Focus sur la lecture numérique en Chine

Quelle place l’Empire du Milieu, sa langue et ses idéogrammes, font-ils aux livres numériques?

Au printemps 2013, DangDang, une plate-forme dédiée aux livres des plus importantes en Chine, a ouvert gratuitement l’ensemble de son catalogue au public. En septembre 2013, The Economist déclare que la Chine est désormais championne du monde de l’e-commerce – en termes de vente. Elle ravit donc ainsi la première place aux États-Unis. À cette époque-là aussi, Amazon y introduit son Kindle et une plate-forme adaptée aux exigences du marché chinois. Vers ce moment-là toujours, la Chine est le plus grand marché au monde pour les smartphones. Le pays compte entre 500 millions et un milliard d’utilisateurs de téléphones portables, selon différentes estimations. Une grande différence entre ces chiffres, certes, mais dans l’absolu, cela reste un marché intéressant pour quiconque crée et/ou vend du contenu à lire à l’écran : en effet, portables et autres tablettes sont faciles à manier dans les bus bondés, pendant les trajets couvrant les longues distances de ce grand pays. D’ailleurs, les plate-formes de lecture en ligne sont très populaires en Chine : cent millions d’utilisateurs y ont ouvert un compte, selon le rapport Global eBook. Les revenus du marché de la littérature en ligne ont d’ailleurs quadruplé entre 2010 et 2011. C’est Cloudary Corporation qui contrôle plus de 70% de ce marché, via différents sites : à l’été 2011, cette société était le plus gros fournisseur de contenu pour la section de littérature en ligne de China Mobile. La plupart des auteurs qui y écrivent sont des amateurs, qui génèrent ainsi une communauté de lecteurs intéressés et impriment ensuite éventuellement leurs ouvrages.

Quoi qu’il en soit, les grandes sociétés de télécommunication (dont China Mobile ou le célèbre Alibaba, l’Amazon chinois selon certains) jouent donc un rôle essentiel dans la lecture numérique en Chine. China Mobile a d’ailleurs dévoilé ses plans en 2010 : la société compte devenir « le plus grand magasin chinois de livres numériques ». La situation en 2013 semble confirmer qu’ils sont dans la bonne direction : ils bénéficient d’une grande popularité pour la lecture en ligne. Cela dit, les éditeurs locaux qui ont pris la vague à temps en semblent aujourd’hui récolter les fruits : les activités d’édition numérique de CITIC, un acteur central de l’édition chinoise, se sont avérées rentables en 2013. Notons aussi que les fournisseurs de supports de lecture (comme Hanvon) ou de contenus jouent ou joueront probablement également un rôle.

Aussi, les Chinois lisent volontiers en ligne, même s’ils sont peu habitués à payer peu ou prou pour ce contenu. À ce sujet, le onzième rapport national de recherche sur la lecture, réalisé à l’initiative de l’Académie chinoise de la presse et de l’édition, signale qu’en 2013, le prix moyen acceptable en Chine pour un ebook est d’environ 0,21 dollars – un peu moins qu’en 2012. Autre sujet d’inquiétude pour qui est actif sur ce marché, ou tente d’y entrer : le piratage!

Le GAPP, l’Administration générale de la presse et de l’édition, souhaite voir se développer l’édition numérique dans l’Empire du Milieu. Dans ce but, il a encouragé les prêts dans le secteur de l’édition numérique et forgé des accords avec les grandes entreprises de télécommunication du pays dont China Mobile. Certaines éditions coopèrent avec le GAPP (et les maisons d’édition sous son contrôle) pour obtenir leur numéro ISBN.

Enfin, la Beijing Book Fair fait toujours plus parler d’elle, tout comme – pas si loin – la Hong Kong Book Fair. Selon un communiqué de presse local, la Chine serait le deuxième plus grand marché mondial pour l’édition. Ce marché est complexe et en mouvement, mais il en est d’autant plus intéressant pour qui le comprend!

Crédit photo: ebookandpod.com

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Le snapshot de « Publishing Perspectives » à ce sujet.

— Sibylle Greindl

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