Storylific : un podcast pour inspirer le changement. Rencontre avec Anne-Bénédicte Hannotte

Storylific est un podcast qui parle de nature, d’aventures outdoor, de parcours inspirants et d’écologie, dans le but d’inspirer une reconnexion à la nature et une envie de la préserver. Lettres Numériques est allé à la rencontre de la créatrice de Storylific, Anne-Bénédicte Hannotte.

Le podcast est un média en pleine expansion (les écoutes de podcast ont encore augmenté de 33 % pour l’année 2021). Il semble faire du bien aux gens et favoriser un meilleur rapport avec eux-mêmes. Ainsi, 82 % des interrogés d’une étude publiée par le Paris Podcast Festival déclarent que le podcast est un moyen de se recentrer sur eux-mêmes, et 69 % pensent que le podcast les aide à se réconcilier avec eux-mêmes.

Pour Anne-Bénédicte Hannotte, le podcast permet d’avoir accès à de nouvelles histoires, de construire de nouveaux récits, et est ainsi vecteur de bien-être et de volonté de changement. Elle a créé le podcast Storylific dans lequel ses invités racontent leurs plus belles histoires et expériences de vie en pleine nature, pour motiver les envies d’aventure et de préservation de la planète. 50 % des bénéfices sont reversés à l’association Graine de vie, une ONG dédiée à la reforestation.

Lettres Numériques : Peux-tu te présenter et présenter le podcast ?

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Anne-Bénédicte Hannotte : Je m’appelle Anne-Bénédicte Hannotte, j’habite à Namur en Belgique. J’ai d’abord fait carrière dans la vente, puis j’ai eu certains déclics qui m’ont poussée à une grosse remise en question et à changer de voie. J’ai voulu m’engager pour le climat parce que c’est la base de tout, de la biodiversité, de l’accès à l’eau, à la nourriture, et fondamental pour les économies locales.

Je me suis demandé comment je pouvais atteindre les gens et cela a entraîné un questionnement sur ce qui rend le changement difficile. Je suis une grosse consommatrice de podcasts et j’ai remarqué que c’était un média en pleine expansion et plein d’avenir. Pour moi, s’il y a quelque chose qui fait changer les gens, ce sont les histoires qu’ils écoutent. En visualisant, en racontant des histoires, d’autres possibilités de manières d’être et de vivre, on se permet de rêver et on se donne les moyens de réaliser un futur plus positif.

J’ai appelé mon podcast Storylific, pour faire référence à une prolifération d’histoires avec l’idée que les histoires impactent très fort le cerveau. Elles permettent la transmission, sécrètent de la dopamine, boostent la créativité, encouragent la création. Les récits sont utilisés en philosophie, dans les religions, dans le marketing, en hypnose, par exemple, pour apporter des changements de comportement.

Qu’est-ce qu’apporte le format du podcast ?

Même les personnes qui n’ont pas de temps peuvent écouter un podcast, sur leur temps de trajet par exemple. Je voulais permettre à ces personnes-là d’entendre des histoires inspirantes et non stressantes. Pour cette raison, je ne parle pas strictement de problèmes écologiques, je ne mentionne pas de chiffres. Ce que je veux, c’est créer de l’émerveillement, donner des envies de « nature grandeur nature ».

Einstein disait que la manière de penser qui a généré un problème ne pourra jamais le résoudre. On doit changer son point de vue, sa manière de voir les futurs possibles, sa carte mentale, pour réussir à trouver de nouvelles solutions. C’est ça que j’essaye de faire avec Storylific : parler de belles histoires liées à la nature, d’exploits sportifs pour booster et donner envie de se mettre en action. Je voudrais reconnecter les gens à la nature, les urbains qui peuvent passer des semaines sans mettre un pied dans l’herbe. Je pense que ce qui va nous faire changer n’est pas de savoir le nombre de tonnes de déchets déversés dans les océans, ou de tonnes de CO2 rejetés, mais des moments de rencontre avec la nature, le sauvage qui peuvent nous bouleverser et faire qu’on refuse d’y porter atteinte.

Donc le problème de l’inaction climatique viendrait d’une déconnexion avec la nature ?

Oui, totalement. C’est humain, car le cerveau veut toujours rester dans sa zone de confort. Il n’est pas fait pour nous rendre heureux, mais pour nous garder en vie. Il est difficile de changer, en particulier de nos jours avec les problèmes économiques et le système en place. On reproche aux gens de ne pas changer alors qu’ils savent que ça fait du mal à la planète, mais ça n’est pas évident. On voit, par exemple, beaucoup de gens qui fument et qui n’arrivent pas à arrêter alors qu’ils savent que ça leur fait du tort. C’est quand on se met à souffrir directement que cela motive le changement, comme avec les inondations subies cet été.

Pourquoi ce choix de financer la reforestation ?

La reforestation est fondamentale pour la lutte contre le changement climatique, pour la diversité, pour les économies locales. L’épisode 2 du podcast avec Graine de Vie l’explique bien : s’il n’y a plus de forêts, il n’y a plus d’eau, plus de pluie ou très peu. La déforestation signifie une perte de biodiversité, et impacte fortement les conditions de vie des populations locales. Elle impacte également la vie marine, peut causer des glissements de terrain, une perte de biodiversité dans la vie marine.

Quel est le format du podcast, et comment trouves-tu tes invités ?

La fréquence est bimensuelle pour des podcasts d’une heure. Je trouve cela important de prendre son temps, pour faire le tour d’un sujet, d’un aspect d’une personne, par respect pour l’invité, pour ce dont il va parler, et par passion. On ne peut pas tomber sur une bonne histoire en quinze minutes. J’enregistre pendant une heure et demie et je garde de cinquante minutes à une heure quinze. Tout m’intéresse et j’aimerais tout garder, mais j’essaye de concentrer un peu pour les auditeurs et garder les choses qui créent le WOW, l’émerveillement.

J’ai de la chance, j’ai eu dès le départ des personnes très intéressantes et renommées qui m’ont fait confiance quand j’ai expliqué mon projet. Le nageur Ben Lecomte, par exemple, ou l’océanographe François Sarano, chef d’expédition et ancien conseiller scientifique du Commandant Cousteau. Je vais souvent vers mes invités, j’ai eu beaucoup de portes qui se sont ouvertes en expliquant le projet. Quand on ose, tout est possible.

Quel est le prochain épisode à sortir ?

Le prochain épisode est la rencontre de deux frères en binôme handi-valide, Théophile et Valentin qui font des compétitions de triathlon Iron Man. Ce sont des gens sidérants qui mettent du sens de manière très profonde dans leur vie. C’est un enrichissement extraordinaire de pouvoir rencontrer des gens qui donnent foi en l’être humain. L’épisode sortira le dimanche 24 octobre à 17 heures.

Quelque chose à ajouter ?

J’espère qu’écouter pourra reconnecter les gens à eux-mêmes. Je voudrais inviter les gens à prendre soin d’eux et de leurs inspirations et aspirations. Quand on fait quelque chose qui a du sens pour nous, on a une meilleure vie. Quand on a une meilleure vie, on peut construire une meilleure planète. J’ai envie de montrer que c’est possible.

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— Chloé Peurey

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