siècle au podcast du XXIe siècle

DéCAMERA est donc un hommage au fameux Décaméron, un grand classique de la littérature italienne du XIVe siècle qui narre l’histoire de jeunes gens partis s’isoler ensemble dans une villa toscane durant la grande peste qui décime Florence en 1348. Ceux-ci, pour combler l’ennui, décident de se raconter chaque jour, à tour de rôle, une histoire liée à celle du jour précédent.

Le podcast DéCAMERA reprend de manière évidente ce procédé narratif : le thème est laissé au libre choix de l’auteur-lecteur, chaque récit doit juste faire référence à celui de la veille.

« J’ai voulu créer du lien, faire une sorte de chaîne au moment où on est coupés les uns des autres. », explique Alain Freudiger au média suisse 24heures. « Je tenais à la forme orale car, en cette période, nous utilisons énormément les écrans. De plus, la narration possède un tel pouvoir d’évocation que l’image risque de l’aplatir. J’ai commencé à contacter des écrivains que je connaissais le 14 mars et DéCAMERA s’est mis en place de manière plutôt organique. » Le public est rapidement au rendez-vous, avec 2 000 écoutes comptabilisées dès la première semaine.

Quel en est le contenu ?

« Tout n’est pas absolument clair dans cette histoire, mais il semble néanmoins admis que ce sont deux employés à l’intérieur de la chaîne qui sont à l’origine de cette farce », débute Alain Freudiger, dans un texte intitulé Un bouffon. Les épisodes se nouent quotidiennement les uns aux autres, avec des liens plus ou moins évidents, et il est possible d’écouter chaque épisode isolément des autres. Certains récits ne durent pas plus de 3 minutes, tandis que d’autres se situent plutôt dans une tranche de 15 à 20 minutes.

Extraits de livres déjà parus, à paraître ou inédits, ces textes lus par leur auteur sont une immersion de quelques minutes dans leur univers créatif : Céline Cerny questionne la notion de bonne mère et de bon père ; Mathias Howald donne voix à son narrateur qui coud pour son amant mort ; André Ourednik invite à prendre de la hauteur vis-à-vis de notre présent depuis un glacier.

Si personne ne sait encore quand et comment DéCAMERA finira, ce podcast est une bonne manière de porter ces textes dans la sphère publique à l’heure de la culture confinée.

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Crédits image à la une : © Yves Tenret (invité par Alain Freudiger à participer à DéCAMERA, l’auteur belge Yves Tenret a proposé un dessin pour accompagner son texte)

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— Cynthia Prévot

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